Empreinte écologique
Article repris de la revue Biocontact n°132 de Janvier 2004, sur le site onpeutlefaire.com
Notre empreinte écologique est une estimation de la superficie (en m2) terrestre ou marine biologiquement productive nécessaire pour répondre à l'ensemble de nos besoins. La Terre entière pourra-t-elle y pourvoir ? Sûrement pas !
Le développement durable a le vent en poupe : les annonceurs l'utilisent comme argument publicitaire, certains hommes politiques l'incluent dans leurs thèmes de campagne, les premiers produits labellisés « durable » apparaissent dans les rayons des supermarchés.
Pour autant, le citoyen, le chef d'entreprise ou l'élu qui souhaite « faire du développement durable » se trouve bien souvent dans l'impossibilité d'évaluer la portée de ses décisions, il ne sait pas si tel achat, tel investissement ou telle orientation politique sont dans le ton du développement durable. Il ne le sait pas, parce qu'il ne dispose pas d'outils de mesure fiables.
Après la crise de 1929, les gouvernements qui se sont lancés dans la course à la croissance économique ont eu besoin d'un indicateur pour mesurer le résultat de leurs efforts. Le PNB a été inventé par le Prix Nobel Simon Kuznets pour répondre à ce besoin. Aujourd'hui, face au défis du 21e siècle, et notamment face à l'épuisement programmé des ressources individuelles, les gouvernements et les individus qui souhaitent mettre en oeuvre les concepts du développement durable ont, eux aussi, besoin d'outils pertinents. L'empreinte écologique est un de ces outils.
Les pays du Nord surexploitent les ressources naturelles.
Qu'est ce que l'empreinte écologique ?
C'est une mesure de la pression qu'exerce l'homme sur la nature. C'est un outil qui évalue la surface productive nécessaire à une population pour répondre à sa consommation de ressources et à ses besoins d'absorption de déchets.
Imaginez que vous êtes un Robinson Crusoé sur une île déserte : quelle devrait être la taille de votre île (terre, lagon et mer accessible compris) pour vous permettre de vivre en autarcie de façon durable et répondre à vos besoins en nourriture, chauffage, matériaux de construction, air pur, eau potable, absorption de déchets ?
Cette surface représente l’empreinte écologique de notre Robinson Crusoé. On comprend intuitivement que si le mode de vie de notre naufragé exerce une pression trop forte sur son île (s’il fait par exemple des grands feux de camp tous les soirs pour tromper sa solitude), c’est-à-dire si son empreinte écologique est supérieure à la taille de son île, sa survie risque d’être compromise à plus ou moins long terme…
A l’échelle du globe, l’empreinte écologique de l’humanité est une estimation de la superficie terrestre ou marine biologiquement productive nécessaire pour répondre à l’ensemble de nos besoins.
Selon le « Rapport Planète Vivante 2002 » du WWF (téléchargeable en français sur le site www.wwf.fr), l’empreinte écologique globale de l’humanité a presque doublé au cours des 35 dernières années, et dépasse de 20% les capacités biologiques de la Terre. Cette étude permet aussi de mettre en évidence de profondes disparités écologiques entre les pays : l’empreinte par personne des pays à hauts revenus est en moyenne six fois plus élevée que celle des pays à faibles revenus.
En clair, nous vivons en « sur-régime » par rapport aux ressources de la planète, et nous mettons gravement en péril les générations futures : en 2050, si nous ne faisons rien, l’empreinte écologique de l’humanité pourrait dépasser de 100% la capacité biologique de la planète ! Nous sommes comme un ménage qui hypothèquerait son logement, un bûcheron qui exploiterait sa forêt au-delà de sa capacité de régénération, ou une entreprise qui puiserait dans son capital pour faire face à ses dépenses.
« Nous n’héritons pas la Terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfant » (proverbe indien)
L’empreinte écologique de la France
Avec le soutien du ministère de l’Écologie et du Développement durable, WWF-France a mené une étude pour identifier les applications possibles, en France, de l’empreinte écologique. Cette étude a permis de montrer que l’empreinte écologique de la France a augmenté de 47 % en moins de 40 ans alors que sa population n’a augmenté que de 27 %.
La principale conclusion est que la demande totale de la France sur la nature a dépassé de beaucoup la capacité biologique du pays : l’empreinte écologique de la France en 1999 a été de 309,8 millions d’hectares globaux. Le style de vie de la France ne pourrait donc pas être appliqué au monde entier.
L’empreinte française en 1999 était de 5,2 hectares globaux par personne, ce qui dépassait de 83 % la biocapacité par personne du pays (2,9 hectares) : il nous faudrait donc quasiment « une France » supplémentaire pour répondre à nos besoins.
Et comme le déclarait fort justement le président de la République à Johannesburg : « si le monde entier vivait comme les Français, il nous faudrait deux planètes supplémentaires ! »
Comment réduire son empreinte écologique ?
La réduction de l’empreinte écologiqe nécessite la mise en œuvre d’initiatives dans de nombreux domaines :
La production : en améliorant l’efficacité des ressources avec lesquelles on produit des services et des biens
La consommation : en améliorant l’efficacité dans la consommation des ressources et en supprimant les disparités entre les pays à hauts revenus et les pays à faible revenus.
La législation et la fiscalité : en encourageant les lois et les mesures fiscales qui favorisent les activités à moindre impact écologique.
La population : en maîtrisant la croissance démographique, notamment en favorisant l’accès à l’éducation des femmes dans les pays en voie de développement.
Et à mon niveau, que puis-je faire ?
Je remplace 5 ampoules classiques par des ampoules fluocompactes à économie d’énergie : je réduis mon empreinte écologique de 100m2 par an.
Pour la nourriture que je consomme, j’augmente de 50 % la part qui est produite localement : je réduis mon empreinte écologique de 300m2 par an.
Chaque année, je remplace 5 heures de voyage en avion par le même trajet en train ou en car : je réduis mon empreinte écologique de 1000 m2 par an.
Chaque jour, je passe 3 minutes de moins sous la douche : je réduis mon empreinte écologique de 400 m2 par an.
Je ferme le robinet d’eau pendant que je me brosse les dents : je réduis mon empreinte écologique de 100 m2 par an.
Je conduis 25 km de moins en voiture par semaine : je réduis mon empreinte écologique de 500m2 par an.
Une fois par semaine, je remplace la viande que je mange habituellement au dîner par un substitut végétal (steak de soja par exemple) : je réduis mon empreinte écologique de 1000 m2 par an.
J’augmente de 50 % la proportion de nourriture que je consomme qui n’est ni emballée, ni traitée industriellement : je réduis mon empreinte écologique de 500 m2 par an.
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