KAIROS la troisième livraison.
Un article sur Rio+20 : enterrement de 1re classe pour le développement durable, de Bernard Legros,
Les chroniques de :
Jean-Pierre L. Collignon, sur le sens réel de la découverte du Boson !
Paul Lannoye, sur l’arrivée de la « 4G », les grincheux, le progrès et les abeilles,
La Foire aux Savoir-Faire, qui propose une méthode pour embellir les murs, façon nature,
Gwenaël Breës, sur le StarCHystem,
Martin Pigeon, pour le Corporate Europe Observatory, sur les véritables pilotes de la crise.
Un dossier sur les méga-centres commerciaux, avec notamment un article de Paul Ariès. Dossier présenté ci-dessous,
Des brèves, recensions de films, lectures, annonces…
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Dossier Kairos 3 :
Invasion de centre commerciaux, véritables aspirateurs
Un centre commercial est une pompe à euros au fonctionnement bien rôdé. Un promoteur construit une énorme espace de béton, aidé par les pouvoirs publics, y installe des magasins, le plus souvent des grandes chaînes, et en tire des revenus importants. Le centre commercial fait souvent l’objet de spéculations, est revendu, et chacun des protagonistes empoche de gros bénéfices. Le gestionnaire de la grosse boîte lui, tire des profits colossaux des dépenses de consommateurs orientés « à l’insu de leur plein gré » de manière à ce qu’ils y laissent le plus possible. Profits d’autant plus importants que le nouvel espace commercial implique généralement la ruine des petits magasins dans lesquels vous préfériez peut-être vous rendre avant. Vous connaissiez la boulangère, le boucher, le menuisier, le fripier, le libraire ? Vous irez au mall. Avant l’argent circulait localement de portemonnaies en échoppes nombreuses. Il ne reste plus qu’un énorme tuyau, celui du méga-centre commercial, la pompe à fric qui fait remonter vos économies dans quelques rares poches cotées en bourse.
Première aspiration.
Un méga-centre commercial, c’est aussi un acteur de déstructuration culturelle et symbolique qui renforce la dépendance de l’individu à un système hétéronome. C’est-à-dire que nous y contrôlons de moins en moins ce qui se joue devant nous, avec nous et par nous (nos consommations, nos déplacements, nos participations, nos envies – demandez une fois de parler à l’ouvrier qui a cousu vos chaussures pour savoir comment il va et comment il a réalisé votre godasse). Le méga-centre commercial nous désapprend à être collectivement autonomes, à nous débrouiller ensemble, à construire notre coexistence vivante. Il est le nouvel éden du consommateur qui après le dur labeur de la semaine, peut aller se détendre dans un lieu où l’opulence qui résulte de son travail - surtout celui des autres, là où l’exploitation est plus facile - s’expose dans l’excès ostentatoire des vitrines rassemblées dans le grand bloc de béton climatisé. Ici on rajoute verrières au plafond et arbres en plastique sur les travées pour donner l’impression de l’inclusion de la consommation dans la vie quotidienne : la consommation devient là plus qu’ailleurs la signification de toute la vie où l’on travaille pour consommer. Le méga-centre commercial, débouché logique du « progrès » des sociétés marchandes, est le trou noir du désir humain.
Deuxième aspiration.
Ajoutez à cela que le méga-centre commercial est le cauchemar environnemental et social mis en boîte : on s’y rend surtout en bagnole qui roule au pétrole irakien ou tchétchène, pour acheter des produits le plus souvent produits dans des conditions sociales proches de l’esclavage, qui ont fait le tour du monde et qui sont promotionnées dans des campagnes de pub débiles imposées à tous et toutes en tous lieux et en tous temps. Le personnel qui travaille dans les méga-centres commerciaux, duquel nous nous sentons solidaires, est souvent traité mal. Et nous craignions que cela empire avec le temps, puisque que la guerre des prix pour faire tourner la pompe à fric est menée malgré eux par les travailleurs.
Comment a-t-on pu inventer des horreurs pareilles ? Nos enfants se demanderont sans doute comment les habitants de notre époque auront accepté d’avaler les pseudos-explications pseudos-économistes qui tiennent lieu de justification à ces cauchemars de béton. Toujours est-il que ces objets pullulent.
Vous trouverez dans ce dossier des présentations de méga-centres qui existent déjà (à Mons) ou qui sont en préparation (Verviers, Namur, Bruxelles), présentations réalisées par ou grâce à des militants que nous remercions. Certains acteurs économiques, certaines pratiques, certains intérêts sont récurrents. Nous aurons l’occasion d’y revenir dans d’autres numéros, pour suivre l’évolution des projets et vous donner de nouvelles informations. Paul Ariès propose une analyse critique du méga-centre commercial, et débouche sur des propositions politiques pour bien vivre. Une affiche illustrée en double-page centrale, de Chloé et Fanny illustre les propos et pourra, nous l’espérons, être détachée et utilisée comme support militant dans des manifestations diverses. Pour finir, le récit d’une action citoyenne exceptionnelle, menée contre l’implantation d’un méga-centre commercial à Verviers, pour une ville conviviale et vivante.
Et si vous voulez agir face à l’invasion des méga-centres, une inspiration, simple : chaque fois que possible, n’allez pas dans ces lieux indécents ! Bonnes lectures et actions.
La naissance de Moins! (SUISSE)
Le premier numéro de Moins! est arrivé.
Ce journal bimestriel, créé sous l’impulsion de militant·e·s du Réseau Objection de Croissance (nos amies Suisse qui ont donnée le nom au ROC06), vient animer les débats politiques romands et nationaux.
Confronté∙e∙s à la banalisation des questions écologiques et à une cruelle absence de voix critiques vis-à-vis du productivisme et du progrès, Moins! aspire à promouvoir et diffuser les idées de la décroissance. Ce mot-obus, qui s’attaque à la religion de la croissance économique, ne trouve guère de visibilité dans les médias dominants. Quand il y figure, il l’est souvent à mauvais escient (en synonyme de récession) ou de façon caricaturale (cavernes, bougies et calèches !). Il s’agit pourtant d’un courant de pensée qui connait un succès grandissant, en Europe aussi bien qu’en Amérique Latine, au moment même où convergent des crises diverses et profondes – écologique, sociale, économique et morale.
Pour pallier à ce manque, Moins! se propose d’être un cri de contestation et de résistance, mais aussi un espace ouvert à des voix dissidentes, à des sujets et des questions tabous, afin de révéler l’existence de pistes alternatives et devenir un lieu de réflexion (et d’action!) pour construire une façon de vivre ensemble plus égalitaire et solidaire.
Alliant articles d’actualité, témoignages locaux et textes de fond, chaque numéro peut compter sur la collaboration d’une équipe de rédacteur∙trice∙s et de dessinateur∙trice∙s, entièrement bénévoles et réuni∙e∙s par un vif esprit «iconoclaste». Sans publicité, libre de toute attache politicienne, notre journal de 32 pages de qualité sera vendu selon le principe du prix libre, tant au numéro qu’à l’abonnement. Il sera également disponible en kiosque, au prix de 5 francs.
Les Zindigné(e)s!
Nous Tous, militants des différentes familles des gauches mondiales, fervents adeptes de la justice sociale et de l’égalité ;
Nous Tous qui nous voulons des enfants de Babeuf et entendons prendre aux riches pour donner aux pauvres parce que notre pauvreté est la condition de leur richesse ;-
Nous Tous, activistes écologistes antiproductivistes, convaincus que le mythe de la croissance est un piège, que la planète est déjà assez riche pour nourrir tous ses enfants ;
Nous Tous, hostiles à tout discours malthusien de haine des pauvres, toujours soupçonnés d’être des « idiots utiles » du système, toujours accusés d’être manipulés par les médias ;
Nous Tous qui nous réjouissons de la naissance du septième milliardième humains dans ce monde voué aux marchandises, preuve que le désir de vie reste provisoirement le plus fort, preuve que nous avons vaincu les grandes pandémies, preuve aussi que les pays appauvris ont su réussir leur transition démographique en trente ans au lieu de nos deux siècles ;
Nous Tous rétifs au sectarisme et aux idées tordues de ceux qui confondent objection de croissance et austérité imposée aux peuples dans l’attente d’un « grand soir » postpétrolier,
Nous tous, profondément amoureux du « Buen Vivir » et des mille et une façons de vivre qui s’inventent mondialement de rouvrir les chemins de l’émancipation et non pas de la régression,
Nous Tous, militants laïcs convaincus qu’on ne combat pas un intégrisme politique et économique en se soumettant à un intégrisme religieux,
Nous Tous, militants antifascistes inquiets de la montée des nouvelles extrêmes droites que nous aurions tort de confondre avec le passé,
Nous Tous, nous avons décidé de mêler nos convictions et nos doutes, de mêler nos voix pour parler plus fort mais aussi pour entendre ce qui se murmure aux quatre coins de la Terre.
Cette nouvelle revue trimestrielle se donne trois grands objectifs.
Être « une revue accessible au plus grand nombre » par le choix de textes courts, par le refus d’un jargon réservé aux seuls spécialistes, par le choix de niveaux et de styles d’écriture différents, par le choix de la découverte.
Être « une revue internationale » parce que si les enjeux se situent aujourd’hui directement au niveau mondial nos résistances sont encore trop souvent locales, parce que nous devons plus que jamais crier qu’il n’y a pas un monde développé et un monde sous développé mais un seul monde mal développé, parce que nous nous devons apprendre à conjuguer nos forces face à la crise systémique actuelle même si nous assumons pleinement notre parti pris en faveur de la démondialisation ,
Être « une revue thématique » parce qu’à l’heure de l’accélération de l’histoire et de l’effondrement de tous les grands systèmes de pensée, nous avons besoin plus que jamais de boussoles, nous avons besoin plus que jamais de faire le tour d’une question pour ne plus penser en rond, parce que nous devons nous donner l’espace de camper sur les deux versants de la critique sociale, c’est à dire dénoncer ce qui ne va pas mais aussi montrer ce qui partout émerge…
En finir avec la désespérance, être du côté de la vie… être du côté des multiples alternatives qui prolongent les résistances.
Nous avons besoin de votre confiance pour que ce projet puisse vivre. Aidez les Zindigné(e)s en souscrivant un abonnement !
Le Sarkophage – Comprendre, c’est désobéir
Vive la vie bonne !
Editorial N° 15
La presse dominante se moque trop facilement des mises en garde des militants antiproductivistes contre les agressions sensorielles dont nous sommes victimes. Oui, nous sommes des militants de la lenteur ; oui, nous revendiquons le droit à la nuit ; oui, nous pensons que l’on n’accorde pas assez d’importance au « prendre soin ». De plus en plus, nous prévoyons des moments artistiques lors de nos rassemblements militants (chanteurs, musiciens, slameurs, chorégraphes, plasticiens, etc.). Ce choix est politique : mettre en acte la volonté de développer les autres dimensions de nos personnalités pour ne plus subir l’économisme dominant (se vivre uniquement en forçats du travail et de la consommation). Nous pourrions nous moquer de cette attention accordée au sensible, sauf si nous admettons que la société productiviste fait au quotidien l’économie du sensible. Prenons nos objets ordinaires. Songe-t-on assez aux conséquences de nos choix d’écriture ? Que signifie sensoriellement le passage de la plume au stylographe, puis au clavier ? Que signifient aussi ces lycées qui ressemblent à des quartiers de haute sécurité ? Que signifent ces abords de centre-villes pub-tréfiés par l’urbanisme commercial ? Le choix d’une vie bonne, donc simple,
est aussi celui d’une vie sensible. L’éveil de la sensibilité a besoin de temps, de gratuité, de profondeur : toutes qualités déniées dans un système dirigé par la seule impulsion quantitative. Norbert Elias a montré que le culte de la raison produit une éviction du sujet : il songeait alors notamment à la fin de l’artisanat. On pourrait aujourd’hui parler de la crise de la culture, et en particulier de la poésie. Les antiproductivistes sont fortement engagés dans la défense de la poésie, car l’inexplicable relève nécessairement du poétique. Or, c’est justement cette part humaine la plus profonde qui est aujourd’hui refoulée par le capitalisme. La crise du poétique est donc révélatrice de la guerre souterraine que mène la civilisation du symbole et du chiffre, c’est pourquoi nous devrions accorder de l’importance dans nos messages militants au beau, au poétique, au sensible. Le système d’oppression a pénétré très profondément dans nos imaginaires. Conséquence : ils sont en deuil, qu’il s’agisse de notre imaginaire alimentaire (celui de la malbouffe), ou sexuel (celui des films porno). L’imaginaire est toujours lié à une perception du monde, or la perception spontanée dominante est aujourd’hui à la consommation du monde. Le politique n’est plus capable de permettre au poétique de se formaliser sous une forme symbolique : songeons à la disparition des visionnaires et des tribuns,
puisque le seul discours autorisé est celui des économistes, des technocrates. Est-il insignifiant que le conseil scientifique d’ATTAC soit impulsé par des économistes, alors que les combattants de Massoud se disaient des poèmes ? A-t-on assez pensé à l’importance de la poésie et des poètes dans la Résistance ? Qui se souvient que c’est le grand poète roumain, Mircéa Dinescu qui a lancé, sur les ondes radiophoniques, l’appel à l’insurrection contre les Ceausescu ? Écoutons ce que nous dit le poètemilitant guadeloupéen Patrick Chamoiseau : le principe d’une poétique, c’est de parier sur les formes invisibles qui se trouvent dans le réel. Cette dimension poétique du vivant, c’est celle des grands mythes, y compris révolutionnaires. Une vie simple, c’est déjà une vie qui rappelle l’urgence et la beauté de vivre. Voilà pourquoi Le Sarkophage sera présent lors de la Biennale de Lyon, le 27 novembre, à 20 heures, à l’occasion de la conférence sur le thème « Le local sans les murs » dans l'espace même où est présentée l'oeuvre du sculpteur Sarkis. Voilà pourquoi Le Sarkophage co-organise le samedi 30 janvier 2010 avec la municipalité de Vaulx-en-Velin un grand colloque international sur le thème « Ralentir la ville », pour faire société de façon plus belle.
Responsable rédaction : Paul Ariès
La Décroissance – Le journal de la joie de vivre – N°76
N°76 – février 2011: José reviens !
Page 2 : Courriers
Pages 2-3-4 : José du côté obscur de la force, par Paul Ariès
Page 3 : Éditorial : Augmentation, par Bruno Clémentin
Page 4 : Chronique d’Alain Accardo : Attente
Page 5 : La décroissance promue par une grande école, par Vincent Cheynet
Page 6 : L’écotartufe : Jean-Paul Besset - La saloperie : La radio
Page 7 : Simplicité volontaire : Pascale et Olivier, Laboratoire, par Catherine Thumann - Action du mois : Refuser le consensus
Pages 8-9 : Le ski, ça pue, ça pollue et ça rend con, par Catherine Thumann
Page 10 : Croissance du déluge en Australie, par Florence Leray - Leçon de cohésion à la belge, par Catherine Thumann
Page 11 : La chronique du conseil municipal : Décroissance, en v(o)eux-tu ? En voilà !, par Thierry Brulavoine - Professeur Foldingue: Mère porteuse - Cancún : attention danger !, par Paul Ariès
Page 12 : Chronique de François Jarrige : Aux origines de l’État industrialiste - Bédé : Bovix le décroissant
Page 13 : Le petit économiste : Taxer les riches ?, par Denis Baba - Chronique de Jacques Testart : Le retour de Jacques Benveniste
Page 14 : Capital fait sa « révolution », par Cédric Biagini
Page 15 : Abroger YAB, le Qatar et la Fifa !, par Stéphane Lhomme
Page 16 : Chronique antinucléaire de Stéphane Lhomme : Deux otages français sacrifiés pour sauver Areva et Sarkozy
S!lence – Ça marche !
388 - À paraître en Mars
La marche, c’est le pied !
Toutes les petites et les grandes facilités de la vie quotidienne – véhicules, réseaux, marchandises, robinets, interrupteurs… – me "libèrent" du temps et de l’espace. Mais, dans le même temps, inconsciemment, elles me poussent vers la vitesse et m’entraînent de plus en plus loin de moi. Les deux pieds sur terre, en marchant, je peux alors retrouver un peu du sens de la vie, du sens de ma vie.
Car marcher a toujours un (des ?) sens – même si l’un de ces sens ne serait que d’aller d’un point à un autre. Et je marche aussi, in fine, pour mieux (me) comprendre, pour ne pas perdre pied.
Marcher, c’est encore et surtout retrouver les rythmes naturels – animal, social… – de mon corps, c’est (re-) trouver ma "nature" profonde.
Et marcher, c’est gratuit et à la portée de tou-te-s.
Ce dossier de Silence explore différents aspects de cet acte, vieux comme l’humain et l’humanité : la marche dans la nature comme "détente-santé", la marche comme action militante ou politique, la marche comme recherche personnelle et relationnelle, la marche en ville… – lesquels aspects s’entremêlent le plus souvent.
Car l’intérêt de la marche n’est finalement pas tant le but que le chemin(ement) lui-même.
Bonne déambulation dans ce dossier !
Jean-Pierre Lepri