Le revenu de base inconditionnel
Le revenu de base inconditionnel est une vieille idée. Elle est apparue pour la première fois dans les utopies de la Renaissance, chez Thomas More par exemple.
On la retrouve en marge des Lumières, en marge de la fondation des Etats-Unis et de la révolution française.
Dans les années 60, le revenu de base a été sérieusement discuté aux Etats-Unis avec les idées de Juliet Rhys-Williams et le modèle d’impôt négatif de Milton Friedman. Des essais in situ montrèrent qu’avec le revenu de base, seul un groupe de population avait tendance à rester plus volontiers à la maison: les mères qui élèvaient seules leur enfant. Un autre phénomène fut constaté : le nombre de divorce augmenta parce que la dépendance financière n’était plus un motif de vie commune.
Le revenu de base inconditionnel est une idée neuve. Il remplace des idées transmises de génération en génération et des notions devenues fausses. Il dissout la sclérose qui fait que l’on s’accroche désespérément à ce que l’on a : à ses idéologies, à ses opinons bien arrêtées, à son poste conquis de haute lutte. Il dissout les blocages du travail, les blocages empêchant une redéfinition de la valeur des prestations, les blocages contre la société future dans laquelle la responsabilité de la personne aura plus de valeur. Et sa vitalité aussi.
Le revenu de base, sans conditions, est une avancée culturelle devenue réalisable grâce à la rationalisation, à la productivité des machines, à la globalisation. Devenue nécessaire à cause de l’individualisation, de l’évolution des parcours de vie et des bouleversements dans le monde du travail. Devenue indispensable pour que le progrès libère l’être humain plutôt que de le marginaliser. Le revenu de base renforce l’être humain face aux systèmes.
Il est changement de paradigme. Il éclaire d’un jour nouveau tous les domaines de la vie, il fait évoluer sa propre manière de voir les choses, il ouvre des perspectives à toutes les fonctions personnelles ou sociales.
Il n’est pas solution à tous les problèmes, mais il rend possible beaucoup plus de solutions.
Il est droit civil économique, comme il n’y en a encore jamais existé dans l’histoire. Il est prolongement de la démocratie dans laquelle le droit à la vie est aussi un droit au revenu. Dans laquelle le droit à développer ses propres capacités suppose un droit au revenu.
Un revenu pour chacun, pour chaque personne sans condition, sans exigence ou mise sous tutelle, suffisamment élevé pour pouvoir vivre modestement.
La fin de prestations sociales qui excluent, la fin du chômage incontournable, la fin des prestations complémentaires, des subventions et de la burocratie qui va avec. À hauteur de son montant, le revenu de base remplace tous les revenus de transfert payés par l’État. Il a des répercussions sur les rémunérations, les salaires et les honoraires dans l’économie privée. Le travail devient moins cher mais est mieux estimé. Le travail volontaire augmente, les initiatives et l’engagement personnel aussi.
Et qu’en est-il des travaux qui doivent être effectués, mais que plus personne ne veut faire car chacun a un revenu de base ?
Il doivent alors être payés suffisamment pour trouver preneur. Car ce travail a forcément de la valeur, vu qu’il est tellement indispensable et que vous ne voulez pas le faire vous-même.
Et qui doit payer ce revenu de base ? D’où vient l’argent ?
Qui est motivé pour être performant ? Et la discipline ?
Et les étrangers, viennent-ils tous ici pour en profiter ?
Et ceux qui ne font que trainer aujourd’hui, ne sont-ils pas totalement exclus de la société ?
Et ceux qui ont déjà beaucoup d’argent, doivent-ils aussi recevoir un revenu de base ?
Est-ce que le revenu de base est un thème libéral ? Ou bien de gauche ? Ou bien des chrétiens?
Est-ce que les hommes sont mûrs pour plus de liberté ? Pour plus d’égalité ? Pour plus de fraternité ?
Quel travail feriez-vous, si votre revenu était assuré ?
« Le revenu de base, une impulsion culturelle », le film, 100 mn. Il suscite beaucoup de questions, il répond à beaucoup de questions, il jette un regard étonnant sur des choses que l’on n’a pas envie de voir.
Appel pour le revenu de vie : http://appelpourlerevenudevie.org/
http://barbara.lautre.net/Appel_pour_le_Revenu_de_vie.pdf
A lire aussi : http://revenudevie2012.blogspot.com/
GOODPLANET for Goodgreenwashing!
Toujours à la quette d'un sujet intéressant, j'ai eu le bonheur de rechercher décroissance sur GOOGLE, et o combien mon indignation fut grande lorsque je découvris le fruit de ma recherche par une publicité en tête de recherche : le site Goodplanet.info parle de décroissance. Dans un engouement de curiosité je me suis dit que google était devenu fou car une publicité parlant de la décroissance, il y a certainement une coquille dans le potage. NON, le site goodplanet parle bien de décroissance et fait de la publicité, et d'un profond dégout je passai rapidement à des convulsions vomitives en cliquant sur le lien.
Interressons nous à qui est goodplanet.info
Faisant parti d'un gigantesque réseau de site Goodplanet.info, mygoodjobs.org, goodplanet.org,... Goodplanet.info veut faire "comprendre l'environnement et ses enjeux", une sorte de média mêlant un peu tout et rien pour parler d'environnement, de polution, de politique, ... Dans la section économie nous trouvons : Consommer, Décroissance, Développement durable, Eau virtuelle, Économie, Mines, Barrages, Nanotechnologies, Labels, Investissement, Responsabilité. Imaginez l'hérésie de placer décroissance entre consommer et développement durable, mais qui peut être au manette d'un tel bordel? Nous retrouvons comme président? Je vous le donne en mille? un indice peut être : notre hélicologiste préféré ? Trouvé : Yann Artus Bertrand ! En photo ci dessous avec les acteurs phares de l'indice Low Carbon 100 qui ouvrent les marchés européens de NYSE Euronext depuis Paris! Et qui peut soutenir Goodplanet? Les mêmes qui peuvent se payer une bonne tranche de greenwashing, après avoir aider au financement de construction de centrale nucléaire dans le monde : BNP PARIBAS, dont le slogan est : pour un monde qui bouge. Alors j'aime pas faire de caricature, ni avoir de mauvais sentiment, ni même mettre à l'index, mais trop c'est trop! Si on est pas en plein greenwashing, ou de se donner bonne conscience, ou même prendre littéralement les gens pour des cons, qu'on m'explique.
S'il n'est pas objecteur de croissance, certes, mais il se dit écologiste, et l'écologie ne peut qu'être anticapitaliste, André Gorz doit se retourner dans sa tombe. Lorsque Paul Ariès et Serge Latouche annonce la juste adaptation de la planète et de l'homme, pour leur GoodPlanet financière, lorsque le journal la décroissance mets à l'index Nicolas Bertrand, je mesurai pas totalement que Nicolas Bertrand c'est l'intoxication cancéreuse de l'éducation écologique populaire, il faut dénoncer la lobotomie dangereuse que ces gens organisent. Et pour modifier une citation de Jean Paul Sartre, bientôt plus besoin de réchauffement climatique pour griller la planète, l'enfer c'est eux!
Note : Deux articles très interressant du tout et n'importe quoi : "L'abus de viande nuit à la planète" , "Manger des fruits et légumes, c'est bon pour la santé, pas pour la planète" , mais j'ai trouver aucun article sur "Le productivisme, le capitalisme, le libéralisme et le consumérisme nuit à la planète et à ses habitant-e-s", aucun non plus sur "Nicolas Bertrand tais toi, tu dis n'importe quoi".
La ROUE, monnaie locale du Vaucluse.
Le ROC06 salue l'initiative de "La roue" d'Avignon et du Vaucluse, monnaie locale alternative spéciale "crise", de François Delay et Thierry Cottet. A Toulouse en 2008 la création du SOL-Violette, une monnaie complémentaire comme outil pour une démarche globale fut créée, et ils ont réalisé une vidéo assez complète sur leur expérience.
L'article publié le samedi 12 novembre 2011 (http://www.laprovence.com/article/economie-a-la-une/le-vaucluse-sort-de-leuro), montre que les monnaies locales sont pas bien comprises et méconnues, la monnaie locale n'est pas née en 2000 en Argentine. Elle est née (ou ressuscité) suite à l'expérience de Wörgl qui fut conduite de Juillet 1932 à Novembre 1933 comme un exemple classique montrant l'efficacité potentielle des monnaies locales. Wörgl est une petite ville d'Autriche de 4 000 habitants qui introduisit un système de bon local durant la Grande Dépression.
En 1932, la taux de chômage à Wörgl avait augmenté de 30%. Le gouvernement local avait accumulé des dettes d'une montant d'1.3 million de schillings autrichiens (ATS) alors que les réserves en liquidité correspondaient à 40 000 ATS. La construction locale et l'entretien municipal étaient au point mort.
A l'initiative du maire de la ville, Michael Unterguggenberger, le gouvernement local imprima 32 000 bons-travail portant un taux d'intérêt négatif de 1% par mois (monnaie fondante), et pouvant être convertis en schillings pour 98% de leur valeur faciale. Un montant équivalent en schilling était déposé à la banque locale pour couvrir les bons en cas de rachat en masse et de réclamation des intérêts par le gouvernement. Les bons circulèrent si rapidement, que seuls 12 000 d'entre eux furent en fait mis en circulation. Selon les rapports du maire et d'économistes d'alors qui étudièrent cette expérience, le système de bons fut facilement accepté par des marchands locaux et la population locale. Les bons permirent de réaliser pour 100 000 ATS de projets de travaux publics incluant la construction et la réparation de routes, de ponts, de réservoirs, de systèmes de drainage, d'usines et de bâtiments. Le bon eut également cours légal pour le paiement des taxes locales. Pendant l'année où la monnaie fut en circulation, elle circula 13 fois plus vite que le shilling officiel[réf. souhaitée] et servit de catalyseur à l'économie locale. Les lourds arriérés en impôts locaux se réduisirent de façon significative. Les recettes du gouvernement local s'élevèrent de 2 400 ATS en 1931, à 20 400 en 1932. Le chomâge fut éliminé, alors qu'il demeura très élevé dans le reste du pays. Aucune hausse des prix ne fut observée. S'appuyant sur le succès significatif de l'expérience de Wörgl, plusieurs autres communautés introduisirent des systèmes de bons similaires.
En dépit des bénéfices tangibles du programme, il se heurta à l'opposition du parti socialiste régional, et à l'opposition de la banque centrale autrichienne, qui y vit une violation de ses pouvoirs sur la monnaie. Il en résulta une suspension du programme, le chômage se développa à nouveau, et l'économie locale dégénéra bientôt au niveau d'autres communautés du pays.
Parmi d'autres documents historiques bien documentés, l'on trouve :
Le système de monnaie de Joshua Norton
Les certificats de prospérité
Wara (Allemagne, rendu illégal en octobre 1931)
les bons d'achats de la commune libre de Lignières (Cher)
A quoi sert la gauche?
Nous ne pouvons pas zapper l'éditorial du Sarkophage (N°27) des mois de novembre-décembre, car il est plein de clairvoyance et reflète la situation électorale actuelle de la France. Nous remercions Paul Ariès pour ce texte qui illustre purement le soustitre du Sarkophage : "Comprendre c'est désobéir"! Le ROC06 sera comme le Sarkophage ceux qui désobéiront aussi sous cette gauche ou cette droite, et qui désobéiront pour construire de nouveaux jours heureux.
La question est légitime depuis la publication des deux ouvrages de Laurence Parisot, la patronne du Medef. Dans Besoin d’air (Seuil, 2007), elle expliquait que le problème ne serait pas la croissance économique. Elle reconnaissait certes que le système a bousillé le système, mais, promis-juré, on ne le ferait plus. La solution serait le capitalisme vert, c’est-à-dire la volonté d’adapter la planète puis l’humanité elle-même aux besoins du productivisme. Nous avons connu, dans la foulée, le Grenelle des dupes et sa conclusion la politique de « juste adaptation ». Dans Un piège bleu Marine (Calmann-Lévy, 2011), Parisot s’en prend cette fois au Front national. Le patronat et le capitalisme seraient finalement les meilleurs remparts contre le retour de la bête immonde… Ce bréviaire de la dame de fer du Medef est l’œuvre d’un patronat sénile. Pas un mot sur la collaboration économique du patronat français durant la Seconde Guerre mondiale, ni sur le « plutôt Hitler que le Front populaire » cher aux milieux d’affaires, ou sur le financement des ligues factieuses par le grand capital. Saluons le tour de force qui fait apparaître le patronat sans passé et sans passif. Ce bréviaire s’en prend aussi aux thèses de la gauche sans jamais la nommer, comme si le programme « bleu Marine » était altermondialiste et anticapitaliste, comme si la voie royale qui conduit au Front National n’était pas la droite populaire ! Le vote bleu Marine serait le vote anti-argent, antimarchés, antiéchanges… Il prolongerait la victoire du Non au référendum…
À quoi sert la gauche ? La question est légitime au regard de l’absence des thèses antiproductivistes au sein de la campagne. Je ne parlerai même pas des « cocus » de la « démondialisation », finalement invités à voter pour François II. Le terme le plus utilisé d’ailleurs par les impétrants, Hollande et Aubry, fut celui de croissance économique. Cette gauche-là n’a toujours rien compris. Le «capitalisme coopératif» est une chimère. Quant aux autres gauches, elles donnent le sentiment d’un sacré retard à l’allumage, faute d’oser faire véritablement du neuf en politique. J’ai bien peur qu’on nous refasse le coup d’une énième campagne strictement antilibérale, d’une campagne très éloignée de la révolte de la jeunesse dont le mouvement des Indignés est un symptôme. J’ai vécu le samedi 22 octobre un très mauvais rêve lors de l’assemblée générale des Services publics à Valenton. J’ai pu entendre des dirigeants et des cadres communistes dire que l’écologie antiproductiviste était un peu malthusienne, que la désobéissance c’était bien joli, mais pas à la hauteur de 2012, que l’idéal serait que les Africains aient autant de voitures que les Français, que la gratuité ne serait pas une bonne solution car il faudrait d’abord faire payer les riches, bref que les antiproducti- vistes voudraient finalement affamer le peuple ! La gauche antiproductiviste est donc dans l’attente que les candidats de la vraie gauche franchissent enfin le Rubicon… Europe-Écologie a bien raison de dire préférer ne pas avoir de députés plutôt que de renoncer à la sortie du nucléaire… Cette position doit être celle de tous les candidats de la vraie gauche, comme ils doivent dire qu’ils préféreraient ne pas avoir de députés plutôt que de ne pas revenir à la retraite à 60 ans sans malus, plutôt que de ne pas obtenir les 32 heures sur 4 jours, plutôt que de ne pas avancer vers la gratuité des services publics. Le Sarkophage sera de ceux qui désobéiront aussi sous la gauche, de ceux qui désobéiront pour construire de nouveaux jours heureux.
Paul Ariès
« La Bourse à la corbeille ! » [Frédéric Lordon]
Il faut fermer la Bourse, Entretien de Frédéric Lordon avec Emmanuel Lévy, Marianne2, 8 mars 2010
Regret que Marianne2 n’ait pas retenu le titre original proposé par Emmanuel Lévy : « La Bourse à la corbeille ! »…
Emmanuel Lévy : Dans un long papier paru dans le Monde Diplomatique vous préconisez la fermeture de la Bourse. Est-ce vos options politiques de dangereux gauchiste désireux de couper des têtes, ou vos motivations s’inspirent-elles d’une argumentation compatible avec un monde capitaliste ?
Les idéologues libéraux, qui ont l’amnésie intéressée, voudraient faire oublier cette période du fordisme dans laquelle la finance a été cadenassée, la Bourse inexistante… et la croissance étincelante. Or que je sache, le fordisme, ça n’était pas le Gosplan ni les soviets mais bien le capitalisme. Mais la vraie réponse à cette question est ailleurs. Elle consiste à dire que, dans la logique même des entreprises d’aujourd’hui, la Bourse est une aberration : 1) les entreprises vont moins s’approvisionner en capital à la Bourse qu’elles n’y vont s’en faire dépouiller, puisque ce que les actionnaires leur extorquent (en dividendes et en rachat d’actions) finit par l’emporter sur ce qu’ils leur apportent, de sorte que ce n’est plus la Bourse qui finance les entreprises mais les entreprises qui financent la Bourse ! ; 2) la contrainte actionnariale censure une part de plus en plus importante de l’investissement en écartant les projets jugés insuffisamment rentables (et l’« insuffisance » commence à 10 % voire 15 %...), par conséquent la Bourse est un frein au développement économique ; 3) les entreprises sont soumises par l’actionnaire à des contraintes de gestion (modes managériales successives, court-termisme…) incompatibles avec la conduite de moyen-long terme de projets industriels ; 4) et le comble du paradoxe est atteint lorsque les actionnaires finalement découragent eux-mêmes le financement par action puisque les nouvelles émissions ont des propriétés dilutives…
Mais la Bourse s’est imposée dans le paysage, tout comme la météo ?
C’est là typiquement le genre d’énoncé qui offre un concentré pur de l’idéologie néolibérale : la naturalisation des faits sociaux. Alain Minc n’est pas capable de bâtir un « argument » économique sans invoquer la loi de la pesanteur. Or la Bourse est une forme institutionnelle, elle n’est pas sortie du cul d’une poule ni tombée du ciel. Elle a été faite de main d’homme. Par conséquent elle peut être défaite s’il apparaît qu’on y a plus d’avantages que d’inconvénients — ce qui me semble notoirement le cas. Il y a eu un moment où on s’est dit que l’institution « monarchie de droit divin » était pénible. Elle a fini dans le même panier que la tête du roi et depuis ça va mieux. On pourrait dire cependant que c’est bien la loi de la pesanteur qui a fait tomber le couteau de la guillotine… Mutatis mutandis bien sûr — on n’est pas des sauvages — il se pourrait, vu sous cet angle, que MM. Minc & Co découvrent un jour un aspect de la loi de la pesanteur qui ne leur était pas apparu.
La Bourse de Paris n’est-elle pas déjà fermée ? Le palais Brongniart n’est-il pas depuis longtemps transformé en mini palais des Congrès ?
C’est la seule chose vraiment regrettable puisque ça rend plus difficile sa destruction physique, dont les bonnes propriétés symboliques et carnavalesques ne devraient pas être méconnues. Au moins mai 68 avait eu la possibilité de mettre le feu au palais Brongniart… Mais vous-même feignez l’innocence et savez bien que la Bourse existe, simplement sous la forme moins spectaculaire de très gros serveurs informatiques bien planqués quelque part — où d’ailleurs ? Question intéressante, n’est-il pas ?
Les évolutions techniques en matière de finance que vous évoquez (je pense que cela sera le cas…) ont-elles profondément modifié le rapport de force entre la finance et l’économie productive ?
C’est bien peu de le dire. Et c’est précisément parce que ce rapport de force s’est renversé du tout au tout qu’il est urgent de remettre des limites au capital actionnarial qui n’en connaît aucune et, de lui-même, ne s’en imposera aucune. C’est pourquoi les appels à la modération qui ont pour nom « moralisation du capitalisme » sont d’une indigence qui partage entre le rire et les larmes. L’emprise acquise sur les firmes par le capital actionnarial au travers de la configuration présente du capitalisme est un fléau qu’on ne réduira que par les mêmes moyens qui l’ont imposé : une transformation radicale de structures. Des contraintes de gestion aberrantes et des effets d’anti-financement résument ce fléau qui naît bien moins de la dépendance financière des entreprises aux apporteurs de capitaux (les capitaux, les « apporteurs » les leurs prennent !) que du contrôle des équipes dirigeantes par le cours de Bourse : si les actionnaires sont mécontents, des ventes font baisser le cours, l’entreprise devient opéable… et le patron éjectable. L’histoire récente du capitalisme est (en partie) l’histoire d’une lutte de puissance entre deux fractions du capital : le capital financier et le capital industriel, le premier ayant reçu de la modification des structures un pouvoir inédit qui lui a permis de déposséder le second de son ancienne souveraineté. Et de lui imposer tout et n’importe quoi. Et à la fin le capital industriel passe le mistigri au salariat…
Les promesses faites par la finance, en réalité celles issues de la libéralisation des marchés, avec à la clé plus de croissance, plus de richesse, n’ont-elles donc pas été tenues ? Après tout, sans la Bourse, pas de Google, non plus de Microsoft ?
C’est vous qui le dites et il faudrait un ou deux arguments pour le soutenir. Que des Google ou des Microsoft soient apparus pendant la période de déréglementation financière ne prouve nullement que celle-ci soit la cause sine qua non de ceux-là. La seule chose dont on soit certain est que, sans Bourse, pas de Bill Gates et de Larry Page multi-milliardaires… On ne peut pas dire que ce soit un avantage économique indéniable. Il est vrai cependant que le financement des start-ups technologiques est l’argument de dernier recours pour justifier la finance actionnariale mais au travers de ce compartiment très spécial et en fait très étroit de l’amorçage et du venture capital. La perspective de l’introduction en Bourse y est présentée comme stratégique précisément du fait que le financement de l’innovation radicale est hautement incertain, finit mal neuf fois sur dix, et qu’il faut décrocher le pompon sur la dixième pour rattraper les neuf autres. Mais une telle économie de la péréquation est très concevable hors de la Bourse et on pourrait parfaitement l’imaginer opérée au travers d’instruments de dette un peu sophistiqués à base de taux d’intérêt variables indexés sur les profits des start-ups par exemple. Rien dans leur financement ne justifie incontestablement de maintenir un passage par la Bourse, à part le désir de l’enrichissement hors de proportion de créateurs d’entreprise et de business angels mus au moins autant par le projet de faire fortune que par celui de créer quelque chose.
Pour ce qui est de la contribution de la finance à la croissance, je vous suggère de comparer le taux de croissance moyen des trente glorieuses, donc sans finance dérégulée et avec une Bourse croupion (5% l’an en moyenne), et celui de la période de hourrah-dérégulation depuis deux décennies. L’affaire est vite vue. Et ceci n’est nullement un plaidoyer passéiste mais simplement l’idée — logique — qu’un contre-exemple suffit à ruiner une généralité. Dont nous ne devrions donc plus être prisonniers.
La fermeture de la Bourse peut elle s’envisager dans un seul pays ?
Pour le coup oui ! Ce sont toutes les mesures « intermédiaires » qui font hurler au péril de la fuite des capitaux. Mais en fermant la Bourse, c’est nous qui mettons les capitaux à la porte ! Et pour autant ceci ne signifie nullement une économie privée de fonds propres. L’idéologie actionnariale a fini par faire oublier que les capitaux propres, ce sont les entreprises qui les sécrètent par leurs profits… dont elles vont se faire dépouiller à la Bourse. L’autofinancement, le crédit bancaire et éventuellement des marchés obligataires constituent un mode de financement tout à fait viable de l’économie.
Une fois la bourse fermée, ou iraient les cerveaux bien formés que les super rémunérations issues de la finances attirent dans les salles de marché ?
De deux choses l’une, ou bien ils foutraient le camp et iraient exercer leurs nuisances ailleurs, ou ils mettraient leurs supposées intelligences au service d’activité socialement plus utiles et dans les deux cas on ne s’en porterait que mieux. Il est grand temps de se désintoxiquer de l’idéologie des « compétents », dont l’incompétence est pourtant spectaculairement démontrée jour après jour, mais dont il faudrait néanmoins satisfaire toutes les exigences sous la menace de les voir partir. La question des bonus et des rémunérations est entièrement captive de cette grande illusion. Je dis que le départ des « meilleurs » traders est une bénédiction : 1) ne resteront que les moins finauds auxquels il faudra ne confier que les produits les moins sophistiqués… donc les moins risqués ; 2) si le problème économique posé par les bonus ne doit pas être sur-estimé, le problème politique de justice sociale et d’inégalités obscènes est lui de première importance, c’est pourquoi, non pas limiter mais interdire les bonus, et éventuellement faire fuir les traders, est une solution à envisager très sérieusement car ces extravagantes rémunérations ont le caractère d’un trouble à l’ordre public ; 3) la finance est un pôle d’attraction qui a profondément distordu l’allocation du capital humain dans la division du travail en captant des esprits qui seraient infiniment mieux employés ailleurs. Quant aux « compétents » non traders, s’ils savaient… Il y en a quinze derrière eux qui feraient le travail aussi bien qu’eux.
En fait, ce n’est pas vraiment la fermeture de la Bourse que vous prônez, mais une sorte de ralentissement de son cours, que vous décrivez comme infernal. En quoi, la fin de la cotation permanente, c’est à dire en continu des titres est-elle apte à redistribuer les cartes ?
Mais si mon bon monsieur, c’est bel et bien la fermeture de la Bourse que je prône ! Je concède que c’est un peu rude à avaler… Cependant pour les petits estomacs, j’ai une sorte de formule à la carte, avec un étagement de recettes anti-actionnariales rangées dans l’ordre de l’épicé croissant. En amuse-bouche, je propose, en effet, de commencer par une formule de « ralentissement » en abolissant la cotation en continu, remplacée par un fixing mensuel (ou plurimestriel). Puis on entre dans le roboratif avec le SLAM (Shareholder Limited Authorized Margin) qui est un impôt non pas sur les profits d’entreprise (comme on le lit parfois) mais sur la rentabilité actionnariale, et qui plus est un impôt de plafonnement : c’est-à-dire qui prend tout au-delà d’un certain seuil maximal autorisé de rentabilité, le but de la manœuvre étant de cisailler les incitations actionnariales à pressurer toujours davantage les entreprises puisque tout ce qu’elles leur feront cracher en plus pour les actionnaires leur sera confisqué. Le plat de résistance bien sûr, c’est la fermeture de la Bourse elle-même. Chacun puisera là dedans selon son appétit politique et la conjoncture du moment.
Pensez-vous que les partis de gauche de gouvernement soient capables d’intégrer vos arguments ?
Les partis de gauche de gouvernement mangent des graines et font à peine cuicui.
Voir en ligne : Cet entretien sur Marianne2
Le 11 mars 2012, réagissons ensemble pour sortir du nucléaire !
Le 11 mars 2011 débutait la catastrophe nucléaire de Fukushima, qui continue aujourd’hui de contaminer le Japon.
Un an plus tard jour pour jour, réagissons pour dénoncer le risque de catastrophe nucléaire en France et pour affirmer, tous ensemble : « sortir du nucléaire, c’est possible ! »
Formons une grande chaîne humaine dans la région la plus nucléarisée d’Europe
C’est en se mobilisant par dizaines de milliers que les Allemands ont obtenu une décision de sortie du nucléaire d’ici 2022.
Nous aussi, nous devons établir un rapport de force avec ces élites coupées des citoyens, qui nous imposent le danger nucléaire. Indignons-nous, mais surtout rassemblons-nous : c’est en étant nombreux que nous sommes forts.
N’attendez pas le 11 mars... Dès aujourd’hui, vous pouvez agir !
C’est dès aujourd’hui qu’il nous faut mobiliser largement en vue de la grande chaîne humaine du 11 mars 2012. Informez tous vos contacts en leur envoyant ce message ; faites connaître la chaîne près de chez vous en commandant gratuitement tracts, autocollants et affiches ; parrainez des maillons de la chaîne pour nous aider à organiser la mobilisation ; ... Rendez-vous sur le site www.chainehumaine.org !
Et dans une ambiance familiale, rejoignez la chaîne humaine entre Avignon et Lyon le dimanche 11 mars 2012. Chaque personne compte, et nous comptons sur vous.
Toute l’équipe du Réseau "Sortir du nucléaire"
Indépendants de l’État à 100 %, nous sommes dépendants de vous.
Soutenez notre action, faites un don ! http://www.sortirdunucleaire.org/don
Diffusez l’information en envoyant ce message à vos contacts !
Chacun-e peut s’abonner pour recevoir nos infos :
http://www.sortirdunucleaire.org/dossiers/rezo-info.html
La conférence gesticulée « faim de pétrole » devient « le plein d’énergie »
Une première partie pour comprendre la crise énergétique qui nous pend au nez. Une crise qui, très simplement, pourrait mener à la fin de notre civilisation industrielle. Pour combien de temps pouvons-nous encore nous permettre l’insouciance ? Pour les experts en retraite de l’industrie pétrolière, c’est déjà trop tard, pour ceux en activité, nous avons encore 10 ans, au mieux.
Le monde militant connait plusieurs de ces scénarios catastrophes. L’écart entre ce que l’on sait et ce qu’on arrive à faire pour changer le monde produit de l’impuissance. Il faut donc soit moins savoir de choses soit être capable d’augmenter son pouvoir d’agir.
Avouons nos faiblesses et sortons de l’information qui ne pousse que peu de gens vers l’action. Ne jugeons plus ceux qui militent autrement ! Donnons du corps à la convergence des luttes ! Réapproprions-nous l’action directe !
Une seconde partie pour comprendre ce qui provoque cette impression de n’être qu’entre « déjà convaincus » et des pistes pour militer de manière joyeuse et offensive. En reprenant notamment les idées de Saul Alinsky, qui a préconisé de péter dans un opéra pour réhabiliter un quartier insalubre. Et ça a marché !
Retrait des textes sur l’évaluation des personnels d’enseignement, d’éducation et d’orientation
Le Réseau Objection de Croissance des Alpes Maritimes soutient nos enseignants dans leurs combats pour le retrait des textes sur l'évaluation des personnels d'enseignement, d'éducation et d'orientation.
Soutenez les en signant la pétition : http://retraitduprojetevaluation.net/
Le ministre veut imposer dès la rentrée 2012 une modification en profondeur des modalités d’évaluation des personnels d’enseignement, d’éducation et d’orientation.
Les projets de textes, finalisés avant même toute concertation, prévoient :
- le gel des promotions autres qu’à l’ancienneté jusqu’en 2015
- la progression de carrière aux seules mains du supérieur hiérarchique
Dans le même temps, dans le second degré, le chef d’établissement deviendrait l’unique évaluateur.
Les organisations syndicales CGT Educ’action, SE-UNSA, SGEN-CFDT, SNALC-CSEN, SNCL-FAEN, SNES-FSU, SNEP-FSU, SNUEP-FSU, SNLC-FO, SUD Education réunies le 17/11/2011 dans le cadre d’une intersyndicale du second degré ont condamné unanimement les projets de textes sur l’évaluation des personnels enseignants, d’éducation et d’orientation que le ministère veut imposer dès la rentrée 2012.
Sous couvert d’évaluation, c’est une vision du système éducatif fondée sur la performance individuelle que portent ces projets.
Ainsi dans le second degré, la fin de double évaluation reviendrait à reléguer au dernier plan ce qui constitue le cœur du métier, à savoir le travail en classe avec les élèves dénaturant ainsi profondément les métiers de l’éducation.
Les organisations syndicales CGT Educ’action, SE-UNSA, SGEN-CFDT, SNALC-CSEN, SNCL-FAEN, SNES-FSU, SNEP-FSU, SNUEP-FSU, SNLC-FO, SUD Education appellent les personnels dans les établissements à faire connaître les projets ministériels, à se réunir en assemblée générale et à se mobiliser.
Elles sont déterminées à organiser une riposte forte et rapide pour exiger le retrait du projet. Elles appellent à signer massivement la pétition unitaire qui sera mise en ligne dès lundi et ont mis en perspective une grève le 15 décembre des personnels enseignants des 1er et second degré, d’éducation et d’orientation.
Parce que ces projets induisent des transformations de nos métiers que nous refusons, nous en demandons le retrait.
Clément Wittmann fait une petite satire sur ce que sera l'école de demain si on les laisse faire, l'école est en danger, défendons là!
vive la croissance ! Dans le secteur de... par clement_wittmann
Séminaire-formation : Démocratie et territoires
Publier sur http://www.les-oc.info/2011/12/cendras-2012/
Séminaire-formation : Démocratie et territoires
14 & 15 janvier 2012, à Cendras (30)
Les Objecteurs de Croissance, l’Association Abraham Mazel organisent un Séminaire francophone sur « Démocratie locale et Coopération territoriale », avec le soutien du journal régional de la relocalisation, ProXimités.
C’est où ?
au Foyer socioculturel Lucie Aubrac (c’est ici) Place Salvador ALLENDE 30480 CENDRAS (Gard)
Cette formation a l’agrément « formation pour les élus » conformément à la loi n° 92-108 du 3 février 1992. Elle se fait en partenariat de l’Aderoc avec Formation et Citoyenneté (21 ter, rue Voltaire – 75011 PARIS / Tél : 01 43 79 09 23 – Fax : 01 43 79 32 09 / E-mail : contact@formationcitoyennete.org / Web : http://www.formationcitoyennete.org)
Télécharger le bulletin d’inscription : à renvoyer par courrier ou par télécopie au 01 43 79 32 09
Inscription, hébergement et règlement :
Par courrier : Colette Verseils – séminaire, Le Paussanel – 30140 MIALET
Par formulaire sur ce site : http://www.les-oc.info/cendras-2012/
Développer les coopérations pour renforcer la démocratie locale
Ce Séminaire s’organisera sur trois grands axes :
Comment retrouver la maîtrise de nos usages en élargissant le champ de la démocratie de proximité et en créant de nouveaux outils de coopération et d’échange (monnaie locale, coopérative d’habitants, régie publique…) ?
Organiser la Transition vers une démocratie généralisée, en inversant la pyramide de prise de décisions, en réintroduisant la démocratie directe, le mandat impératif, la rotation des mandats…
Communalisme et Fédéralisme, nouvelle organisation sociale, enjeu d’un projet de civilisation basé sur une éthique de la responsabilité…
Pour nous contacter
Contact : inscription.seminaire@gmail.com
Renseignements pratiques et contributions : http://les-oc.info/
Inscription, hébergement et règlement : Colette Verseils – séminaire, Le Paussanel – 30140 MIALET ou par formulaire sur ce site : http://www.les-oc.info/cendras-2012/
Nous proposons de travailler en trois axes, Elargissement du champ de la démocratie de proximité, Nouveaux outils de coopération et de décision, Nouvelle organisation sociale. Chacun d’eux abordera les thématiques qui lui sont propres et devra aboutir à des propositions de transition et d’alternatives concrètes immédiates.
Les travaux se feront en ateliers qui aborderont l’organisation sociale nécessaire, les modalités de la prise de décision collective, le niveau de cette décision et les coopérations à mettre en œuvre dans l’objectif d’une autogestion généralisée de la vie.
Un compte-rendu sera établi de façon à pouvoir prolonger les débats et mises en œuvre au delà du séminaire, sur le site : http://les-oc.info/
Tous ceux qui veulent contribuer à l’élaboration thématique peuvent se faire connaître et commencer à proposer des intervenants (chercheurs, associations…) ou des contributions. Ecrire à contributions@ml.les-oc.info
Certaines contributions pourront faire l’objet d’une publication dans la revue Limites, cahiers francophones de l’objection de croissance, http://www.limites.eu/
Tarifs d’inscription
faible revenu : 5 € ; autres : 20 €, (cette somme correspond à une souscription lancée pour permettre le déplacement et l’accueil des personnes à faible revenu).
repas sur place et bio : 5 et 10 € le repas suivant le revenu (du vendredi soir au dimanche midi).
hébergement sur place, en gîte collectif et chauffé :6 € ou 14 € la nuitée suivant les revenus.
chèque à l’ordre de ADEROC.
navette à partir de la gare d’Alès vendredi soir.
covoiturage organisé sur le site.
Inculture(s) II ou le nouvel esprit du capitalisme [Franck LEPAGE]
Petits contes politiques et autres récits non autorisés
"L’éducation populaire, monsieur, ils n’en ont pas voulu..." (Une conférence gesticulée)
Une autre histoire de la France démocratique, culturelle, sociale, éducative, politique, civique, citoyenne, partenariale, associative, décentralisée, européenne et mondialisée, bref... une autre histoire du capitalisme.
Franck LEPAGE et la coopérative d’’éducation populaire « Le Pavé »
présentent
« Avant, j’étais prophète... Prophète salarié. Mon travail consistait à dire la vérité. (La vérité officielle). Et puis un jour, je me suis mis à mentir, et ils ont adoré. On me faisait venir de plus en plus souvent. On me disait que cela mettait de l’animation et de la démocratie. Quand ils ont trouvé que j’allais trop loin, ils m’ont viré. Depuis, je suis clown... Clown-consultant ».