Quels sont les besoinS politiqueS de la décroissance ? [Michel Lepesant]
Un très bon article de notre ami Michel Lepesant, je vous recommande la lecture de son blog qui permet de garder la tête dans les nuages en ayant les pieds sur terre : http://decroissances.blog.lemonde.fr
Et si la « décroissance » cessait de n’être qu’un slogan ou un mot pour ambitionner de s’imposer dans toutes les discussions politiques, par des propositions à la fois enthousiasmantes et pragmatiques. Non pas pour se contenter de dire « objection », « adieu » ou « halte » à la croissance mais bien pour demander comment « dé-croître » : comment passer démocratiquement du monde de la croissance à d’autreS mondeS possibleS, ceux de l’a-croissance ?
Ne cachons pas qu’une telle « hégémonie culturelle » devrait d’emblée affronter deux variantes de l’à-quoi-bon-isme. Pour les « sécessionnistes », à quoi bon partir du monde tel qu’il existe pour penser les transitions et les transformations sociales et écologiques puisque, à ne refaire que ce qui a déjà été fait, on n’obtiendra que ce que l’on a toujours obtenu : rien. Pour les partisans de la capitulation, à quoi bon rêver d’autreS avenirS puisque les catastrophes, démographique, nucléaire, climatique rendent tous les projets vains ? La nécessité fera loi et le royaume de la liberté n’est qu’une chimère.
Dans les deux cas, le refus de « faire et penser la transition » se réduit au rejet de « la » politique. C’est, à la fois, contre le productivisme « et son monde » et contre ces à-quoi-bon-istes que nous proposons deS politiqueS de la décroissance.
Ecrivons tout cela autrement : je n’ai pas découvert la « décroissance » en lisant des livres ou en écrivant sur des listes internet. Engagé dans des expérimentations minoritaires, amap, coopérative de producteurs-consommateurs, monnaie locale complémentaire, j’ai très vite osé prendre conscience que, malgré toute la révérence que je portais au socialisme utopique, l’essaimage de nos alternatives concrètes n’était qu’une fable. Mais, chut, surtout faire attention à ne désespérer ni les colibris, ni Notre-Dame des Landes…
Et pourtant je sais que dans une époque obscure[1], il faut sans illusion et sans attendre passer par les alternatives concrètes à taille humaine. Il n’est plus temps pour jouer les prophètes (de bonheur comme de malheur), il n’est plus temps de s’en remettre aux lendemains des victoires électorales ou insurrectionnelles (victoires qui ne viennent jamais ; car, une victoire, faute d’hégémonie culturelle, n’est en réalité qu’un soin palliatif).
Une « alternative concrète », c’est d’abord une « expérimentation minoritaire » qui porte sur les besoins humains essentiels, y compris ceux de « haute nécessité » : alimentation, logement, santé, éducation, culture, toutes ces interdépendances qui conditionnent une autonomie généralisée de la vie… Mais, ces expérimentations, qui sont nécessaires, sont insuffisantes et c’est pourquoi elles doivent s’articuler avec un « travail idéologique de projet » et avec des « visibilités » : leS politiqueS de la décroissance. Le « terrain » à lui seul est insuffisant.
Nous n’avons pas seulement besoin de vivre autrement, nous avons aussi besoin de penser autrement et d’agir autrement.
Chacun de ces trois « pieds » (même pratiqué de façon ascendante), s’il se croit suffisant, devient « abstrait ». Explicitement, cela signifie que la cohérence d’un projet idéologique (le « nouveau paradigme ») est peine perdue si elle ne se nourrit pas de la pratique des expérimentations sociales et des dissensus propres aux débats politiques. Cela signifie qu’il est bien inutile de battre les estrades électorales si les revendications ne sont articulées ni à des pratiques déjà réelles et désirables ni à la cohérence d’un projet radical de transition.
La suite c'est ici : http://decroissances.blog.lemonde.fr/2013/11/05/zindignees-8/
Gérer la contrainte carbone, un jeu d’enfant? [Jean-Marc JANCOVICI]
L’abondance énergétique croissante a radicalement modifié notre mode de vie depuis le début de la révolution industrielle. Cette évolution, essentiellement basée sur le déploiement des énergies fossiles, se heurte désormais à deux limites croissantes : celle de la disponibilité des ressources fossiles, et celle du changement climatique.
Cette évolution, pour laquelle le temps joue hélas contre nous, pose de redoutables problèmes économiques, sociaux, institutionnels, géopolitiques. Quels changements de paradigme vont avec la réponse à ce défi ?
Jean-Marc JANCOVICI à l'ENS : Gérer la... par kamaraimo