La règle verte
INTERVENTION DE PAUL ARIÈS
LE 5 AVRIL AU BLANC-MESNIL (Seine-Saint-Denis)
Salle des réceptions de l’Hôtel de Ville
Thème : Qu’allons-nous léguer à nos enfants ?
Quelles alternatives face au capitalisme vert ?
Objection de croissance et gratuité des services publics
Appel des gauches antiproductivistes et objectrices de croissance à voter pour Jean-Luc Mélenchon
L’urgence écologique, sociale et politique nous interdit de nous taire même si nous ne nous retrouvons pas pleinement dans le programme du Front de gauche… qui n’est pas un projet encore assez de rupture. Nous militant(e)s, objecteurs de croissance, antiproductivistes, anticonsuméristes, « écolos » antilibéraux, adeptes de la décroissance de gauche soutenons et invitons Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, à faire croître le débat autour de 4 grands thèmes :
1) Sortir de l’appauvrissement des peuples
Les modes de production et de consommation capitalistes sont suicidaires et reposent sur l’exploitation et la domination du Tiers-Monde. Notre enrichissement et nos modes de vie sont aussi la cause de leur appauvrissement croissant. Ce pillage joue dans les pays riches dans lesquels le nombre de naufragés ne cesse d’augmenter. Nous voulons « plus » pour ceux qui ont eu « moins ». Osons l’annulation des dettes du Tiers-monde. Osons le réexamen des dettes publiques.
2) Construire une société post-extractiviste
Cette économie fondée sur le pétrole nous conduit écologiquement dans le mur. Les pauvres en seront les premières victimes. Nous prônons les économies d’énergie et les énergies renouvelables mais en disant qu’il ne peut s’agir de remplacer le pétrole et le nucléaire par un mix énergétique qui permettrait de sauver les modes de production et de vie actuels…Nous devons inventer ensemble d’autres styles de vie. Osons la relocalisation des activités. Osons le ralentissement, osons la planification écologique, osons la coopération, osons dire qu’être fidèles au projet « Yasuni-ITT », c’est, chez nous aussi, laisser dans le sous-sol les réserves les plus rares ou dangereuses.
3) Sortir du capitalisme
Gauche et droite partagent le même bilan effroyable en matière environnementale. Ces deux systèmes ont pillé la planète pour nourrir leur machine productiviste. Mais si le capitalisme est intrinsèquement productiviste, on peut imaginer un socialisme non-productiviste. Nous avons besoin pour cela d’une vraie gauche écologique qui en finisse avec la foi béate dans le « progrès » économique et la techno-science. Osons une gauche qui sache renouer avec les cultures et les modes de vie populaires. Osons mener la lutte des classes dans le domaine de la consommation comme dans celui de la production. Osons une science citoyenne. Osons multiplier les expérimentations sociales. Inventons un « éco-socialisme » municipal. Réinventons un syndicalisme à bases multiples de rupture.
Créons un mouvement coopératif à la hauteur de l’effondrement global qui vient. Inventons de nouveaux modes de délibération où des citoyens dûment informés et indemnes de compromissions indiqueront ce qu’est l’intérêt public, ce qui est bon pour l’écrasante majorité.
4) Construire une société du Bien-Vivre
Nous sommes à l’écoute de tous les nouveaux « gros » mots qui se cherchent à l’échelle mondiale pour dire le besoin d’émancipation : le Buen-vivir amerindien, l’eudémonia (la vie bonne) des grecs, « les nouveaux jours heureux », etc. Le Bien-vivre n’est pas le bien-être au sens de la société de consommation occidentale. Osons changer notre rapport aux autres, à nous-mêmes. Osons changer nos rapports à la nature. Puisque les services publics sont la principale richesse des pauvres, faisons de la défense et de l’extension de la sphère de la gratuité, une gratuité économiquement, socialement, culturellement, politiquement construite, notre grand projet. Osons dire qu’on pourra ne plus être des forçats du travail et de la consommation que si la société assure à chacun de quoi vivre frugalement certes mais de façon totalement sécurisée et digne. Osons dire que la France mais aussi la planète sont déjà assez riches pour faire vivre tous ses enfants. Osons dire que ce n’est pas un problème de moyens (de grosseur du gâteau) mais de choix politiques. Osons dire qu’il ne s’agit pas de partager le
gâteau actuel (PIB) car il est totalement empoisonné. Osons dire que la crise écologique nous interdit de refouler encore la grande question historique qui est celle du partage.
C’est pour toutes ces raisons et mille autres que nous voulons faire entendre notre voix dans la campagne unitaire du Front de gauche… Nous y serons présents avec notre spécificité pour y défendre notre conception d’une gauche écologiste, d’une gauche anticapitaliste et antiproductiviste, d’une gauche du Bien-vivre. Notre diversité est notre grande richesse.
Auteurs :
Paul Ariès, directeur de la rédaction le sarkophage
Jacques Testart, biologiste
Les signataires de l’Appel pour un Front de gauche antiproductiviste et objecteur de croissance (et ceux qui s’abstiennent encore) attendaient un signe fort de Jean-Luc Mélenchon. La « règle verte » proposée lors du Meeting de Clermont-Ferrand est une bonne nouvelle. Elle doit être prise très au sérieux comme un des leviers de la transformation nécessaire. Elle montre que ce n’est que dans l’alliance du « rouge » et du « vert » que de grandes idées peuvent émerger et ceci de tous côtés, sans aucune exclusive, sans aucun droit de préséance. Non seulement tout le monde a le droit de parler d’écologie mais c’est même un devoir ! Par Paul Ariès.
Cette « règle verte » vise rien de moins que le remboursement de la dette écologique de notre pays vis-à-vis du reste du monde et de nos enfants. Elle oblige à sortir du productivisme et du consumérisme, à avancer vers une société relocalisée, ralentie, partageuse, gourmande.
La France présente un bilan débiteur car son empreinte écologique dépasse largement sa bio-capacité. Autrement dit nous consommons globalement beaucoup plus que ce que la Terre peut supporter et ceci au détriment des plus pauvres et des générations à venir. Nous devons donc réduire d’environ 60 % notre empreinte écologique et c’est possible. C’est possible car cette « règle verte » n’ira pas sans justice sociale : il faut dans ce domaine aussi donner plus à ceux (classes sociales ou peuples) qui ont eu moins dans le passé. C’est aux riches qui détruisent la planète de payer la dette écologique et la dette financière. Ceux qui peinent à boucler leur budget auront tout à gagner à l’adoption de cette « règle verte ».
C’est possible car cette « règle verte » n’ira pas sans repenser les modes de production, de distribution et les styles de vie. Il ne s’agira surtout pas de faire la
même chose en moins et d’appeler les gens à se serrer la ceinture un peu, beaucoup, passionnément ou à la folie. Nous devons satisfaire en premier lieu (pour
le reste on verra) les « produits de haute nécessité ».
La « règle verte » est l’obligation ardente de changer de société et ce n’est pas triste.
Elle dit bien qu’il ne s’agit pas de polluer un peu moins pour pouvoir polluer plus longtemps…mais d’apprendre ensemble à vivre beaucoup mieux autrement.
Nous pouvons déjà réfléchir aux changements législatifs nécessaires pour que ce principe constitutionnel ne reste pas un vœu pieu. Nous pouvons pour cela
nous inspirer des propositions faites par de nombreuses associations et dans le livre de l’Altergouvernement (Muscadier).
EP.20 - En marche : La règle verte par PlaceauPeuple
1) Réduction drastique de l’agression publicitaire et marketing en faisant primer le droit des consommateurs et des usagers à être protégé sur celui des marchands. Est-il normal que 40 %des dispositifs publicitaires actuels soient illégaux ? La cause en est bien connue : le laxisme des autorités et le flou des textes. Notre réforme reprendra les revendications avancées par les associations : suppression de la publicité au cinéma ; maintien de l’interdiction de la publicité sur les chaînes publiques ; interdiction de la publicité pendant les tranches ciblant les moins de 12 ans, interdiction de toute publicité dans les établissements scolaires, ainsi que dans un périmètre de 200 mètres ; Interdiction des panneaux publicitaires dépassant la taille 50 X 70 cm, avec un nombre maximal autorisé par km2 selon la densité du quartier ou de la ville, interdiction des kits pédagogiques publicitaires, extinction des lumières des magasins lors de leurs horaires de fermeture, interdiction des contrats conditionnant des services aux collectivités à de la publicité (vélos-libre service par exemple).
2) Diminution des déchets à la source et politiques favorisant la réparation des objets. Seuls 7 % de la matière qui a servi à fabriquer un produit se retrouve
dans celui-ci. Le reste est perdu contribuant ainsi à l’épuisement des ressources et à la pollution. C’est finalement 99% des ressources prélevées qui deviennent ainsi des déchets en moins de 42 jours. La quantité de déchets produits par les ménages a été multiplié par 3 en 50 ans pour atteindre 350 kg par an et par ménages. Les gouvernements précédents ont accepté cette situation intolérable laissant des entreprises privées s’enrichir sur la base du retraitement de certains de nos déchets. Des mesures urgentes doivent êtres prises : fixation d’objectifs de diminution des volumes d’emballage et d’usage des matières premières par branches d’activité, extension des durées de garantie minimale pour les biens matériels et ceci sur toutes les pièces, obligation aux constructeurs de laisser l’accès libre aux composants, interdiction de développer des stratégies d’obsolescence programmée, priorité donnée à la réparation avec mise en place de filières spécifiques par catégories de produits, utilisation de l’expertise d’associations existantes , mise en place d’incitations tarifaires de type « consignes », interdiction des emballages immédiatement jetables (type restauration rapide), mesures pour faciliter la « vente en vrac », remise de bons d’achat à la hauteur de la valeur de la matière première rapportée lorsque l’usager d’un produit contribuera à son recyclage, etc, création d’un nouveau corps de fonctionnaires spécialisés pour combattre la « junkproduction », etc.
Cette règle verte est aussi un signal fort donné à toute la gauche pour repenser ses initiatives. Nous devons , par exemple, en finir avec des comités d’entreprise qui fonctionnent trop sur le modèle des marchands de voyage (« toujours plus loin pour toujours moins cher ») et inventer un nouveau tourisme social dont témoigne, par exemple, le succès d’Accueil paysan auprès de CE. Les milieux populaires ont tout à gagner à cette « règle verte » proposée par le Front de Gauche car elle ira de pair avec la réduction du temps de travail (les 32 heures tout de suite), avec la défense des services publics et des biens communs, la seule véritable richesse de la majorité des humains.
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