Water makes money
Water makes money, mardi, 22 mars 2011 à 20:40 sur ARTE
Partout dans le monde, Veolia et Suez s'approprient la gestion de l'eau. Une enquête rigoureuse et engagée sur les dérives de l'utilisation de l'or bleu à des fins commerciales.
En France, Veolia et Suez gèrent 80 % de l'approvisionnement en eau dans le cadre de partenariats public-privé (PPP) qui voient les communes rester propriétaires des infrastructures et déléguer l'exploitation aux entreprises privées. Mais alors que ce modèle rencontre un indéniable succès à l'étranger, de plus en plus de municipalités tentent de reprendre le contrôle de l'eau dans l'Hexagone.
Recommunalisation
Ce film passionnant retrace, documents à l'appui, le processus qui a conduit à l'abandon des régies publiques, encouragé par "le droit d'entrée" : une pratique consistant, pour les opérateurs privés, à mettre à disposition des communes une confortable somme d'argent afin de s'assurer la conversion au modèle du PPP. Ces mariages d'intérêt ne sont pas restés sans conséquences pour les usagers : factures en constante augmentation, canalisations non entretenues... La longue liste de doléances a incité certaines municipalités, à l'instar de Paris et de Grenoble, à choisir la "recommunalisation" pour protéger la ressource en amont et offrir aux habitants un service de qualité. En France, mais aussi en Allemagne, au Kenya ou au Guatemala, par la voix d'experts tels que Maude Barlow, lauréate du prix Nobel alternatif, d'élus locaux dont Anne Le Strat, adjointe au maire de Paris chargée de l'eau, et de représentants d'associations de consommateurs, Water makes money alerte sur les dangers liés à l'hégémonie de Veolia et Suez, qui se traduit par une présence grandissante des multinationales dans les médias, les partis politiques, les ONG et les universités...
21.55: L'eau en bouteille, pour qui ?
À la lumière de l'exemple anglais, le documentaire dénonce la gestion irresponsable de l'eau potable à l'échelle de la planète.
Comment justifier que les Londoniens boivent de l'eau mise en bouteilles aux îles Fidji quand, dans le même temps, 35 % de la population de ces îles n'a pas d'accès à l'eau potable ? Beaucoup d'Européens ont ainsi renoncé à boire l'eau, pourtant de qualité, qui sort du robinet et consomment de l'eau en bouteilles. La branche prévoit pour les années à venir une croissance de plus de 30 %. Pourtant, les dégâts causés à l'environnement par le développement de ce marché sont plus qu'alarmants : chaque année, le seul transport de ces bouteilles du lieu de production au consommateur produit plusieurs centaines de milliers de tonnes de CO2. De son côté, la fabrication des bouteilles de plastique engloutit 1,5 milliard de barils de pétrole. Et enfin, une bouteille sur quatre seulement est recyclée, le reste polluant les sols et les eaux naturelles pour des siècles. Chère victoire du marketing sur le bon sens.
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