R.O.C. 06
27Août/12Off

Au camping de la bidouille à Péone

Le 24 août 2012 de Ophelia Noor sur http://owni.fr

Transposez les énergies créatives des bidouilleurs urbains au milieu des montagnes à 1600 mètres d'altitude. Sans eau ni électricité. Laissez mijotez. Hackerspaces et fab labs sont venus planter leurs tentes au festival A Pado Loup pour tester et questionner la pertinence des technologies numériques face aux contraintes naturelles. Et rencontrer d'autres milieux alternatifs DIY, artistiques et écolo.

L’arrivée se fait par un chemin arpenté et caillouteux, sous un soleil de plomb du 15 août, entouré de montagnes, de pins, de mélèzes et prairies en manque d’eau. Dans un virage, une petite pancarte de bois annonce en rouge : “A Pado Loup”. Le potager accueille le visiteur, puis le garage, et la bâtisse principale. Tout est en bois. Construit avec des matériaux locaux en mode DIY.

L’hôte du festival, Bilou, la cinquantaine énergique est entouré d’une ribambelle d’enfants, cousins, frères, soeurs et amis venus participer et prêter main forte sur l’organisation du festival. Nourriture végétarienne, toilettes sèches, douches solaires, récolte d’eau de pluie, compost, utilisation de panneaux solaires et recyclage des déchets feront partie du quotidien des citadins venus se déconnecter.

Deux ans après les rencontres numériques Estives | Digital Peak, à Péone, hébérgées par Jean-Noël Montagné, fondateur d’Art Sensitif, les équipes du TMP/LAB, TETALAB, USINETTE et des volontaires relancent l’aventure : déplacer les énergies créatives du hackerspace en milieu rural et isolé. Le festival A Pado Loup se tenait du 12 au 22 août à quelques lieues du précédent, près de Beuil dans les Alpes Maritimes, au coeur du parc naturel du Mercantour. Une deuxième édition plus détendue que la précédente, sans la dimension internationale ni l’habituel enchaînement de conférences techniques propres aux rassemblements de hackers, mais avec les mêmes contraintes et objectifs. Loin d’être une expérimentation utopique, les communautés numériques de hackers et autres bidouilleurs sont bien conscientes des enjeux liés aux crises globales : écologique, sociale, politique et énergétique. Le rapprochement avec d’autres milieux alternatifs tournés vers ces mêmes problématiques fait son chemin. En juillet dernier se tenait la deuxième édition du festival Electronic Pastorale en région Centre. Deux ans plus tôt à Péone, Philippe Langlois, fondateur du hackerspace TMP/LAB, posait déjà la question du devenir des hacklabs face à la révolution verte et développait à nouveau cette idée en juin dernier dans une conférence sur les hackerlands donnée au Toulouse Hacker Space Factory (THSF).1
L’innovation dans la contrainte

Les bidouilleurs se retrouvent sous une petite serre aménagée en hacklab pour la durée du festival. Équipée de deux panneaux solaires reliés à une batterie de voiture pour faire fonctionner l’électronique, son équilibre est précaire. Mickaël et Alex du Tetalab, le hackerspace toulousain, ont pris en charge la gestion de l’alimentation électrique et de la connexion WiFi. Le petit hacklab doit rester autonome comme la maison principale.

Le WiFi libre dans les actes

Et si l'accès à l'internet, en mode sans fil, était un "bien commun" librement partagé par tous ? C'est ce que proposent ...

Le challenge ? Ne pas dépasser les 70 watts et garder de l’électricité pour la soirée. EDF ne vient pas jusqu’à Pado Loup, encore moins les fournisseurs d’accès à Internet. Le lieu est en “zone blanche”, ces régions difficiles d’accès et non desservies par les opérateurs nationaux par manque de rentabilité.

Pour assurer une connexion au réseau, une antenne WiFi sur le toit de la maison est reliée à celle d’un voisin quelques kilomètres plus loin. Le relai est ensuite assuré localement par le TETALAB de la maison à la serre des geeks.

Mickael vérifie toutes les heures les installations, tourne les panneaux solaires, et répare les pièces qui ne manquent pas de claquer fréquemment depuis quelques jours. Pendant ce temps, les fers à souder s’échauffent et on bidouille des postes radio FM, pour écouter l’émission quotidienne de 18 heures, point d’orgue de chaque journée. Chacun peut participer, annoncer ou proposer des activités pour la soirée et le lendemain, raconter ses expérimentations en cours. En lieu et place des conférences programmées des Estives, les discussions sont lancés sur la radio du campement.

Fabrication d'une éolienne avec Bilou, le maître des lieux et hôte du festival hack & DIY. - (cc) Ophelia Noor

Chaque jour, une partie du campement passe son temps à trouver des solutions pour améliorer des systèmes déjà en place, produire plus d’énergie avec la construction d’une éolienne, ou en dépenser moins en prenant en compte les atouts du terrain, avec par exemple la construction d’un four solaire. Les contraintes stimulent la créativité et l’expérimentation pour répondre aux besoins de l’homo numericus. Des ateliers sont proposés dans plusieurs domaines, électronique, écologie expérimentale, radio, live coding ou photographie argentique.
Les bactéries, libres et têtues

Sous un arbre avec balançoire, tout au fond de la prairie de Pado Loup, est installée la FFF, la Free Fermentology Foundation, clin d’oeil appuyé à la Free Software Foundation de Richard Stallman. Le hobby de deux chercheurs, Emmanuel Ferrand, maître de conférence en Mathématiques à Paris VII, et Adrienne Ressayre, chargée de recherche en biologie évolutive à l’INRA.

Sur des petits étals de bois, des bocaux où fermentent du kombucha, un thé chinois pétillant réputé pour ses bactéries digestives, des graines de kefir dans du lait ou dans de l’eau mélangée à du sucre et des figues sèches. Et enfin, une potée de riz en fermentation qui servira à fabriquer le makgeolli, un alcool de riz coréen proche de la bière.

(1) Atelier fermentation avec Emmanuel Ferrand et Adrienne Ressayre. (2) Fermentation du riz pour la préparation du magkeolli, (3) morceau de kombucha, (4) dans les pots, kéfir de fruit, de lait, kombucha. Aout 2012 au festival A Pado Loup, Alpes-Maritimes - (cc) Ophelia Noor

Les enjeux, selon Emmanuel Ferrand, sont similaires à ceux du logiciel libre sur la privatisation du vivant :

Les techniques de fermentation ont évolué au cours du temps, elles sont aujourd’hui accaparées par des entreprises qui veulent breveter ces produits déjà existants. La société moderne tend à normaliser les nourritures, et pour des raisons de santé publique en partie justifiées on impose des règles strictes de fabrication, on normalise les pratiques. Avec la FFF nous essayons de faire l’inventaire de ces techniques de fermentations et de préserver celles qui sont plus ou moins borderline ou en voie de disparition – parce que confrontées à des produits commerciaux normés – et de les reproduire.

Tous les matins à 11h, une petite foule se rassemble sous l’arbre à l’écoute des deux chercheurs. On prend le pouls des bactéries, le fromage de kefir, la bière de riz… Après l’atelier fermentation, la conversation dérive chaque fois sur des sujets connexes avec une confrontation stimulante entre Emmanuel le mathématicien, et Adrienne la biologiste : le génome, la pensée réductionniste, les OGM, les mathématiques, la physique, le cancer, les bactéries, le brevetage du vivant.

Des connaissances et des savoirs-faire précieux et ancestraux qui font partie de nos biens communs : “En plus de l’inventaire, nous reproduisons ces techniques ancestrales. Nous partageons nos expérimentations avec d’autres personnes sur le réseaux ou en atelier, comme aujourd’hui à Pado Loup, avec le magkeolli, le kéfir et le kombucha.”
L’écodesign militant

Chacun participe au bon fonctionnement du camp et les tâches ne manquent pas entre la préparation d’un des trois repas, couper du bois pour le feu, ou aller chercher de l’eau potable à la fontaine, deux kilomètres plus bas. Les déchets sont systématiquement recyclés et les restes des repas végétariens sont jetés dans une poubelle spéciale dédiée au compost. Toujours dans le même souci d’utiliser au maximum les ressources naturelles du lieu, Christophe André, ingénieur et designer, proposait deux ateliers d’ecodesign : la construction d’un four solaire et d’une petite maison, sur le principe de l’architecture bioclimatique.

Le jour où on lui a demandé de fabriquer un objet à duré de vie limité, Christophe André a abandonné sa carrière d’ingénieur. Confronté à la tyrannie de l’obsolescence programmée dans les modes de production industriels, il se lance dans des études de design et apprend pendant plusieurs années à fabriquer lui même tous ses objets du quotidien au lieu de les acheter. Il fonde l’association Entropie en 2008. L’idée, proposer un design d’objet sous licence libre à des entreprises, des particuliers ou des collectivités et de rédiger des notices, également sous licence libre, pour diffuser ces savoirs et surtout les fabriquer.

Le four solaire réalisé lors de l'atelier d'ecodesign avec Christophe André, fondateur de l'association Entropie - (cc) Ophelia Noor

La construction du four solaire a nécessité quatre heures de bricolage à une dizaine de participants2. Le four suit le mouvement du soleil, tel un tournesol, grâce à une cellule photovoltaïque coupée en deux par une planche. Sur le principe du cadran solaire, lorsque qu’une partie s’assombrit, un petit moteur, sous une plaque tournante fait tourner le four dans la même direction que le soleil. Un gâteau aux pommes a mis plus de quatre heures à cuire.

Après le repas, lorsque la nuit sans lune recouvre A Pado Loup, un grand feu est allumé. La dizaine d’enfants et les adultes s’y retrouvent pour des jeux, des concerts improvisés. D’autres lancent une projection sonore avec de la musique expérimentale pendant que l’équipe du Graffiti Research Lab part à l’assaut des prairies du Mercantour pour des session de lightpainting3.

La vie la nuit : dans la yourte, le développement photo argentique, les expériences de musique expérimentale, convivialité autour du feu, et atelier lightpainting avec le Graffiti Research Lab. - (cc) Ophelia Noor

De cette seconde expérience, Ursula Gastfall, membre du TMP/LAB, préfère ne pas y penser en termes de pérennisation : “Entre les Estives et APadoLoup, deux ans sont passés. Étant accueillis par des particuliers, nous préférons ne pas faire de plan et pourquoi pas, profiter d’un lieu encore différent la prochaine fois.” L’esprit du hacking, libre et nomade continue de se disséminer dans la nature.

 

 

19Août/12Off

Grenelle de l’environnement : la supercherie écologique [Jean-Christophe Mathias]

Cet ouvrage est une analyse juridico-politique des lois Grenelle 1 et Grenelle 2.

Il démontre que ce qui a été présenté comme une opération pour la protection de l’environnement était une manipulation purement électoraliste.

17Août/12Off

Pétition : Exploration et exploitation du gaz de schiste (Quebec)

Ici ou labas, le gaz de schiste on en veut pas! Une vidéo québécoise sur le défaut de démocratie dans l'exploitation des Gaz de Schiste, si le Parti Socialiste reouvre le dossier du gaz de schiste alors à nous de le fermer pour toujours.

Texte de la pétition

CONSIDÉRANT QUE des travaux d’exploration visant à exploiter le gaz de schiste se déroulent au Québec et qu’ils présentent des risques environnementaux importants, notamment pour l’eau en raison des produits chimiques utilisés pour la fracturation ainsi que l’augmentations des GES (gaz à effet de serre);

CONSIDÉRANT QUE des conséquences environnementales de cette exploitation ont eu des effets dévastateurs aux États-Unis et en Alberta;

CONSIDÉRANT QUE ces travaux soulèvent une inquiétude légitime chez les citoyens et les citoyennes, des communautés ainsi que des élus municipaux qui n’ont pas les pouvoirs d’arrêter ces travaux ou n’ont pas les ressources pour gérer les conséquences de tels travaux;

CONSIDÉRANT QUE le Bureau d'audiences publiques sur l’environnement a reçu un mandat qui se limite à proposer très rapidement un cadre de développement de la filière des gaz de schiste et que pendant ce temps les forages se poursuivent;

CONSIDÉRANT QUE le Québec est actuellement apte à entreprendre un virage vers l’exploitation des énergies durables qui contribuerait à la diminution des GES tout en contribuant à l’emploi et à la richesse collective dans une optique nationale ;

CONSIDÉRANT QU’il est fondamental de décider collectivement de l’exploitation de nos ressources et que l’importance de cet enjeu nécessite une large consultation publique visant entre autres à décider de notre avenir énergétique ;

Nous, citoyens québécois, demandons que le gouvernement provincial du Québec ordonne un moratoire complet sur l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste.

10Août/12Off

Une civilisation sans Coca Cola est possible : la boisson emblématique de l’impérialisme exclue de Bolivie à compter du 21 décembre 2012 !

Nous nous souvenons de la STN coca cola qui epuiser l'eau en Inde lors d'une secheresse extrème. Les indiens ne comprenez pas qu'il n'avait plus d'eau pendant que cocacola continué a pomper de l'eau pour la production de sa boisson. Et en Bolivie le miracle.

Le ministre bolivien des affaires étrangères, David Choquehuanca, l’a rendu public le 13 juillet en présence du président Evo Morales. Le Coca Cola cessera d’être commercialisé en Bolivie à compter du 21 décembre 2012.

La date n’a pas été choisie au hasard. Ce solstice d’été (dans l’hémisphère sud) doit marquer, selon le calendrier traditionnel maya, la fin d’une civilisation et le début d’une autre.

A cette occasion, le président et le gouvernement boliviens ont prévu, à travers plusieurs manifestations, de marquer la fin de l’égoïsme, de la division, du capitalisme et le début de la « civilisation de la vie ».

La boisson capitaliste par excellence, le Coca cola, sera symboliquement abandonnée lors d’une grande fête en l’honneur de la « Mocochinche », boisson locale à base de pêche.

Au-delà de la symbolique politique purement bolivienne, cette décision a des fondements qui concernent tous les peuples du monde. Le distributeur de la multinationale n’a pas réussi à obtenir le renouvellement de sa licence pour des raisons objectives.

Les études se suivent démontrant les problèmes de santé publique que cause la consommation des boissons sucrées industrielles. En France, une taxe spéciale a été édictée au nom de ce fait.

La multinationale Coca-Cola, de même que ses concurrents, se conduit comme un prédateur économique en Bolivie comme ailleurs. La décision du gouvernement bolivien suit plusieurs avertissements restés sans suite. Depuis des années, Coca-Cola et son relais en Bolivie s’accaparent la production nationale de sucre pour revendre au prix cher leurs bouteilles et canettes grâce à leur position dominante sur les réseaux de distribution et à la publicité envahissante que l’on connaît. Les subventions sur le sucre ont d’autres objectifs que de nourrir les profits de Coca-Cola.

Il y a quelques années en France, un profond mouvement montait contre l’invasion de Mac-Donald.

Poursuivons, avec l’aide des initiatives de nos amis boliviens, l’offensive contre Mac-Do, Coca-Cola, etc. à la fois multinationales capitalistes et véhicules idéologiques de l’impérialisme US/UE.

Le 21 décembre 2012, nous trinquerons à la Mocochinche !

9Août/12Off

La cour de justice contre les semences fermières

Paru sur : biosphere

LE MONDE* fait un encart sur « La justice européenne contre les semences libres ». Il ne remet pas en question les motivations croissancistes de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) : « La Cour estime que l'objectif premier des lois européennes en vigueur "consiste à améliorer la productivité des cultures de légumes" ce qui impose l'obligation de ne commercialiser que des semences de légumes recensées dans des catalogues officiels. » Alors laissons la parole à l’association Kokopelli qui a perdu un procès qui devait être gagné :

« Un changement de cap absolu qui ne manque pas de surprendre. La Cour de Justice, par sa décision rendue aujourd'hui dans l'affaire Kokopelli c. Baumaux, vient de donner un satisfecit intégral à la législation européenne sur le commerce des semences. Pourtant, le 19 janvier dernier, son Avocat Général nous donnait entièrement raison, en estimant que l'enregistrement obligatoire de toutes les semences au catalogue officiel était disproportionné et violait les principes de libre exercice de l'activité économique, de non-discrimination et de libre circulation des marchandises. (V. ses conclusions)

La Cour, aux termes d'une analyse étonnement superficielle de l'affaire, et d'une décision qui ressemble plus à un communiqué de presse qu'à un jugement de droit, justifie l'interdiction du commerce des semences de variétés anciennes par l'objectif, jugé supérieur, d'une "productivité agricole accrue" ! L'expression, utilisée 15 fois dans la décision de la Cour, consacre la toute puissance du paradigme productiviste. Ce même paradigme, qui avait présidé à la rédaction de la législation dans les années soixante, a donc encore toute sa place en 2012. La biodiversité peut donc être valablement sacrifiée sur l'autel de la productivité. Cela fait 50 ans que cela dure et le fait que ce raisonnement nous ait déjà amenés a perdre plus de 75% de la biodiversité agricole européenne n'y change donc rien. (V. les estimations de la FAO)

Si la Cour mentionne les dérogations supposément introduites par la Directive 2009/145 pour les "variétés de conservation", son analyse s'arrête à la lecture des grands titres. Comment les juges n'ont-ils pas voulu voir que les conditions d'inscription des variétés de conservation, dans la réalité, étaient restées pratiquement identiques à celles du catalogue officiel normal [1]? Le critère d'homogénéité, par exemple, particulièrement problématique pour les variétés anciennes, ne connaît aucune modération. La Cour n'a-t-elle pas lu les témoignages de nos collègues européens, déjà confrontés à des inscriptions impossibles de leurs semences sur cette liste ? Cette directive est un véritable leurre, que Kokopelli et tant d'autres organisations européennes ont déjà dénoncé, et ne vise pas à permettre la commercialisation des variétés anciennes ni même à conserver la biodiversité semencière.

De plus, cette biodiversité, qui a nourri les populations européennes pendant les siècles passés, est l'objet de la plus grande suspicion. La Cour va ainsi jusqu'a écrire, par deux fois, que la législation permet d'éviter "la mise en terre de semences potentiellement nuisibles" ! Cette remarque est totalement erronée puisque, comme l'avait justement relevé l'Avocat Général, l'inscription au Catalogue ne vise pas à protéger les consommateurs contre un quelconque risque sanitaire ou environnemental, auquel la législation ne fait même pas référence ! Cette remarque, surtout, est choquante, quand on pense que les semences du Catalogue, enrobées des pesticides Cruiser, Gaucho et autres Régent, ou accompagnées de leur kit de chimie mortelle, empoisonnent la biosphère et les populations depuis plus de cinquante ans !

Le lobby semencier (European Seed Association), qui a pris le soin, pendant le cours de la procédure, de faire connaître à la Cour son désaccord avec l'avis de l'Avocat Général, se réjouit, dans tous les cas, de cette totale convergence de vues avec la Cour. (V. son communiqué et sa lettre adressée à la Cour.) Nos adversaires directs dans cette procédure, c'est-à-dire la société Graines Baumaux, mais aussi la République Française, le Royaume d'Espagne, la Commission Européenne et le Conseil de l'UE, doivent également s'en frotter les mains.

Avec cette décision, les masques tombent : la Cour de l'Union Européenne est, elle aussi, au service de l'agriculture chimique mortifère et de son idéologie corruptrice. Tout cela se comprend par l'examen du contexte dans lequel prend place cette décision : en Europe, une réforme générale de la législation sur le commerce des semences est en cours. La procédure est placée sous le haut parrainage de l'industrie semencière. Les associations de sauvegarde de la biodiversité, petits producteurs, paysans et jardiniers passionnés, qui, à travers toute l'Europe, conservent clandestinement plus de variétés oubliées que tout ce que le catalogue des variétés appropriées n'en pourra jamais contenir, n'ont pas été invitées à la table des négociations…

Verra-t-on, dans ce cadre, le législateur européen redéfinir ses priorités ? Les semenciers veilleront à ce que cela ne soit pas le cas. La France, dans ce cadre, joue un rôle particulier. Le Ministère de l'Agriculture a dépêché l'une des collaboratrices du GNIS [2], Mme Isabelle Clément-Nissou, auprès de la Commission Européenne (DG SANCO), afin de rédiger le projet de loi ! Mais les conflits d'intérêt, inadmissibles, ne semblent choquer personne au niveau des institutions européennes…

Ainsi, l'étau se resserre et les perspectives pour la biodiversité n'ont jamais été aussi sombres. Et l'Association Kokopelli, qui depuis 20 ans veille avec passion à la préservation du patrimoine semencier européen, bien commun de tous, sans la moindre subvention publique, pourrait donc bien disparaître demain, car son activité, qui gêne l'une de nos sociétés commerciales les mieux installées, ne présente pas d'intérêt pour une "productivité agricole accrue". Cette décision nous sidère, autant qu'elle nous indigne.

Kokopelli, le 13 juillet 2012

[1] La directive 2009/145 prévoit que les critères de distinction et de stabilité sont laissés à la discrétion des Etats membres et que, par contre, «pour l'évaluation de l'homogénéité, la directive 2003/91/CE s'applique» : art. 4 §2

[2] Le GNIS représente les semenciers professionnels en France et dit officiellement «défendre les intérêts de la filière semence» � V. son site Internet

* LE MONDE du 3 août 2012

3Août/12Off

La caravane à vélo des indignés du Nucléaire

Un petit groupe de gens déterminés peut-il changer le cours des choses et cette folie Nucléaire qui un jour, nous conduira à la même catastrophe qui frappa nos amis japonais? Les caravaniers ne se posent pas la question et ils savent avoir raison. Le vent de l’histoire souffle en leur faveur. Qu’importe s’ils sont une infime minorité, ils sont les seuls à porter la vérité et la sagesse, cela suffit à leur donner la force de subir les moqueries de tous les autres, confits dans un confort factice, installés dans une logique mortifère, méprisant les générations futures au nom d’un désir égoïste de bien-être.

Ils vont prendre la route le dimanche 5 août de Plogoff, lieu symbolique pour l’espoir anti-nucléaire afin de sillonner les sites dédiés au Dieu Atome jusqu’à Fessenheim, probable sanctuaire de notre déraison atomique. Il se peut qu’ils ne soient qu’une poignée, le nombre ne préjuge pas de la pertinence de l’action. D’étape en étape, ils font le pari de l’effet boule de neige pour que croisse cette caravane. Il espère aussi que la vérité sur Fukushima éclate enfin au grand jour médiatique !

Ils sont porteurs d’objectifs simples, à l’aune de leur modeste et durable moyen de locomotion. Ils s’adressent à la conscience collective, à la raison de ceux qui veulent enfin ouvrir les yeux sur notre fuite en avant vers l’accident certain. Ils ne sont pas Cassandre, car au fond de leur cœur, ils ont la conviction qu’il n’est pas trop tard et qu’il est encore possible de mettre un terme à ce suicide collectif.

Ils souhaitent tout d’abord réveiller le souvenir des résistances victorieuses contre cette force monstrueuse et sournoise de l’énergie nucléaire. C’est ainsi que Plogoff, Erdeven, Le Pellerin-Le Carnet, Bourg d’Iré et Wyhl, lieux symboles du recul de l’atome devant la force d’une population concernée et lucide seront sur leur trajet.

Ils vont réclamer ce débat évoqué, ce débat nécessaire, ce débat indispensable qui doit être mené dans notre pays. La promesse d’un candidat n’engage jamais le président élu, c’est pourquoi les oreilles de Monsieur Hollande doivent siffler tout au long de ce trajet de la mémoire des catastrophes de Mayak, Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima, et dans une mesure sans doute moindre de Winscale-Seaffield et Saint-Laurent-des-Eaux (1969 et 1980), pour que notre tour ne vienne pas dans cette sinistre liste.

Ils vont réclamer, du haut de leurs fiers coursiers métalliques, que l’on prenne grand soin de tous les personnels qui œuvrent à cette énergie si dangereuse. Intérimaires et salariés titulaires doivent être l’objet de tous nos dorlotements. Un jour ou l’autre, ils seront confrontés à la catastrophe inévitable et leur sacrifice alors sera la clef de notre survie momentanée.

Enfin, puisque l’étape ultime de cette traversée de la France d’Ouest en Est est Fessenheim, la caravane demandera la fermeture prochaine et sans nouveaux reports de cette trop vieille centrale à bout de souffle et en grand danger. La sagesse imposerait ce que l’appétit financier ne peut accepter. Quelle logique l’emportera sur l’autre ? Celle de la vie ou bien celle de l’argent ?

Pour participer à ce mouvement pacifique et vital, il suffit de vous joindre aux cyclistes de la vie, les caravaniers des indignés du Nucléaire. Une étape, un accueil sur la route, un simple signe de la main seront autant de gestes symboliques qui diront à nos élus que le mensonge d’état ne peut continuer plus longtemps. L’énergie nucléaire n’est pas une énergie comme les autres, elle est porteuse de risques disproportionnés et elle enferme la France dans une logique industrielle et énergétique qui n’est plus celle de tous nos voisins.

Vous trouverez ici les différentes étapes de cette caravane qui se déroulera dans la bonne humeur. Des animations, des débats, des artistes animeront les étapes auxquelles vous êtes tous invités à participer. Le Nucléaire n’est pas l’affaire de techniciens aux ordres du pouvoir de l’argent et du mensonge. Puisque vos vies sont menacées, votre avis doit être écouté.

Caravanement vôtre.

 

Caravane à vélo de Plogoff à Fessenheim
des indignés de plus en plus inquiets du nucléaire

DIMANCHE 5 AOUT : départ de Plogoff après un pique-nique festif sur le site de Feunteun Aod, sur lequel grâce à un combat acharné mené de 1978 à 1981 n’erre plus désormais que le souvenir fantomatique d’une centrale nucléaire. Arrivée à la ferme de Gorré à Plouhinec.

lundi 6 aout : arrivée à Sainte Anne La Palud

mardi 7 aout : arrivée à la maison du cidre d’Argol, après commémoration au Fret à 17 h des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 aout 1945

mercredi 8 aout : arrivée à la centrale de Brennilis

jeudi 9 aout : arrivée à Carhaix

vendredi 10 aout : arrivée à Meslan et visite des sites des anciennes mines d’extraction d’uranium

samedi 11 aout : arrivée à ERDEVEN, lieu d’une opposition victorieuse à l’implantation d’une centrale nucléaire en 1975

DIMANCHE 12 AOUT : arrivée à Muzillac

lundi 13 aout : arrivée à Guérande, après passage sur le site des anciennes mines d’extraction d’uranium

mardi 14 aout : arrivée au CARNET, lieu d’une opposition victorieuse à l’implantation d’une centrale nucléaire (1982-1997)

mercredi 15 aout : arrivée au PELLERIN, lieu d’une opposition victorieuse à l’implantation d’une centrale nucléaire (1976-1981)

jeudi 16 aout : arrivée à Mauves-sur-Loire

vendredi 17 aout : arrivée à Ingrandes

samedi 18 aout : arrivée à Champteussé-sur-Baconne,installation de stockage de déchets dangereux (de Saint-Laurent-des-Eaux, de Chinon)

DIMANCHE 19 AOUT : arrivée à La Daguenière

lundi 20 aout : arrivée à la centrale d’AVOINE

mardi 21 aout : arrivée à Tours

mercredi 22 aout : arrivée à Chaumont-sur-Loire

jeudi 23 aout : arrivée à la centrale de SAINT LAURENT DES EAUX

vendredi 24 aout : arrivée à Orléans

samedi 25 aout : arrivée à la centrale de DAMPIERRE EN BURLY

DIMANCHE 26 AOUT : arrivée à la centrale de BELLEVILLE

lundi 27 aout : arrivée à Entrains-sur-Nohain

mardi 28 aout : arrivée à Vézelay

mercredi 29 aout : arrivée à Semur-en-Auxois

jeudi 30 aout : arrivée à Darcey

vendredi 31 aout : arrivée à Moloy (Valduc,
 CEA : centre nucléaire pour la production d’armements)

samedi 1er septembre : arrivée à Dijon

DIMANCHE 2 SEPTEMBRE : arrivée à Pesmes, après passage à Pontailler-sur-Saône (déchets, stockage. Installation de stockage de déchets dangereux ayant reçu des boues de décantation de très faible activité provenant du Centre d’Etudes de VALDUC)

lundi 3 septembre : arrivée à Besançon

mardi 4 septembre : arrivée à Baume-les-Dames

mercredi 5 septembre : arrivée à L’Isles-sur-le Doubs

jeudi 6 septembre : arrivée à Montbéliard

vendredi 7 septembre : arrivée à Mulhouse

SAMEDI 8 SEPTEMBRE : arrivée à la centrale de FESSENHEIM

et DIMANCHE 9 SEPTEMBRE :

festivités puis ballade à WYHL en Allemagne. En 1975, occupation du chantier de la centrale nucléaire par 25 000 militants pendant 8 mois : de Kaisergaust (Suisse) à Gerstheim (Bas-Rhin), 12 projets de réacteurs sur le Rhin sont abandonnés.

Source: http://cestnabum.blogs.nouvelobs.com/

2Août/12Off

La lutte contre les Grands projets inutiles imposés : Du refus de l’extractivisme au choix d’une société du Bien-vivre

Paru sur le site : http://www.les-oc.info/2012/07/gpi-paul-aries/
de Michel Lepesant
La lutte contre les Grands projets inutiles imposés : Du refus de l’extractivisme au choix d’une société du Bien-vivre – Message de Paul Ariès

La tenue de ce deuxième Forum européen contre les Grands projets inutiles imposés est à la fois une mauvaise nouvelle et une excellente nouvelle…

Mauvaise nouvelle car il signifie que le capitalisme productiviste est en train de passer à la vitesse supérieure en matière d’adaptation à ses propres besoins de la planète, des espaces, des infrastructures et de l’humanité (transhumanisme).. Mauvaise nouvelle aussi car les forces politiques et sociales sous-estiment trop la dangerosité de ces projets, dénonçant simplement des politiques d’images comme le greenwashing. Le capitalisme vert est bien un vrai projet, un grand projet dont nous commençons à percevoir les contours dans tous les domaines à l’échelle mondiale. Je rêve donc que ce Forum soit un cri d’alerte qui puisse être entendu par l’ensemble des mouvements qui luttent pour poursuivre le mouvement historique d’émancipation. Mauvaise nouvelle donc puisque si nous sommes mobilisés contre ces grands projets inutiles imposés c’est que le capitalisme est en train de passer un nouveau cap.
Ce Forum est toutefois une excellente nouvelle car il témoigne qu’une convergence est en train de se réaliser non seulement entre le social et l’écologie, non seulement entre le politique et l’éthique mais entre les luttes engagés dans les pays du Sud et celles qui se développent dans toute l’Europe contre les projets nuisibles. Ce Forum est donc une excellente nouvelle car il est le signe d’une capacité nouvelle à (re)politiser des enjeux trop longtemps considérés comme secondaires…Nous renouons ainsi avec la longue histoire des résistances populaires contre ce que les puissants ont toujours présenté comme le progrès et qui n’est que l’organisation de la société, du monde, de la conception même de la vie au service d’une petite minorité. Nous sommes aujourd’hui les descendants des paysans refusant le passage de la faucille à la faux, ceux des communautés se mobilisant pour défendre leurs droits au ramassage des bois morts, au glanage, ceux des ouvriers cassant certaines machines, ceux des villages mobilisés contre l’implantation des grands barrages, etc. Nous avons derrière nous une longue histoire dont nous pouvons être fiers.
Les mouvements socialistes étaient encore très sensibles à ces questions au 19e siècle. Il suffit pour s’en convaincre de relire leurs critiques de la ville et de l’industrialisation. Il a fallu la montée de l’économisme (cette idée que « plus serait forcément égal à mieux »), il a fallu une vision linéaire et déterministe de l’histoire avec l’idée d’un enchainement automatique des modes de production (après le capitalisme, étape nécessaire, viendrait nécessairement le socialisme…), il a fallu le renoncement à mener la lutte dans le champ de la consommation et même de la production (avec le sabordage des mouvements coopératifs), il a fallu finalement que nous réduisions le combat à la seule question d’un partage plus juste du gâteau, sans s’interroger sur sa recette (qu’est-ce qu’on produit ?comment et pour quels besoins ?) pour que les gauches perdent le mode d’emploi de la critique des grands projets capitalistes. Nous avons accepté les modes de vie qui sont ceux du capitalisme, oubliant que le capitalisme n’est pas seulement un système économique reposant sur l’exploitation mais un style de vie, avec ses aménagements, ses produits spécifiques. Nous avions oublié majoritairement chemin faisant que si le capitalisme donne à jouir …il s’agit d’une mauvaise jouissance, d’une jouissance d’emprise, d’une jouissance d’avoir, celle du « Toujours plus » (de richesses économiques et de pouvoir).
Un petit village antiproductiviste a bien toujours résisté mais tellement minoritaire, tellement ridiculisé qu’il avait presque fini par devenir pessimiste. Nous avons su cependant au 20 e siècle entretenir cette critique des modes de vie capitalistes et productivistes et des grands projets qui leurs sont consubstantiels, avec la critique des éléphants blancs en Afrique, ces mégaprojets sans rapport avec les besoins réels de la population, avec le choix d’une médecine aux pieds nus et des dispensaires plutôt qu’une fuite en avant dans l’industrialisation médicale, avec les travaux d’Illich et de tant d’autres sur la santé, sur l’école, sur l’économie vivrière. Nous avons refusé le nucléaire, le bétonnage des rivières, la gentrification urbaine. Nous ne partons donc pas de rien ni sur le plan théorique ni sur le plan matériel. Ce qui est nouveau cependant et dont témoignent non seulement ce Forum mais le renouveau des mobilisations contre les Grands projets inutiles imposés, c’est que nous pouvons enfin renouer avec un antiproductivisme enfin optimiste.
Le Sarkophage, journal des gauches antiproductivistes, salue donc votre Forum. Nous savourons plus particulièrement deux choses dans ces mobilisations.
1) Cette critique des Grands projets inutiles imposés nous (re)vient d’abord des pays les plus pauvres, notamment de l’Amérique du Sud et de l’Afrique. Nous devons nous mettre à l’écoute de tous ces nouveaux gros mots qui se cherchent pour dire les nouveaux chemins d’émancipation : le sumak kawsay des amerindiens, le Buen-vivir équatorien et bolivien, la vie pleine en Inde, l’eudémonia, la vie bonne, en Grèce, etc. Tous ces « nouveaux gros mots » participent au renouvellement de la pensée politique et des formes d’organisation, des modalités de la résistance. Ce combat contre les Grands projets inutiles imposés est l’une des formes que prend l’engagement pour le Buen-vivir (le Bien vivre) à travers non seulement des expériences de luttes mais un bagage conceptuel nouveau.

Les plus pauvres nous ont fait cadeau ces dernières années du concept d’extractivisme et d’anti-extractivisme qui ne condamne pas seulement le pillage des ressources naturelles et le saccage de la planète mais dénonce toutes les logiques de « maldéveloppement » imposées aux peuples. Notre combat contre les Grands projets inutiles imposés est pour moi la traduction européenne de ce combat contre l’extractivisme prédateur. L’extractivisme désignait au départ les activités de prélèvement et de commercialisation des produits de la forêt (bois, gomme, fibres, fruits). Cette notion s’est étendue ensuite à toutes les industries qui supposent d’exploiter TOUJOURS PLUS les ressources (charbon, pétrole, etc), mais aussi aux mono-industries agricoles et aux grandes infrastructures. Ce mouvement contre l’extractivisme est né au Brésil dans la lignée du mouvement des paysans sans terre. Ces mêmes communautés ont fondé le MAB (Mouvement des affectés par les barrages) lorsque le gouvernement brésilien à décidé de construire de nouveaux barrages. Le MAB n’est pas opposé à l’énergie hydraulique mais estime qu’elle est déjà largement suffisante pour couvrir les besoins réels de la population. J’aurai presque envie de dire les besoins de la population réelle (face aux enrichis). Le problème ce sont en effet les intérêts économiques en jeu derrière la construction des barrages et la vente de l’énergie produite. Le grand slogan du MAB c’est « l’énergie pour quoi et pour qui »…Les amerindiens parlent eux de « zones de sacrifices » pour désigner ces territoires destinés à fournir matières premières et énergie au capitalisme. Ce discours anti-extractiviste croise celui en faveur des Biens communs puisqu’il s’agit de refuser à la fois la privatisation et les gaspillages. Il ne s’agit donc pas d’un discours purement savant mais pratico-pratique. La question de l’eau est ainsi emblématique car si les peuples s’opposent à la construction de grands barrages c’est parce qu’ils savent que, par exemple, en Equateur, les grandes exploitations agricoles qui représentent 1 % de la totalité des surface consomment 67 % de l’eau utilisée…c’est parce qu’ils savent que ce besoin de « toujours plus » d’eau est lié à l’extraction des minerais, aux puits de pétrole, aux gaz de schistes, etc.
Ce concept d’extractivisme prolonge donc celui de pillage des ressources. Il dénonce l’exploitation de la nature au plus bas coût mais aussi le fait que notre système ne peut perdurer sans continuer à accroitre, toujours plus, l’extraction des ressources naturelles, la destruction des écosystèmes. Le projet Yasuni ITT (avec ses contradictions) est devenu aujourd’hui l’emblème de ce combat contre l’extractivisme. Mais comme le dit Alberto Acosta, le père du mouvement du Buen vivir en Equateur, l’initiateur du projet Yasuni-ITT et ex-président du Conseil constitutionnel, la meilleure façon, pour un européen, d’être fidèle au projet Yasuni-ITT, c’est de faire mille projets Yasuni, c’est-à-dire chez nous aussi de laisser dans le sous-sol les ressources les plus rares et les plus dangereuses. Pas d’extraction pétrolifère en Equateur, pas de gaz de schiste chez nous ! Nous devons cependant immédiatement ajouter, avec nos amis d’Amérique du Sud, que si nous refusons l’extractivisme ce n’est pas pour remplacer le pétrole par une autre énergie (fut-elle renouvelable) afin de continuer à vivre comme avant…mais c’est bien pour changer nos façons de produire et de consommer. Alberto Acosta le dit dans le Sarkophage « le Bien vivre ce n’est pas le bien-être au sens de la société de consommation occidentale ».
Ce mouvement contre l’extractivisme peut servir de matrice à de nombreux combats contre les projets pharaoniques du capitalisme vert (aéroports, autoroutes, LGV, grands barrages, mégaprojets industriels, commerciaux, touristiques, etc). Notre réflexion est en effet assez bien avancée dans certains domaines comme dans celui de l’agriculture et de l’alimentation. Nous savons comment passer d’un modèle agro-industriel délocalisé, intensif, dépendant du pétrole, gourmand en eau, générateur de GES, incapable de nourrir sept milliards d’humains à une agriculture écologique, paysanne, reposant notamment sur des circuits courts, une agriculture donnant à chacun les moyens de vivre et permettant de refroidir la planète. Nous savons grâce aux luttes du Sud dénoncer non seulement l’extractivisme agricole, celui des monocultures (soja, huile de palme, etc), mais celui lié aux plantations d’arbres en régime de monoculture industrielle qui ne sont que la réponse aux besoins de l’industrie en cellulose, en papier, en agrocarburant, et même en Mécanismes dit de développement propre (MDP). Nous devons avancer vers un anti-extractivisme conquérant dans tous les secteurs. C’est tout le sens de l’appel à « changer le système, pas le climat ». C’est tout le sens de l’Accord des peuples, issu de la première conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la terre-mère, organisé à Cochabamba en Bolivie. Les adeptes de la croissance folle nous disent… « Allez prêcher l’objection de croissance aux milliards de pauvres ». Mais nous ne leur prêchons rien. Nous nous mettons même à leur écoute. Ce sont eux qui parlent le mieux de remettre en, cause le modèle économique croissanciste, le développementalisme, le culte de la techno-science.

2) Cette critique des grands projets inutiles imposés est aussi l’indice d’une nouvelle prise de conscience de l’écart qui se creuse entre une petite minorité d’enrichis et une immense majorité d’appauvris. Le slogan du mouvement des Indignés « nous sommes 99 %. Ils sont 1 % » témoigne de cette prise de conscience. Nous pouvons sans doute beaucoup plus facilement convaincre que nous n’avons rien à gagner à ces projets. Certains verront dans cette prise de conscience l’indice d’un retour à ce qu’on nommait autrefois les frontières de classes…Frontières de classe qui redeviendront plus visibles avec le mouvement de démoyennisation de la société (cette fin programme des classes moyennes dont témoigne, par exemple, en France cette génération des Bac + 5 à 1000 euros). Non les peuples n’ont rien à gagner à ces projets qui satisfont à la fois les logiques de profit du système mais aussi ses fantasmes de toute-puissance…
Cette critique des Grands projets inutiles imposés a aussi la vertu de remettre en cause le caractère prétendument « inévitable » des décisions de nos « maitres ». Chaque fois que nous contestons un projet de ce type nous contribuons à « dénaturaliser la société ». Nous montrons donc qu’un autre monde est possible.
Nous défendons ainsi l’idée qu’il n’existe pas une seule façon d’aménager la vi(ll)e. Nous montrons qu’on peut bien mieux défendre le droit au déplacement en organisant la gratuité des transports en commun urbains qu’en généralisant autoroutes et LGV. Nous sommes donc du côté de la vraie démocratie qui est toujours de postuler la compétence des incompétents, de reconnaitre que l’expertise des citoyens, des usagers vaut bien celle des spécialistes du système, que ces spécialistes ne sont là que pour éclairer les choix, car il est bien question de choix entre des possibles…En nous opposant aux Grand projets inutiles imposés nous ne disons donc pas seulement « Non à tout ce qui nous tue », nous disons aussi « Oui à la vie »…
C’est bien parce que notre combat est celui d’un surcroit de démocratie que nous n’entendons pas nous substituer aux gens pour décider ce qui est bon pour eux, contrairement aux concepteurs, aux décideurs ; aux aménageurs du capitalisme vert. Nous entendons rendre la parole aux citoyens et usagers, pas parler à leur place. C’est pourquoi nous ne hiérarchisons pas a priori nos combats, nos mobilisations. Il n’y a pas de lutte contre un grand projet qui soit initialement plus importante qu’une autre. Il n’y a pas non plus de liste savamment préétablie de ce que serait un projet nuisible. C’est aux gens d’en décider librement, quitte à ne pas nous satisfaire.
Les gens peuvent choisir de malvivre. A nous de continuer le combat ! Nous devons nous entendre sur le principe que toutes nos mobilisations se valent : refus de la construction d’aéroport, de nouvelles autoroutes, de lignes TGV ou LGV, de grands projets touristiques et de loisirs (type Disney, bulles tropicales à deux heures de Paris, etc), grands stades type « OL Land », Tramway-gadget et caution écolo, EPR, mégacentres commerciaux, touristiques, d’affaires, grands projets d’aménagements urbains, OGM, nanotechnologies, implantation des jeux olympiques, etc. Cette liste n’est pas limitative dans la mesure justement où il s’agit bien d’apprendre à articuler la critique spécifique d’un grand projet inutile imposé et une critique globale…Chacun de ces grands projets inutiles imposés traduit l’idée d’une production qui devient toujours plus parasitaire, devient le symptôme d’un capitalisme prédateur qui ne peut plus réaliser des affaires qu’en saccageant la planète et en l’adaptant à ses besoins. Ces Grands projets inutiles imposés sont autant de manifestations d’une même junkproduction (production pourrie), une junkproduction qui s’étend sans limite (junkfood, junkfarming, junkspace, junkhealth, junkscience, junksport, etc).
Nous devons nous saisir des objets les plus visibles, les plus ordinaires. Nous avons mieux réussi la mobilisation contre McDo que contre Disneyland en raison justement de son caractère familier, de sa dimension hautement symbolique. Le combat contre les OGM est cependant un contre-exemple qui prouve la capacité à mobiliser sur un objet réputé difficile. Il faut pour cela trouver les bons mots…Il faut aussi oser des actes forts, des actes de désobéissance qui interpellent la population. Nous peinons en revanche à trouver les bons modes opératoires dans nos mobilisations contre la Wifisation, contre l’irradiation des aliments, les nanotechnologies, etc. Signe que chaque fois que le système nous enferme dans un logos prétendument scientifique…cela enferme dans un sentiment d’incompétence. Nous devons donc nous situer du côté de la réalité induite des modes de vie c’est-à-dire de la satisfaction des besoins sociaux, du côté du bon usage ou du mésusage.
Cette lutte contre les Grands projets inutiles imposés me semble aussi indispensable pour redévelopper notre sensibilité, pour redécouvrir, pas à pas, ensemble les conditions objectives et subjectives d’une malvie et d’une vraie vie. Nous avons trop estimé par le passé ce que le capitalisme a fait à la sensibilité. Ce système nous a largement insensibilisés à la fois sur le plan émotionnel et éthique. Nous devenons de ce fait moins capables de ( res)sentir ce qui s’oppose à la vie bonne. Nous acceptons des transformations néfastes de notre cadre et de notre mode de vie, non pas parce que nous serions majoritairement bêtes ou manipulés, mais parce que notre sensibilité est atrophiée, parce que nous manquons d’imagination. La grande vertu de notre combat c’est justement de partir de l’extérieur du système (ce que nous ne faisons pas lorsque nous nous contentons de revendiquer une plus grosse part du gâteau), c’est aussi de partir du vécu, du quotidien, de l’ordinaire. Cela nous permet d’agir autant avec notre cœur et nos tripes qu’avec notre seule raison.
Nous avons su faire du combat contre McDo puis contre les OGM un temps fort du combat contre la malbouffe et pour le renouveau d’une agriculture paysanne. Nous gagnons plus facilement chaque fois que nous sommes capables de construire des alternatives : Bio local, AMAP, retour en régie de la restauration scolaire, etc. Nous peinons lorsque nous ne parvenons pas à faire renaitre des alternatives…Quels types de loisirs opposer à la Disneylandisation rampante ? Quelles alternatives type Accueil-Paysan opposer dans les Comités d’entreprise aux marchands de voyage ? Nous connaissons trop bien les arguties de nos adversaires : on nous accusera toujours d’être contre tout, d’être des ringards, des pisse-froid, de préférer l’implantation d’un méga projet chez le voisin plutôt que dans notre propre jardin… La seule façon de désamorcer ces arguties est d’aller jusqu’au bout de la critique c’est à dire de proposer d’autres projets (Les paysans du Larzac en sont un bon exemple). Pour dire les choses de façon provocante : mieux vaut inventer, comme en Italie, Slow food face à McDo, que de simplement démonter un McDo comme à Millau… Nous devons avoir un discours (des contre projets ?) qui suscitent le désir. Le grand enjeu n’est pas en effet d’en appeler à la responsabilité et encore moins de culpabiliser les gens, mais de donner envie de changer de société, de montrer qu’avec l’argent gaspillé, il serait possible de donner à chacun de quoi mieux vivre, avec la gratuité de l’eau vitale, celle des transports en commun urbains, celle de la collecte et du traitement des ordures ménagères, celle des services funéraires, etc.
Par Paul Ariès
Directeur de la rédaction le sarkophage
Rédacteur en chef de la nouvelle revue les Z’indigné (e ) s
Auteur du livre : le socialisme gourmand (La Découverte)

Lire aussi : http://www.npa2009.org/content/grands-projets-imbéciles-la-convergence-des-luttes-en-europe 

1Août/12Off

José, reviens !


PLUS DE 1 000 KILOMETRES A VELO POUR DEPOSER LA PETITION POUR DEMANDER A JOSE BOVE DE REDEVENIR UN REBELLE

Réponse de José Bové par SMS le mercredi 18 juillet 2012 : « Désolé, je vous aurais accueilli avec plaisir mais il n'y plus de session au parlement. Amicalement, José ».

Le mercredi 17 juillet 2012, le peloton de cyclistes venu du célèbre MacDonald de Millau démonté par José Bové s’est présenté devant le Parlement de Strasbourg pour remettre au député européen Europe Ecologie-Les Verts la pétition « José reviens ! ». Les objecteurs de croissance ont parcouru plus de mille kilomètres à travers la France pour déposer plus de 1 300 signatures et près de 500 messages de soutien à cette action. L’arrivée a été l’occasion de reprendre l’hymne « José reviens ! » devant le Parlement (texte ci-dessous). Pendant ce temps, la représentante d’Europe Ecologie-Les Verts admirait l’aviation de chasse française à la tribune présidentielle lors du défilé du 14 juillet.

Les cyclistes ont découvert pour l’occasion que le Parlement européen ne possédait pas de boite aux lettres ! Gardé par des vigiles d’une entreprise privée, il est en effet impossible d’y déposer un courrier. Significatif des institutions européennes que José Bové dénonçait justement avant de rejoindre le VRP du capitalisme vert Daniel Cohn-Bendit. Il faudra donc attendre la rentrée parlementaire pour qu’un sympathisant strasbourgeois puisse remettre la pétition au bureau de José Bové. Dix ans plus tôt, José Bové était aux côtés des objecteurs de croissance qui le soutenaient lors de ses procès. José reviens !

Merci à tout ceux qui ont pédalé pour tous les signataires : Jean-Yves et Catherine du Dévoluy, Henri et Roselyne de Bordeaux, Bruno de Saint-Etienne, Aude, Laetitia, Catherine, Antoine, Joël, Serge, Rémi, Vincent de Lyon, Daniel, Marine, Arthur de Strasbourg, Matthieu de Châtillon-en-Diois. Merci à ceux qui nous ont accueilli notamment à Maurice et Marie-Jo de la Confédération paysanne à Arbois, Yann et sa compagne de Montbéliard, Didier de Bergerac. Merci à Thomas pour l’organisation.

http://www.josereviens.org/

 

31Juil/12Off

Les rencontres écocitoyennes à Mérindol

Rendez-vous de l'écologie régionale, organisé par AME (Action Mérindol Environnement) et APTE (Association pour la Promotion des Techniques Écologiques), insistant sans relâche depuis 12 ans sur les économies d'énergies, de matières premières et les énergies renouvelables, toujours plus engagées « les Rencontres Éco-citoyennes » de Mérindol accueillent chaque année de 10 000 à 15 000 visiteurs.
Thèmes abordés :
- Habiter Autrement
- Vivre Autrement avec « Le Village de la Transition »
- Solidarités Internationales
- Animations

http://www.rencontres-ecocitoyennes.org

27Juil/12Off

Décroissance et autogestion – Paul Ariès – Foire Autogestion

Forum à la Parole errante de Montreuil (93) – Décroissance et Autogestion, Intervention de Paul Ariès. Succès pour la foire à l'autogestion, du vendredi 22 juin jusqu'au dimanche 24 juin 2012. Retour sur les 3 jours sur le site de la foire - www.foire-autogestion.org - L’événement, soutenu par 65 structures (syndicats, coopératives, associations et organisations politiques) a attiré 1 300 personnes au total. Les nombreux forums, débats, ateliers pratiques ont presque tous été remplis. Merci à toutes celles et ceux qui, d’une façon ou d’une autre, ont contribué à faire de cet événement une réussite.


Décroissance et autogestion – Paul Ariès – Foire... par Thierry-Le-Roy-84


Autogestion syndicalisme et luttes sociales –... par Thierry-Le-Roy-84

Autogestion syndicalisme et luttes sociales –... par Thierry-Le-Roy-84

Autogestion et pédagogie – Laurent Ott – Foire... par Thierry-Le-Roy-84

Autogestion et pédagogie – Romuald Avet – Foire... par Thierry-Le-Roy-84