La transition énergétique
Lors de l'émission radiophonique sur la transition énergétique du 7 mai à 9H00, Caroline Sarrion du Mouvement des "Objecteurs de Croissance" en PACA présentez "La transition énergétique pour le magazine hébdomadaire "Demain la Terre" de Gille Nalbonne sur La radio Chretienne de Marseille Provence "DIALOGUE". Caroline Sarrion militante sur Marseille est pour nous les OC de tous poils, notre lanterne qui nous éclaire dans ce monde parfois sombre. Cet émission à été enregistré et vous pouvez l'écouter ici : http://ocmars.free.fr/la-transition-energetique-mai-2011-radio.mp3 .
Nous envoyons encore milles mercis à Caroline pour son dévouement, son engagement aux objectifs de la décroissance.
http://lesobjecteursdecroissance.org
Henry David Thoreau
Henry David Thoreau, né David Henry Thoreau le 12 juillet 1817 à Concord (Massachusetts) où il est mort le 6 mai 1862, est un essayiste, enseignant, philosophe, naturaliste amateur et poète américain.
Son œuvre majeure, Walden ou la vie dans les bois, publiée en 1854, délivre ses réflexions sur une vie simple menée loin de la société, dans les bois et suite à sa « révolte solitaire ». Le livre La Désobéissance civile (1849), dans lequel il avance l'idée d'une résistance individuelle à un gouvernement jugé injuste, est considéré comme à l'origine du concept contemporain de « non-violence ».
Opposé à l'esclavagisme toute sa vie, faisant des conférences et militant contre les lois sur les esclaves évadés et capturés, louant le travail des abolitionnistes et surtout de John Brown, Thoreau propose une philosophie de résistance non violente qui influence des figures politiques, spirituelles ou littéraires telles que Léon Tolstoï, Gandhi et Martin Luther King.
Les livres, articles, essais, journaux et poésies de Thoreau remplissent vingt volumes. Surnommé le « poète-naturaliste » par son ami William Ellery Channing (1780 - 1842), Thoreau se veut un observateur attentif de la nature et ce surtout dans ses dernières années durant lesquelles il étudie des phénomènes aussi variés que les saisons, la dispersion des essences d'arbres ou encore la botanique. Les différents mouvements écologistes ou les tenants de la décroissance actuels le considèrent comme l'un des pionniers de l'écologie car il ne cesse de replacer l'homme dans son milieu naturel et appelle à un respect de l'environnement.
Michel Bernard
Michel Bernard (né en 1958), vit à Lyon, journaliste. Co-fondateur de la Maison de l’Ecologie de Lyon (1982), de la revue S!lence(1982), du parti politique Les Verts (1984), du salon Primevère (1986), des Européens contre Superphénix (1987), du Réseau Sortir du nucléaire (1997), du CNIID, Centre national pour une information indépendante sur les déchets (1998)…
Il a notamment organisé et participé:
à une marche de trois semaines entre Superphénix (Isère) et Paris en 1982;
à une marche de cinq semaines entre Superphénix et Strasbourg puis Paris en 1994;
à un jeûne de longue durée en 2004, jeûne de 36 jours à Paris avec Dominique Masset et André Larivière, pour demander un « véritable débat démocratique » sur le nucléaire et l'abandon du projet de troisième génération EPR.
Il a coordonné la publication de plusieurs ouvrages collectifs :
- L'Aberration (1984): faux numéro de Libération sur les liens nucléaires civil et militaire.
- Paris-Dakar, pas d'accord (1988)
- Les énergies renouvelables (1991)
- Les métiers de l'écologie (1993)
- SEL : pour changer, échangeons (1998)
- L'écologisme à l'aube du 21e siècle (1999)
- Objectif décroissance, vers une société harmonieuse, Éditions Parangon, 2003, (ISBN 2841901211)
Ivan Illich
Ivan Illich (4 septembre 1926 à Vienne en Autriche - 2 décembre 2002 à Brême en Allemagne) est un penseur de l'écologie politique et une figure importante de la critique de la société industrielle.
Biographie
Son père, Piero, vient d'une famille possédant des terres (vignes et oliviers) en Dalmatie, près de la ville de Split en Croatie. Sa mère, Ellen, descend d'une famille juive allemande « convertie ».
Son grand-père maternel, Fritz Regenstrief, a fait fortune dans la vente de bois en Bosnie-Herzégovine et construit une villa art nouveau aux alentours de Vienne (Autriche).
Pendant les années 1930, la xénophobie et l'antisémitisme montent en Yougoslavie. Le gouvernement poursuit Fritz Regenstrief à la Cour permanente internationale de justice de la Haye.1 En 1932, Ellen abandonne Split et part se réfugier dans la villa de son père à Vienne avec ses trois enfants. Ils ne reverront plus Piero qui meurt pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1942, Ellen quitte l'Autriche en vertu des lois antisémites, les nazis ont saisi la villa familiale.
Ivan Illich poursuit son éducation à Florence, où il joue un petit rôle dans la résistance italienne. Après la guerre, il étudie la théologie et la philosophie à l'Université grégorienne de Rome. Le Vatican le destine à la diplomatie, mais il choisit de se tourner vers la prêtrise. Il dira sa première messe dans les catacombes dans lesquelles les chrétiens romains fuyaient les persécutions.
Venant d'une famille aristocratique ayant d'anciens liens avec l'Église catholique romaine, il était destiné à devenir un prince de l'Église.1 Giovanni Montini, qui devint plus tard le pape Paul VI fut parmi ceux qui le poussèrent à rester à Rome.
Mais en 1951, il part aux États-Unis avec l'idée d'étudier les travaux d'alchimie d'Albertus Magnus à Princeton. Intrigué par les Portoricains et leur profonde foi catholique, il demande à Francis Spellman, archevêque de New York, un poste dans une paroisse portoricaine de New York. Il devient ensuite, entre 1956 et 1960, vice-recteur de l'Université catholique de Porto Rico, où il met sur pied un centre de formation destiné à former les prêtres à la culture latino-américaine.
En 1956, il est nommé vice-recteur de l'université catholique de Porto Rico. Deux choses le frappent à l'université : d'une part la surprenante similarité entre l'église et l'école, d'autre part l'étrange différence entre les buts avoués de l'éducation et ses résultats. Cette dernière prétend réduire les inégalités sociales, mais contribue à les accentuer en concentrant les privilèges dans les mains de ceux ayant les bagages suffisants. Cette réflexion aboutira en 1971 à Deschooling Society, traduit en français sous le titre Une société sans école.
Il quitte Porto Rico en 1960 suite à un différend avec la hiérarchie de l'Église, deux évêques qui participant à la vie politique en s'opposant à tout candidat qui voudrait légaliser les préservatifs. Pour Illich, entre la bombe atomique et les préservatifs, l'Église se trompe de cible.
En 1961, il fonde le Centre pour la formation interculturelle à Cuernavaca qui deviendra le fameux Centro Intercultural de Documentación (CIDOC). Ce centre fonctionnera de 1966 à 1976. Après sa fermeture, Illich reviendra vivre en Europe et il enseignera notamment l’histoire du haut Moyen Âge à Brême, en Allemagne.
Il décède en 2002 des suites d'une tumeur qu'il a volontairement choisi d'assumer jusqu'au bout sans vouloir l'opérer et qu'il garda 20 ans.
Théories
Monopole radical
Il est l'inventeur du concept de monopole radical (lorsqu'un moyen technique est ou semble trop efficace, il crée un monopole et empêche l'accès aux moyens plus lents, comme les autoroutes vis-à-vis de la marche à pied par exemple). « Quand une industrie s'arroge le droit de satisfaire, seule, un besoin élémentaire, jusque là l'objet d'une réponse individuelle, elle produit un tel monopole. La consommation obligatoire d'un bien qui consomme beaucoup d'énergie (le transport motorisé) restreint les conditions de jouissance d'une valeur d'usage surabondante (la capacité innée de transit). » (Ivan Illich, Énergie et équité, 1975)
Contre-productivité
La principale notion illichienne est le concept de la contre-productivité, qui décrit un phénomène embarrassant : lorsqu'elles atteignent un seuil critique (et sont en situation de monopole) les grandes institutions de nos sociétés modernes industrielles s'érigent parfois sans le savoir en obstacles à leur propre fonctionnement : la médecine nuit à la santé (tuant la maladie parfois au détriment de la santé du patient), le transport et la vitesse font perdre du temps, l'école abêtit, les communications deviennent si denses et si envahissantes que plus personne n'écoute ou ne se fait entendre, etc.
Penseur de l'écologie politique, il lutta contre le système automobile et tous les moyens de transports trop rapides qu'il jugeait aliénants et illusoires. Il avait par exemple calculé qu'en prenant en compte le temps moyen passé à travailler pour acquérir une automobile et faire face aux frais qui y sont liés et non seulement le temps passé à conduire celle-ci, la vitesse du bolide était de 6 km/h. En effet, un Américain consacrait en moyenne, durant les années 1970, 1 600 heures par an pour sa voiture et ne parcourait que 10 000 kilomètres durant l'année. Illich était aussi contre nos systèmes de santé et l'école obligatoire, qu'il considérait comme outils non-conviviaux.
La convivialité
Il travailla à créer des pistes vers d'autres possibilités, qui s'expriment selon lui par un retour à des outils conviviaux, qu'il oppose aux machines. L'outil accepte plusieurs utilisations, parfois détournées du sens original, et permet donc l'expression libre de celui qui l'utilise. Avec une machine, l'homme devient serviteur, son rôle se limitant désormais à faire fonctionner une machine construite dans un but précis.
On peut avoir une idée de la convivialité chez Illich avec la relation autonomie et hétéronomie reliée aux valeurs d'usage et d'échange marxiennes et à l'idée d'union-au-monde d'Erich Fromm.
On peut le considérer, avec son ami Jacques Ellul, comme l'un des principaux inspirateurs des concepts d'« après-développement » (diffusé notamment par des auteurs qui ont travaillé avec Illich, tels Majid Rahnema ou Gustavo Esteva), de « simplicité volontaire » et plus récemment de « décroissance soutenable ».
Origine du monde moderne
Dans le livre River North of the Future : The Testament of Ivan Illich As Told to David Caryley, Illich relate dans des entretiens oraux une vision particulière de l'Histoire. Pour lui, les institutions d'aujourd'hui qui se veulent universelles et établissent un monopole radical sont héritées du catholicisme.
À propos notamment de l'école : « Chaque peuple eut ses danses de la pluie et ses rites d'initiations mais jamais un rituel qui clamait sa validité universelle, une procédure se présentant elle-même comme destination inévitable pour tout le monde, dans tous les pays ». L'école est devenue selon Illich une religion universelle, et en tant que telle, témoigne de son héritage de la première institution qui déclarait ses services et ses ministères comme l'unique voie vers le salut : l'Église catholique romaine.
Pour Illich, selon l'adage corruptio optimi quae est pessima (« la corruption du meilleur devient le pire »), le monde moderne n'est ni l'accomplissement du christianisme ni sa négation, mais plutôt sa perversion. Les nouvelles libertés que Jésus nous a apportées ont rendu possibles de nouveaux excès. En libérant l'homme des anciennes traditions et des coutumes ethniques (liberté manifestée selon Illich dans la parabole du samaritain, qui transgresse les clivages) pour aider et donc choisir son prochain, l'homme perd également les garde-fous que ceux-ci pouvaient représenter.
Œuvre
- Libérer l’avenir, Seuil, Paris, 1971 (titre original: Celebration of awareness).
- Une société sans école (en), Seuil, 1971 (titre original: Deschooling Society
- La Convivialité, Seuil, 1973 (titre original: Tools for conviviality)
- Énergie et équité, 1re édition en français, Le Monde puis Le Seuil, 1973, 2e édition en anglais, 1974, 3e édition en allemand, 1974, traduction par Luce Giard, Seuil, 1975. texte intégral en français
- Némésis médicale, Seuil, 1975
- Le Chômage créateur, Seuil, 1977.
- Le Travail fantôme, Seuil, 1981.
- Le Genre vernaculaire, Seuil, 1983.
- H2O ou Les Eaux de l’oubli, Lieu commun, 1988.
- ABC, l’alphabétisation de l’esprit populaire, avec Barry Sanders, La Découverte, Paris, 1990.
- Du lisible au visible, la naissance du texte, Cerf, Paris, 1991.
- Dans le miroir du passé. Conférences et discours 1978-1990, Descartes & Cie, Paris, 1994.
- Entretiens avec Ivan Illich, David Cayley, Bellarmin, 1996.
- Œuvres complètes Tome 1, (Libérer l'avenir - Une société sans école - La Convivialité - Némésis médicale - Énergie et équité), Fayard, 2004.
- Œuvres complètes Tome 2, (Le Chômage créateur - Le Travail fantôme - Le Genre vernaculaire - H2O, les eaux de l'oubli - Du lisible au visible - Dans le miroir du passé), Fayard, 2005.
- La Perte des sens, Fayard, Paris, 2004.
- La corruption du meilleur engendre le pire, entretiens avec David Cayley, Actes Sud, 2007.
Utopie urbaine : « Illichville »
Dans le prolongement de l'œuvre d'Ivan Illich, des artistes américains ont imaginé un projet de ville alternatif, du nom d'« Illichville ». À la différence des précédentes utopies urbaines, ce projet est récent puisqu’il date de la fin du XXe siècle et qu'il se conçoit résolument en opposition avec la « ville-automobile » américaine dont le modèle tentaculaire est Los Angeles. Il s’agit en outre d’un projet urbain à forte connotation écologiste. Il est basé sur la marche à pied, le vélo et les transports en commun. Il s'agit d'une ville qui propose de fait un modèle de décroissance basé sur le refus de la société de consommation et de l’automobile et promouvant la convivialité défendue par Illich.
Bernard Charbonneau
Bernard Charbonneau (né le 28 novembre 1910 à Bordeaux, France - mort le 28 avril 1996) est un penseur et un philosophe français écologiste, auteur d'articles dans La Gueule ouverte, Foi et vie, La République des Pyrénées ainsi que de plusieurs essais.
Né à Bordeaux en 1910, d'un père protestant, pharmarcien dans cette ville et d'une mère catholique issue de la bonne bourgeoisie lot-et-garonnaise, le jeune Bernard Charbonneau se sent vite « enfermé » par la ville.
Après un Baccalauréat de lettres à Bordeaux, au lycée Montaigne, il étudie l’histoire et la géographie à l’Université de Bordeaux jusqu’à l’agrégation qu’il obtient en 1935.
À vingt-quatre ans, titulaire de son premier poste d'enseignant à Bayonne, il commence à créer des « clubs de presse » et des groupes de discussion avec quelques amis, en particulier Jacques Ellul, pour réfléchir à tous les changements qu’entraîne le « progrès » scientifique et technique.
Après la fondation (1932) de la revue Esprit par Emmanuel Mounier, son groupe devient « le groupe personnaliste du Sud-Ouest » et rejoint le mouvement. Mais soucieux de ne pas séparer la réflexion de la vie, il entraîne ses amis et camarades dans des explorations et escapades (Galice, îles Canaries, Pyrénées espagnoles alors sans routes ni cartes) ou en vallée d'Aspe (Bedous) et dans les Pyrénées Atlantiques (Saint-Pé de Léren). Enseigne pendant les années cinquante/soixante à l'Ecole Normale d'Instituteurs de Lescar où il marque les élèves-maîtres de sa forte personnalité, mettant simultanément à profit la proximité de la campagne béarnaise et des Pyrénées pour retrouver le contact avec la nature en menant une vie spartiate à proximité des Gaves de Pau puis d'Oloron.
Vivant à l'écart de l'effervescence idéologique de la guerre et de l'immédiat après guerre, il analyse les sociétés modernes, dénonce la dictature de l'économie et du développement. Pionnier de l'écologie politique, il se méfiait de l'écologie partidaire, il propose cependant de concevoir une forme d'organisation de la société, radicalement différente des attitudes adoptées précédemment et des idéologies du vingtième siècle. Il était amoureux de la nature et humaniste modeste. Épris de liberté, il se méfie du progrès technique, source de toujours plus d'organisation et de moins de liberté.
Il décédera en 1996 d'un cancer du colon ("un comble pour quelqu'un qui aime manger" disait il) à la clinique de Saint-Palais et a été inhumé dans un caveau personnel situé dans sa propriété "Le Boucau" à Saint-Pé de Léren (64).
Marié à Henriette (Louise) Daudin, le couple donna naissance à quatre enfants (Simon, Juliette, Catherine et Martine). Elle s'occupa après sa mort de faire publier ses derniers ouvrages non encore édités, elle est décédée le 27 décembre 2005 et elle a été inhumée auprès de son mari où sur une stèle qu'ils avaient installée, on peut lire la citation modifiée du Livre de Ruth : "où tu iras, j'irai ; où tu demeureras, je demeurai et ton Dieu sera mon Dieu".
Son fils Simon Charbonneau est spécialiste du droit de l'environnement et militant associatif à Bordeaux (Aquitaine Alternatives, ANCER : association nationale pour une chasse écologiquement responsable).
Œuvres
- Directives pour un manifeste personnaliste, 1936
- L’État, ronéotypée, 1949, réédition chez Économica, 1987.
- Teilhard de Chardin, prophète d'un âge totalitaire, 1963
- Le Paradoxe de la culture, 1965
- Célébration du coq, 1966
- Dimanche et lundi, 1966
- Prométhée réenchaîné, Réédité en 2001 aux éditions de La Table Ronde
- L'Hommauto, 1966
- Le Jardin de Babylone, 1969, réédité en 2002 par les éditions de
- l'Encyclopédie des Nuisances
- La Fin du paysage, 1972
- Le Système et le chaos. Critique du développement exponentiel, 1973
- Tristes campagnes, 1973
- Notre table rase, 1974
- Vu d'un finisterre, 1976
- Le plus et le moins, 1978
- Le Feu vert, 1980 (réédition Parangon, 2009)
- Je fus, 1980
- Une seconde nature, 1981
- La propriété c'est l'envol, 1984
- La société médiatisée, 1985
- L'État, 1987
- Le Système et le chaos, 1990
- Nuit et jour, 1991
- Sauver nos régions, 1991
- L'esprit court les rues, 1992
- Les chemins de la liberté, 1994
- Il court, il court le fric..., 1996
- Un Festin pour Tantale, 1997
- Comment ne pas penser, 2004
- Bien aimer sa maman, 2006
- Finis Terrae, éditions A plus d'un titre, 2010
Club de Rome
Le Club de Rome est un groupe de réflexion réunissant des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires nationaux et internationaux, ainsi que des industriels de 53 pays, préoccupés des problèmes complexes auxquels doivent faire face toutes les sociétés, tant industrialisées qu'en développement.
Pilotée à sa création par Aurelio Peccei, un Italien membre du conseil d'administration de Fiat, et Alexander King, un scientifique et fonctionnaire écossais, ancien directeur scientifique de l'Organisation de coopération et de développement économiques, il doit son nom au lieu de sa première réunion à Rome, à l'Accademia dei Lincei le 8 avril 1968.
Les notions de développement durable et d'empreinte écologique font du Club de Rome un précurseur. Si, au XXIe siècle, la majorité s'accorde à prendre en compte les problématiques environnementales, d'autres n'acceptent pas ces analyses qui impliquent beaucoup de remises en question. Ils s'en prennent parfois au Club de Rome, à l'origine de ce qu'ils pensent être du catastrophisme.
Son comité exécutif est constitué de treize membres.
Le Club de Rome se fit connaitre mondialement en 1972 par son premier rapport, The Limits to Growth, traduit en français par l'interrogation Halte à la croissance ?. Son interpellation intervint à l'apogée de la période dite des Trente Glorieuses, une période de croissance sans précédent dans les pays qui se qualifiaient eux-mêmes de développés et qui laissait penser que cette croissance était sans limite imaginable. Le concept de croissance zéro, que ce rapport ne préconisait pas, fut néanmoins un des idées fondatrices de l'écologie politique.
En 1993, Aurelio Peccei et Ervin Laszlo ont l'idée de créer le Club de Budapest. Le Club de Rome étant constitué de personnalités de très haut niveau des domaines scientifiques, politiques et des affaires, le but était d'instituer un club annexe pour équilibrer la pensée rationnelle dans ce domaine avec l'aspect intuitif qu'apporte la créativité dans les arts, dans la littérature, et dans la spiritualité, en impliquant quelques uns des esprits les plus connus et les plus créatifs de notre temps.
Le rapport The limits to growth - Halte à la croissance ?
Ce rapport, commandé en 1970 et publié en 1972 par le Club de Rome, fut aussi appelé Rapport Meadows.
Dans ce rapport, quatre ans après la contestation de la société de consommation de 1968 dans les pays d'économie libérale, pour la première fois, les vertus de la croissance sont remises en cause par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology au nom d'une prise de conscience d'une pénurie prévisible des sources énergétiques et des conséquences du développement industriel sur l'environnement.
Les conclusions du rapport annoncent un futur inquiétant pour l'humanité. Beaucoup lui ont reproché à l'époque une certaine exagération dans ses prévisions, même si le rapport ne prévoyait aucun épuisement de ressources, ni aucun événement catastrophique avant 2010 au moins, même dans le scénario le plus défavorable (et il ne s'agissait alors que des prémices de l'effondrement).
Il fut suivi en 1974 d'un deuxième rapport au Club de Rome : « Stratégie pour demain », dont l'approche fut diversifiée et localisée selon dix grandes régions du monde ayant chacune une situation et des problématiques de développement différentes.
Nicholas Georgescu-Roegen
Nicholas Georgescu-Roegen (Constanţa, Roumanie, 4 février 1906 - Nashville, Tennessee, 30 octobre 1994) est un mathématicien et économiste hétérodoxe roumain dont les travaux ont abouti au concept de décroissance.
Biographie
Nicolae Georgescu naît à Constanţa le 4 février 1906. Sa mère, issue d'une famille modeste, enseignait la couture dans une école de commerce pour filles ; son père, officier dans l'armée, meurt quand Nicolae a sept ans. Élève brillant, il reçoit une remarquable formation en mathématiques qui lui servit pour ses futurs travaux en théorie économique. En 1926, alors étudiant à l'université de Bucarest, il s'inscrit ainsi à un séminaire sur les singularités des équations différentielles, sur l'enseignement duquel il se fondera pour l'un de ses plus importants articles, The Pure Theory of Consumer's Behaviour, publié en août 1936. A la même époque, il assiste aux conférences de Grigore Antipa, directeur du Muséum de Bucarest et fondateur de la Géonomie. Il obtient ensuite une bourse pour étudier à Paris.
Entre 1927 et 1930, il étudie à l'Institut de statistique de l'Université de Paris (ISUP) dont il sort docteur en statistique. Sa thèse, publiée dans le Journal de la Société de statistique de Paris, a pour titre Le problème de la recherche des composantes cycliques d'un phénomène. Son travail sur les phénomènes périodiques le convainc que les phénomènes sociaux ne pouvaient en aucun cas être décrits par les méthodes « mécaniques » de la statistique classique. Bien qu'il n'eût pris que deux cours d'économie à la Sorbonne, il aboutit à la conclusion que « les phénomènes économiques ne pouvaient être décrits par un système mathématique ».
Alors qu'il suit les cours de Karl Pearson au University College de Londres (1930-1932), son travail suscite l'intérêt des économistes du Harvard Economic Barometer – probablement du fait de l'intervention de Pearson lui-même. Il obtient une bourse de la fondation Rockefeller pour participer à ce projet. Arrivé à Harvard au printemps 1934, il apprend que le Harvard Economic Barometer n'existe plus. Il demande alors un entretien à Joseph Schumpeter qui travaillait à l'époque sur ses Business Cycles. Cette rencontre fortuite l'amène à rejoindre l'équipe de Schumpeter qui comptait dans ses rangs Wassily Leontief, Edgar Hoover, Frank Taussig, Oskar Lange, Fritz Machlup, Gerhard Tintner, Nicholas Kaldor et Paul Sweezy. C'est durant cette intense période intellectuelle (1935-1936) que Nicholas Georgescu-Roetgen devient économiste : il publie quatre articles qui jettent les bases de sa théorie de l'utilité et de la production.
Il enseigne à l'université de Bucarest puis à l'Université Vanderbilt, Nashville aux États-Unis (et furtivement à l'Institut universitaire d'études du développement de Genève en 1974 et à Strasbourg, 1977-1978). Outre ses fonctions d'enseignant, il a occupé de nombreux postes dans la fonction publique roumaine.
Travaux
Il a entre autres contribué, en économie, à l'introduction du concept physique d'entropie. Ses travaux ont contribué de façon significative à l'élaboration de la bioéconomie, qui ouvre un pont entre sciences économiques, sciences biologiques (loi de l'évolution, néodarwinisme). À ce titre, il fait partie du courant évolutionniste des économistes. Mais il lie aussi sciences économiques et sciences physiques (thermodynamique), ouvrant la voie à l'économie thermodynamique. Son ouvrage majeur est The Entropy law and the Economic Process paru en 1971 dans lequel il écrit :
« Le processus économique n’est qu’une extension de l’évolution biologique et, par conséquent, les problèmes les plus importants de l’économie doivent être envisagés sous cet angle »
— Nicholas Georgescu-Roegen, The Entropy law and the Economic Process
« la thermodynamique et la biologie sont les flambeaux indispensables pour éclairer le processus économique (...) la thermodynamique parce qu’elle nous démontre que les ressources naturelles s’épuisent irrévocablement, la biologie parce qu’elle nous révèle la vraie nature du processus économique »
— Nicholas Georgescu-Roegen, The Entropy law and the Economic Process
Pour ses partisans, ces théories réconcilieraient économie et écologie en réintégrant la science économique dans la pensée scientifique contemporaine de la révolution industrielle et de la découverte de l'évolution biologique. Elles apporteraient un éclairage novateur et fécond dont les implications pratiques dépassent l'économie politique. Elles mettraient en évidence l'impossibilité de résoudre les problèmes environnementaux par le seul progrès scientifique et technologique.
Jugeant l'économie libérale de la théorie néoclassique beaucoup trop mécanique, Georgescu-Roegen a mis en lumière la contradiction entre la deuxième loi de la thermodynamique, la loi de l'entropie – c'est-à-dire la dégradation inéluctable, suite à leur usage, des ressources naturelles utiles à l'humanité – et une croissance économique matérielle sans limites. Il appelait pour sa part à une décroissance pour tenir compte de la loi physique de l'entropie.
Certains critiques considèrent que mêler l'entropie au processus économique, caractérisé plutôt par des effets d'auto-organisation et d'adaptabilité, est précisément trop mécanique.
Georgescu-Roegen manifestait la conviction que la joie de vivre est la véritable finalité de l'activité économique. Toutefois, on trouve également sous sa plume cette phrase, concernant les moyens concrets de la décroissance :
« L'humanité devrait progressivement réduire sa population à un niveau qui lui permettrait de pouvoir être nourrie par la seule agriculture biologique. Bien entendu, les nations qui connaissent aujourd'hui une forte croissance démographique auront un effort difficile à fournir pour obtenir le plus rapidement possible des résultats dans cette direction. »
La formule, dépourvue de tout autre commentaire, est étrange, sinon inquiétante. Georgescu-Roegen avait une vision pessimiste de la nature humaine et de la vie en général ("L'espèce humaine est caractérisée par l'existence d'un conflit social irréductible").
Dans la préface à Analytical Economics, Paul Samuelson écrit :
« Le professeur Georgescu-Roegen est plus qu'un économiste mathématicien. Il est tout d'abord un économiste, et le premier à rejeter les prétentions du charabia symbolique. Les subtilités de la production marginale et de l'utilité originale n'échappent pas à son examen sceptique... Comme il a une formation mathématique très supérieure, il est tout à fait immunisé contre les charmes de séduction de ce sujet et est capable de conserver une attitude objective et terre à terre sur son utilisation... Je défie tout économiste informé de rester satisfait de soi après avoir médité sur cet essai. C'est donc un livre à posséder et à savourer. »
— Paul Samuelson, Analytical Economics
Pour Henri Guitton,
« Georgescu-Roegen a voulu remédier à l'absence de pont reliant la physique théorique à l'économie. Il nous confie s'être lancé seul dans cette aventure, courant un risque dont il est sûr qu'il n'est pas vain... Novateur il le demeure, et un novateur souffre toujours au départ de sa solitude. Mais peut-être que maintenant, des disciples se joindront à lui pour poursuivre son avance ? »
— Henri Guitton
Pour Jacques Grinevald :
« Apparemment isolée, l'œuvre de Nicholas Georgescu-Roegen doit se comprendre dans un vaste mouvement de rénovation intellectuelle. Il manquait une véritable anti-Economique ; elle survient et elle sera une bio-économique. Il faut d'abord prendre connaissance de la situation de notre connaissance si nous voulons faire servir la renaissance que nous réclamons. L'affaire Galilée n'est pas close, mais déjà s'ouvre l'affaire Georgescu-Roegen: l'enjeu vaut le combat et celui-ci sera non-violent ou ne sera pas. »
— Jacques Grinevald
L'économiste américain Herman Daly a écrit en 2007 que trop peu d'attention a été portée aux travaux de Georgescu-Roegen car ceux-ci étaient en avance sur leur temps.
Publications
On trouve une chronologie des publications de Georgescu-Roegen et de leur traduction dans La Décroissance (voir plus bas la référence.)
- 1935, Fixed Coefficients of Production and the Marginal Productivity Theory, Review of Economics and Statistics, vol 3, pp 40-49
- 1936, The Pure Theory of Consumer's Behavior, Quaterly Journal of Economics, vol 50, pp 533-539
- 1966, Analytical economics. Issues and Problems. Cambridge, Harvard University Press. La Science économique : ses problèmes et ses difficultés, par N. Georgescu-Roegen, … Traduit par Mme F. Rostand, …Préface de P. Samuelson, … Préface de H. Guitton, … – Paris, Dunod, 1970. 23 cm, XV-300 p. (Collection du centre d’économétrie de la faculté de droit et des sciences économiques de Paris, association Cournot, dirigée par Henri Guitton.)
- 1971, The Entropy Law and the Economic Process. Traduction du chapitre 1 en français dans La décroissance - Entropie - Écologie - Économie, éd. 2006, ch. I, p.63-84.
- 1975. "Energy and Economic Myths", in The Southern Economic Journal, 1975, XLI, 3, p.347-381. Traduction française dans La Décroissance, éd. 2006, ch. II, p. 85-166.
- 1977. "The Steady Sate and Ecological Salvation: A Thermodynamic Analysis", in BioScience, avril 1977, vol. 27, no4, p.266-270. Traduction française dans La Décroissance, éd. 2006, ch. II, p. 167-190.
- 1979. Demain la décroissance. Entropie, écologie, économie. Traduction, présentation et annotation Jacques Grinevald et Ivo Rens. Lausanne, Pierre-Marcel Favre, 1979. 21 cm, 157 p. [La décroissance. Entropie, écologie, économie. 2e édition revue et augmentée. Traduit et présenté par Jacques Grinevald et Ivo Rens. Paris, Sang de la Terre, 1995. 21 cm, 220 p. ; 3e édition revue. Paris, Sang de la Terre et Ellébore, 2006. 22,5 cm, 304 p.] texte disponible en ligne
- 1983. La Loi de l'Entropie et l'évolution économique", Congrès des Économistes de Langue française, Strasbourg, 7 juin 1983.
Bibliographie
- Arnaud Diemer et Sylvère Labrune, « L’écologie industrielle : quand l’écosystème industriel devient un vecteur du développement durable », Développement durable et territoires [En ligne], Varia, mis en ligne le 30 août 2007. URL : http://developpementdurable.revues.org/index4121.html
- Fabrice Dannequin et Arnaud Diemer, « L’analyse de la production chez Nicholas Georgescu-Roegen », Cahiers du GRATICE, no 17, 2e semestre 1999, p. 263-287.
- Fabrice Dannequin et Arnaud Diemer, « De l’entropie à la constitution d’un programme bioéconomique : Le grand projet de Nicholas Georgescu-Roegen », Cahiers du CERAS, no 42, décembre 1999, p. 1-9.
- Fabrice Dannequin et Arnaud Diemer, « La place de la biologie et de la thermodynamique dans la théorie contemporaine : l’œuvre de Nicholas Georgescu-Roegen », Colloque de l’association Charles Gide, les 26 et 27 septembre 1999, p. 1-8.
- Fabrice Dannequin, Arnaud Diemer et Franck-Dominique Vivien, « N. Georgescu-Roegen : penseur de la production, penseur de la révolution industrielle », Colloque organisé par l’association Charles Gide, Strasbourg 6 et 7 novembre 1998, p. 1-43.
- Grinevald, Jacques. 1974. « L’économiste Georgescu-Roegen : intégrer l’économie dans la problématique énergétique et écologique », Uni-information, no 36, juin-juillet 1974, p. 28-29.
- Grinevald, Jacques. 1980.« La Perspective bioéconomique de Nicholas Georgescu-Roegen », Cahiers du GERMES, Paris, no 4, juin 1980, « Questions à la bioéconomie », p. 27-44.
- Grinevald, Jacques. 1981. « Energy and Economic Myths, by Nicholas Georgescu-Roegen », Technology and Culture, no 22, 1981, p. 655-658.
- Grinevald, Jacques. 1992. « La révolution bioéconomique de Nicholas Georgescu-Roegen : à propos de la première Conférence internationale de bioéconomie à Rome les 28-30 novembre 1991 », Stratégies énergétiques, biosphère & société, Genève, Hygiène et médecine, octobre 1992, p. 23-34.
- Grinevald, Jacques. 1994. « Georgescu-Roegen : Bioéconomie et Biosphère », Silence, Lyon, avril 1993, no 164, p. 4-14.
- Grinevald, Jacques. 1995. « Hommage à Nicholas Georgescu-Roegen (1906-1994) », Stratégies énergétiques, biosphère & société, Genève, Hygiène et médecine, 1995, p. 149-151.(En ligne : http://www.unige.ch/sebes/textes/1995/95JGRoegen.html)
- Grinevald, Jacques, 2006, « Nicholas Georgescu-Roegen, dissident de l’Occident et visionnaire de la décroissance », dans La Revue Durable no 20, avril-mai-juin 2006, p. 8-13.
- Maneschi, Andrea, Nicholas Georgescu-Roegen and the Filiation of Economic Ideas. Working Paper No. 00-W18, June 2000. Department of Economics, Vanderbilt University, Nashville, TN 37235.
- (en) Mayumi, K. 1995. Nicholas Georgescu-Roegen (1906-1994): an admirable epistemologist. Structural Change and Economic Dynamics 6: 115-120.
- (en) Mayumi, K. and Gowdy, J. M. (eds.) 1999. Bioeconomics and Sustainability: Essays in Honor of Nicholas Georgescu-Roegen. Cheltenham: Edward Elgar.
- (en) Mayumi, K. 2001. The Origins of Ecological Economcs: The Bioeconomics of Georgescu-Roegen. London: Routledge.
Filmographie
- « Hommage à Nicholas Georgescu-Roegen » avec Jacques Grinevald, un film documentaire de Vincent Liegey, réalisé par Debora Blake, Paris, juin 2008.
Vidéo
Décroissance : Hommage à Nicholas Georgescu-Roegen from Décroissance - Degrowth on Vimeo.
Pierre Rabhi
Pierre Rabhi (Kenadsa, Algérie 1938) est un agriculteur, philosophe, écrivain et penseur français d'origine algérienne, inventeur du concept « Oasis en tous lieux ».
Il défend un mode de société plus respectueux des populations et de la terre et soutient le développement de pratiques agricoles respectueuses de l'environnement et préservant les ressources naturelles, l'agroécologie, notamment dans les pays arides.
Jeunesse algérienne
Pierre Rabhi est né en 1938 à Kenadsa près de Béchar, une oasis dans le sud de l'Algérie dans une famille musulmane. Sa mère meurt alors qu'il est âgé de 4 ans, ses frères sont encore vivants et vivent à Bechar et Kenadsa.
Son père, qui était forgeron, musicien et poète, se préoccupe de l'avenir du jeune Pierre, et lui fait alterner l'école coranique et l'école française. Il y est confié à un couple de Français, un ingénieur et une institutrice, venus travailler à la Compagnie des Houillères de son village natal colonisé. Plus tard, son père sera contraint de fermer son atelier et de travailler à la mine, ce qui marqua la réflexion et la pensée de son fils.
Il quitte Kenadsa pour Oran avec sa famille d'adoption et y réalise deux années d'études secondaires.
Ainsi, Pierre Rabhi a partagé son enfance entre la culture catholique occidentale et le monde musulman, jusqu'à l'âge de 14 ans. À l'âge de 16 ans, à Oran, il choisit de se convertir au christianisme. Il commence à travailler, d'abord dans la dentisterie, puis en tant qu'employé de banque.
Lorsque la guerre d'Algérie éclate en 1954, il se trouve dans une situation de double exclusion, rejeté par son père pour s'être converti et par son père d'adoption qui l'avait mis à la porte suite à un conflit, juste au début de la guerre.
Il décide de partir s'installer en France à Paris.
Le retour à la terre
Il trouve un poste d'ouvrier spécialisé; dans l'entreprise où il travaille, il rencontre Michèle avec qui plus tard il se mariera.
Tous deux nourrissent le rêve de s'extraire de cette vie urbaine et pensent à l'agriculture. Il rencontre le docteur Pierre Richard, un médecin, écologiste et visionnaire qui s'occupait à l'époque de la création du Parc national des Cévennes, et qui les encourage dans leur démarche.
Ils décident alors de se rendre en Ardèche pour s'y installer définitivement en 1960, précédant le mouvement néorural de la fin des années 1960.
Ils se marient à Thines. Pierre Rabhi devient père et, sans aucune connaissance agricole, s'inscrit dans une Maison familiale rurale et obtient un diplôme.
Après trois ans comme ouvrier agricole, en 1963, il devient lui-même paysan dans les Cévennes ardéchoises. Il se lance dans l'élevage caprin avec l'intention de ne pas reproduire les mêmes modèles de productivisme, et expérimente l'agriculture biodynamique.
Après des débuts difficiles, ils acquièrent assez d'expérience pour accueillir et conseiller à partir de mai 1968 d'autres néo-ruraux. Quinze années leur seront nécessaires pour parvenir à vivre de leur ferme.
La reconnaissance
En 1978, il est chargé de formation à l'agroécologie par le CEFRA (Centre d'études et de formation rurales appliquées).
À partir de 1981, il se rend au Burkina Faso en tant que « paysan sans frontière » à la demande du gouvernement de ce pays et avec le soutien du CRIAD (Centre de relations internationales entre agriculteurs pour le développement).
En 1985, il crée un centre de formation à l'agroécologie à Gorom-Gorom, avec l'appui de l'association Le Point-Mulhouse.
En 1988, il fonde le CIEPAD (Carrefour international d'échanges de pratiques appliquées au développement) avec l'appui du conseil général de l'Hérault. Il met en place un « module optimisé d'installation agricole », de programmes de sensibilisation et de formation, et le lancement de nombreuses actions de développement à l'étranger (Maroc, Palestine, Algérie, Tunisie, Sénégal, Togo, Bénin, Mauritanie, Pologne, Ukraine…).
En 1992, il lance le programme de réhabilitation de l'oasis de Chenini-Gabès en Tunisie.
Depuis 1994, il anime le mouvement « Oasis en tous lieux », visant à promouvoir le retour à une terre nourricière et la reconstitution du lien social.
La même année, il fonde l'association "Les Amis de Pierre Rabhi", rebaptisée en 1998 "Terre et Humanisme". L'association a pour activité la promotion et la transmission de l'agroécologie.
En 1997 et 1998, il intervient à la demande de l'ONU dans le cadre de l'élaboration de la convention de lutte contre la désertification (CCD) et est appelé à formuler des propositions concrètes pour son application.
De 1999 à 2001, il lance de nouvelles actions de développement au Niger (région d'Agadez) et au Mali (région de Gao).
En 2002 il fait une pré-campagne présidentielle où il obtient 184 parrainages d'élus et qui donne naissance au Mouvement appel pour une insurrection des consciences (MAPIC).
En 2003 il rencontre Michel Valentin avec lequel il crée en 2004 les Amanins, un site agro-écologique dans la Drôme sur la commune de La Roche-sur-Grane. L'association les Amanins sans but lucratif travaille autour de trois axes ; l'agriculture, l'éducation et la construction, sous la question « Quelle planète laisserons-nous à nos enfants, quels enfants laisserons-nous à la planète ? »
Il anime régulièrement des conférences ou des ateliers sur les thèmes de la simplicité volontaire et de la décroissance. Considéré comme artisan de l'altermondialisme, il fut invité lors du Forum social européen, et a intitulé un de ses exposés « Donner une âme à la mondialisation ». Il crée en 2007 le « Mouvement pour la Terre et l'Humanisme » appelé ensuite « Mouvement Colibris », dont la mission est d'aider chacun à construire, à son échelle, de nouveaux modèles de société fondés sur l’autonomie, l’écologie et l’humanisme. Il a fait partie du comité éditorial du mensuel français La Décroissance et est vice-président de l'association Kokopelli qui œuvre à la protection de la biodiversité (à la production et distribution de semences issues de l'agriculture biologique et biodynamique) et à la régénération des sols cultivés.
Bibliographie
- Du Sahara aux Cévennes ou la reconquête du songe (autobiographie), Éditions de Candide, Lavilledieu, 1983, rééd. Albin Michel, Paris, 1995, rééd sous le titre Du Sahara aux Cévennes :itinéraire d'un homme au service de la Terre-Mère, Albin Michel, Paris, 2002.
- Le Gardien du Feu (roman), Éditions de Candide, Lavilledieu, 1986, Éditions Albin Michel, Paris, 2003.
- L'Offrande au crépuscule (Prix des sciences sociales agricoles du ministère de l'Agriculture), Éditions de Candide, Lavilledieu, 1989, rééd. aux éditions L'Harmattan 2001.
- Le Recours à la terre (recueil d'articles), Éditions Terre du Ciel, Lyon, 1995, nouvelle éd. augm. 1999.
- Parole de Terre : une initiation africaine, Éditions Albin Michel, Paris, 1996 (préface de Yehudi Menuhin).
- Manifeste pour des Oasis en tous lieux, ouvrage collectif sous la direction de Pierre Rabhi, 1997.
- Le Chant de la Terre interview par Jean-Pierre et Rachel Cartier, Editions La Table Ronde, Paris, 2002
- Graines de possibles, regards croisés sur l'écologie avec Nicolas Hulot, Ed Calmann-Lévy, Paris, 2005. ISBN 2-7021-3589-7
- Conscience et environnement, Éditions du Relié, Gordes, 2006.
- La part du colibri, l'espèce humaine face à son devenir, Editions de l'aube, 2006 (témoignage au festival du livre de Mouans-Sartoux en 2005).
- Ecologie et spiritualité, collectif, Paris, Albin Michel, 2006. Avec entre autres, Jacques Brosse, André Comte-Sponville, Eugen Drewermann, Albert Jacquard, Jacques Lacarrière, Théodore Monod, Jean-Marie Pelt, Annick de Souzenelle...
- Préface de Alerte aux vivants et à ceux qui veulent le rester - Pour une renaissance agraire de Pierre Gevaert, éd Sang de la Terre, 2006.
- Terre-Mère, Homicide volontaire ? Entretiens avec Jacques Olivier Durand, Le Navire en pleine ville, 2007.
- Manifeste pour la Terre et l'Humanisme, Pour une insurrection des consciences, Actes Sud, 2008.
- Préface de La stratégie du colibri, de Séverin Millet, Minerva, 2008.
- Le scénario Titanic, et autres métaphores écologiques..., de Hugues Gosset-Roux (Préface de Pierre Rabhi), Jouvence, 2008.
- Préface de Une seule Terre pour nourrir le Monde, de Florence Thinard, Gallimard Jeunesse, octobre 2009.
- Pierre Rabhi rédacteur en chef du numéro 77 de la revue Interdépendances, avril 2010.
- Vers la Sobriété Heureuse, Actes Sud, avril 2010.
Site Web : http://www.pierrerabhi.org/blog
Vidéo
Vincent Cheynet
Vincent Cheynet est né en 1966. Parallèlement à des engagements associatifs et politiques, il a été pendant une dizaine d'années directeur artistique dans une multinationale de la publicité (Publicis Lyon) avant de se retourner contre son ancien métier. En 1999, il fonde l'association et la revue Casseurs de pub. En 2003, il crée le journal La Décroissance, le journal de la joie de vivre, un mensuel dont il est le rédacteur en chef.
Bibliographie
- Le choc de la décroissance, Seuil, 2008
- Lyonnais, qui avez-vous élu ?, éditions de la Mése, 2008
- Ubunaesque !, éditions de la Mése, 2003
- (Direction) Casseurs de pub, un pavé dans la geule de la pub, éditions Parangon, 2006
- (Co-direction) Objectif décroissance, avec Michel Bernard et Bruno Clémentin, éditions Parangon, 2003
- (Participation) Pour repolitiser l’écologie, éditions Parangon, 2007
- (Participation) Contre le travail le dimanche, éditions Golias, 2008 (à paraître)
Lien
Serge Latouche
Serge Latouche, né à Vannes le 12 janvier 1940, est un économiste français, célèbre penseur de la décroissance. Serge Latouche est l'un des « contributeurs historiques » de La Revue du MAUSS, professeur émérite à la faculté de droit, économie et gestion Jean Monnet (Sceaux) de l'Université Paris-Sud 11. Il est directeur du Groupe de recherche en anthropologie, épistémologie et économie de la pauvreté (GRAEEP).
Travaux
Influencé par les travaux de François Partant, Serge Latouche est membre fondateur et ancien président de l'association La ligne d'horizon, dont l'objectif est de poursuivre la réflexion que François Partant a exprimée dans ses livres et dans ses articles.
Dans le domaine des sciences humaines, il a développé une théorie critique envers l'orthodoxie économique, et dénoncé l'économisme, l'utilitarisme dans les sciences sociales et la notion de développement. Il critique notamment à travers une argumentation théorique et une approche empirique nourrie de nombreux exemples, les notions d'efficacité et de rationalité économiques. Il est également très critique à l'égard de la notion de développement durable qu'il considère comme une imposture et une ineptie.
Il est un des penseurs et des partisans les plus connus de la décroissance et tente de conceptualiser l'après-développement dans « un combat généralisé et organisé contre le mode de vie, devenu insoutenable, à l'échelle mondiale ». Pour Serge Latouche « c'est du côté de l'informel anti-développementiste qu'il convient de chercher refuge, comme forme d'économie capable de constituer une véritable alternative au libéral-productivisme ».
Les auteurs Jean-Marie Furt et Franck Michel relèvent que « Serge Latouche a dévoilé les dangers de l'uniformisation du monde sous prétexte d'universalisation du modèle politico-économique ».
Bibliographie
- Epistémologie et économie : Essai sur une anthropologie sociale freudo-marxiste, Paris, Anthropos, 1973.
- Le Projet marxiste : Analyse économique et matérialisme historique, Paris, PUF, 1975.
- Critique de l'impérialisme, Paris, Anthropos, 1979.
- Le procès de la science sociale, Paris, Anthropos, 1984.
- Faut-il refuser le développement ?, Paris, PUF, 1986.
- L'Occidentalisation du monde: Essai sur la signification, la portée et les limites de l'uniformisation planétaire, La Découverte, 1989.
- La Planète des naufragés, La Découverte, 1991.
- La Mégamachine: Raison technoscientifique, raison économique et mythe du progrès, 1995.
- L'économie dévoilée, du budget familial aux contraintes planétaires, ouvrage collectif dirigé par Serge Latouche, ed. Autrement, 1995.
- The Westernization of the World: The Significance, Scope and Limits of the Drive Towards Global Uniformity, mai 1996.
- L'Autre Afrique, entre don et marché, Albin Michel, 1998.
- (fr) Les dangers du marché planétaire, Presses de Sciences Po 1998
- (fr) Critique de la raison économique. Introduction à la théorie des sites symboliques, L'Harmattan 1999 co-écrit avec Fouad Nohra et Hassan Zaoual.
- La Planète uniforme, octobre 2000.
- La déraison de la raison économique : Du délire d'efficacité au principe de précaution, Paris, Albin Michel, 2001.
- Justice sans limites, Fayard, 2003.
- Décoloniser l'imaginaire : La Pensée créative contre l'économie de l'absurde, Parangon, 2003.
- Survivre au développement : De la décolonisation de l'imaginaire économique à la construction d'une société alternative, Mille et Une Nuits, 2004.
- L'invention de l'économie, 2005.
- Le pari de la décroissance, 2006.
- (fr) Petit traité de la décroissance sereine, Mille et Une Nuits 2007
- Entre mondialisation et décroissance. L'autre Afrique, 2008.
- Le temps de la décroissance, avec Didier Harpagès, éditions Thierry Magnier, Collection Troisième Culture, 2010, 156 p.
- Sortir de la société de consommation, LLL/Actes Sud, 2010, (paru).
La décroissance par Serge Latouche
envoyé par apehs. - Regardez les dernières vidéos d'actu.