R.O.C. 06
28Fév/11Off

Le sol, la terre et les champs [Claude & Lydia Bourguigon]

L'agriculture aujourd'hui est dans une impasse. L'intensification n'a pas été capable d'arrêter la famine mais elle a épuisé des millions d'hectares de sol et dégradé la qualité nutritive des aliments. Fondée sur une conception très réductrice du sol considéré comme un support inerte l'agronomie n'a pas su développer une agriculture durable, elle s'enlise dans les OGM qui rendent les agriculteurs prisonniers des semenciers ainsi que dans les agro-carburants qui provoquent une hausse brutale du prix des denrées agricoles. S'appuyant sur les expériences réussies d'autre forme d'agriculture dite biologique et sur les dernières recherches en microbiologie du sol, Claude et Lydia Bourguignon proposent dans ce livre une nouvelle voie pour l'agriculture du XXIe siècle. L'agrologie, sciences de l'agriculture écologique, est fondée sur une perception fine des relations complexes qui unissent le sol, les microbes, les plantes, les animaux et l'homme. Elle développe l'usage de nouvelles espèces déjà sélectionnées par la nature pour leur aptitude à restructurer les sols, à récupérer les engrais lessivés par les pluies, à pousser sur des sols pauvres ou arides. Dans cette nouvelle édition revue et augmentée de cet ouvrage de référence, les auteurs, remettant en cause le labour, exposent une nouvelle évolution verte, qui par l'application des lois de la biologie des sols, permet de restaurer une fertilité durable grâce à des techniques comme le semis direct sous couvert, le BRF, le compost, etc. Le paysan devenu exploitant agricole doit maintenant devenir un véritable agriculteur qui pour la première fois dans l'histoire, cultivera la terre sans l'éroder en l'aimant et la respectant comme un être vivant.

28Fév/11Off

La décroissance, une idée pour demain [Timothée Duverger]

La décroissance ne se pose pas comme l'opposé mais comme la contradiction de la croissance fondée sur les notions de développement et de progrès. Subversive, elle revisite les clivages traditionnels pour leur préférer la distinction entre productivisme et antiproductivisme. Selon ses différents courants, elle articule et développe les deux critiques du capitalisme : critique sociale et critique écologique. Elle est donc sa négation tant sur le plan économique que culturel.

Cet ouvrage propose une synthèse et une présentation historique des deux cycles des mouvements de la décroissance. Tout d'abord, des pionniers de l'après 68, de Nicholas Georgescu-Roegen à André Gorz, et ensuite des quatre courants : culturaliste, politique, bioéconomique et écologique, apparus fin du siècle dernier.

Il pose les enjeux qu'affronté notre société, qui devra rechercher des alternatives pour inventer un paradigme capable d'engager un changement de trajectoire ou bien disparaître.

27Fév/11Off

Débat décroissance contre croissance


Débat Décroissance conte Croissance 1
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24Fév/11Off

Ivan Illich

Ivan Illich (4 septembre 1926 à Vienne en Autriche - 2 décembre 2002 à Brême en Allemagne) est un penseur de l'écologie politique et une figure importante de la critique de la société industrielle.

Biographie

Son père, Piero, vient d'une famille possédant des terres (vignes et oliviers) en Dalmatie, près de la ville de Split en Croatie. Sa mère, Ellen, descend d'une famille juive allemande « convertie ».

Son grand-père maternel, Fritz Regenstrief, a fait fortune dans la vente de bois en Bosnie-Herzégovine et construit une villa art nouveau aux alentours de Vienne (Autriche).

Pendant les années 1930, la xénophobie et l'antisémitisme montent en Yougoslavie. Le gouvernement poursuit Fritz Regenstrief à la Cour permanente internationale de justice de la Haye.1 En 1932, Ellen abandonne Split et part se réfugier dans la villa de son père à Vienne avec ses trois enfants. Ils ne reverront plus Piero qui meurt pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1942, Ellen quitte l'Autriche en vertu des lois antisémites, les nazis ont saisi la villa familiale.

Ivan Illich poursuit son éducation à Florence, où il joue un petit rôle dans la résistance italienne. Après la guerre, il étudie la théologie et la philosophie à l'Université grégorienne de Rome. Le Vatican le destine à la diplomatie, mais il choisit de se tourner vers la prêtrise. Il dira sa première messe dans les catacombes dans lesquelles les chrétiens romains fuyaient les persécutions.

Venant d'une famille aristocratique ayant d'anciens liens avec l'Église catholique romaine, il était destiné à devenir un prince de l'Église.1 Giovanni Montini, qui devint plus tard le pape Paul VI fut parmi ceux qui le poussèrent à rester à Rome.

Mais en 1951, il part aux États-Unis avec l'idée d'étudier les travaux d'alchimie d'Albertus Magnus à Princeton. Intrigué par les Portoricains et leur profonde foi catholique, il demande à Francis Spellman, archevêque de New York, un poste dans une paroisse portoricaine de New York. Il devient ensuite, entre 1956 et 1960, vice-recteur de l'Université catholique de Porto Rico, où il met sur pied un centre de formation destiné à former les prêtres à la culture latino-américaine.

En 1956, il est nommé vice-recteur de l'université catholique de Porto Rico. Deux choses le frappent à l'université : d'une part la surprenante similarité entre l'église et l'école, d'autre part l'étrange différence entre les buts avoués de l'éducation et ses résultats. Cette dernière prétend réduire les inégalités sociales, mais contribue à les accentuer en concentrant les privilèges dans les mains de ceux ayant les bagages suffisants. Cette réflexion aboutira en 1971 à Deschooling Society, traduit en français sous le titre Une société sans école.

Il quitte Porto Rico en 1960 suite à un différend avec la hiérarchie de l'Église, deux évêques qui participant à la vie politique en s'opposant à tout candidat qui voudrait légaliser les préservatifs. Pour Illich, entre la bombe atomique et les préservatifs, l'Église se trompe de cible.

En 1961, il fonde le Centre pour la formation interculturelle à Cuernavaca qui deviendra le fameux Centro Intercultural de Documentación (CIDOC). Ce centre fonctionnera de 1966 à 1976. Après sa fermeture, Illich reviendra vivre en Europe et il enseignera notamment l’histoire du haut Moyen Âge à Brême, en Allemagne.

Il décède en 2002 des suites d'une tumeur qu'il a volontairement choisi d'assumer jusqu'au bout sans vouloir l'opérer et qu'il garda 20 ans.

Théories

Monopole radical

Il est l'inventeur du concept de monopole radical (lorsqu'un moyen technique est ou semble trop efficace, il crée un monopole et empêche l'accès aux moyens plus lents, comme les autoroutes vis-à-vis de la marche à pied par exemple). « Quand une industrie s'arroge le droit de satisfaire, seule, un besoin élémentaire, jusque là l'objet d'une réponse individuelle, elle produit un tel monopole. La consommation obligatoire d'un bien qui consomme beaucoup d'énergie (le transport motorisé) restreint les conditions de jouissance d'une valeur d'usage surabondante (la capacité innée de transit). » (Ivan Illich, Énergie et équité, 1975)


Contre-productivité

La principale notion illichienne est le concept de la contre-productivité, qui décrit un phénomène embarrassant : lorsqu'elles atteignent un seuil critique (et sont en situation de monopole) les grandes institutions de nos sociétés modernes industrielles s'érigent parfois sans le savoir en obstacles à leur propre fonctionnement : la médecine nuit à la santé (tuant la maladie parfois au détriment de la santé du patient), le transport et la vitesse font perdre du temps, l'école abêtit, les communications deviennent si denses et si envahissantes que plus personne n'écoute ou ne se fait entendre, etc.

Penseur de l'écologie politique, il lutta contre le système automobile et tous les moyens de transports trop rapides qu'il jugeait aliénants et illusoires. Il avait par exemple calculé qu'en prenant en compte le temps moyen passé à travailler pour acquérir une automobile et faire face aux frais qui y sont liés et non seulement le temps passé à conduire celle-ci, la vitesse du bolide était de 6 km/h. En effet, un Américain consacrait en moyenne, durant les années 1970, 1 600 heures par an pour sa voiture et ne parcourait que 10 000 kilomètres durant l'année. Illich était aussi contre nos systèmes de santé et l'école obligatoire, qu'il considérait comme outils non-conviviaux.
La convivialité

Il travailla à créer des pistes vers d'autres possibilités, qui s'expriment selon lui par un retour à des outils conviviaux, qu'il oppose aux machines. L'outil accepte plusieurs utilisations, parfois détournées du sens original, et permet donc l'expression libre de celui qui l'utilise. Avec une machine, l'homme devient serviteur, son rôle se limitant désormais à faire fonctionner une machine construite dans un but précis.

On peut avoir une idée de la convivialité chez Illich avec la relation autonomie et hétéronomie reliée aux valeurs d'usage et d'échange marxiennes et à l'idée d'union-au-monde d'Erich Fromm.

On peut le considérer, avec son ami Jacques Ellul, comme l'un des principaux inspirateurs des concepts d'« après-développement » (diffusé notamment par des auteurs qui ont travaillé avec Illich, tels Majid Rahnema ou Gustavo Esteva), de « simplicité volontaire » et plus récemment de « décroissance soutenable ».
Origine du monde moderne

Dans le livre River North of the Future : The Testament of Ivan Illich As Told to David Caryley, Illich relate dans des entretiens oraux une vision particulière de l'Histoire. Pour lui, les institutions d'aujourd'hui qui se veulent universelles et établissent un monopole radical sont héritées du catholicisme.

À propos notamment de l'école : « Chaque peuple eut ses danses de la pluie et ses rites d'initiations mais jamais un rituel qui clamait sa validité universelle, une procédure se présentant elle-même comme destination inévitable pour tout le monde, dans tous les pays ». L'école est devenue selon Illich une religion universelle, et en tant que telle, témoigne de son héritage de la première institution qui déclarait ses services et ses ministères comme l'unique voie vers le salut : l'Église catholique romaine.

Pour Illich, selon l'adage corruptio optimi quae est pessima (« la corruption du meilleur devient le pire »), le monde moderne n'est ni l'accomplissement du christianisme ni sa négation, mais plutôt sa perversion. Les nouvelles libertés que Jésus nous a apportées ont rendu possibles de nouveaux excès. En libérant l'homme des anciennes traditions et des coutumes ethniques (liberté manifestée selon Illich dans la parabole du samaritain, qui transgresse les clivages) pour aider et donc choisir son prochain, l'homme perd également les garde-fous que ceux-ci pouvaient représenter.
Œuvre

  • Libérer l’avenir, Seuil, Paris, 1971 (titre original: Celebration of awareness).
  • Une société sans école (en), Seuil, 1971 (titre original: Deschooling Society
  • La Convivialité, Seuil, 1973 (titre original: Tools for conviviality)
  • Énergie et équité, 1re édition en français, Le Monde puis Le Seuil, 1973, 2e édition en anglais, 1974, 3e édition en allemand, 1974, traduction par Luce Giard, Seuil, 1975. texte intégral en français
  • Némésis médicale, Seuil, 1975
  • Le Chômage créateur, Seuil, 1977.
  • Le Travail fantôme, Seuil, 1981.
  • Le Genre vernaculaire, Seuil, 1983.
  • H2O ou Les Eaux de l’oubli, Lieu commun, 1988.
  • ABC, l’alphabétisation de l’esprit populaire, avec Barry Sanders, La Découverte, Paris, 1990.
  • Du lisible au visible, la naissance du texte, Cerf, Paris, 1991.
  • Dans le miroir du passé. Conférences et discours 1978-1990, Descartes & Cie, Paris, 1994.
  • Entretiens avec Ivan Illich, David Cayley, Bellarmin, 1996.
  • Œuvres complètes Tome 1, (Libérer l'avenir - Une société sans école - La Convivialité - Némésis médicale - Énergie et équité), Fayard, 2004.
  • Œuvres complètes Tome 2, (Le Chômage créateur - Le Travail fantôme - Le Genre vernaculaire - H2O, les eaux de l'oubli - Du lisible au visible - Dans le miroir du passé), Fayard, 2005.
  • La Perte des sens, Fayard, Paris, 2004.
  • La corruption du meilleur engendre le pire, entretiens avec David Cayley, Actes Sud, 2007.

Utopie urbaine : « Illichville »

Dans le prolongement de l'œuvre d'Ivan Illich, des artistes américains ont imaginé un projet de ville alternatif, du nom d'« Illichville ». À la différence des précédentes utopies urbaines, ce projet est récent puisqu’il date de la fin du XXe siècle et qu'il se conçoit résolument en opposition avec la « ville-automobile » américaine dont le modèle tentaculaire est Los Angeles. Il s’agit en outre d’un projet urbain à forte connotation écologiste. Il est basé sur la marche à pied, le vélo et les transports en commun. Il s'agit d'une ville qui propose de fait un modèle de décroissance basé sur le refus de la société de consommation et de l’automobile et promouvant la convivialité défendue par Illich.

23Fév/11Off

Le Sarkophage – Comprendre, c’est désobéir

Vive la vie bonne !
Editorial N° 15

La presse dominante se moque trop facilement des mises en garde des militants antiproductivistes contre les agressions sensorielles dont nous sommes victimes. Oui, nous sommes des militants de la lenteur ; oui, nous revendiquons le droit à la nuit ; oui, nous pensons que l’on n’accorde pas assez d’importance au « prendre soin ». De plus en plus, nous prévoyons des moments artistiques lors de nos rassemblements militants (chanteurs, musiciens, slameurs, chorégraphes, plasticiens, etc.). Ce choix est politique : mettre en acte la volonté de développer les autres dimensions de nos personnalités pour ne plus subir l’économisme dominant (se vivre uniquement en forçats du travail et de la consommation). Nous pourrions nous moquer de cette attention accordée au sensible, sauf si nous admettons que la société productiviste fait au quotidien l’économie du sensible. Prenons nos objets ordinaires. Songe-t-on assez aux conséquences de nos choix d’écriture ? Que signifie sensoriellement le passage de la plume au stylographe, puis au clavier ? Que signifient aussi ces lycées qui ressemblent à des quartiers de haute sécurité ? Que signifent ces abords de centre-villes pub-tréfiés par l’urbanisme commercial ? Le choix d’une vie bonne, donc simple,
est aussi celui d’une vie sensible. L’éveil de la sensibilité a besoin de temps, de gratuité, de profondeur : toutes qualités déniées dans un système dirigé par la seule impulsion quantitative. Norbert Elias a montré que le culte de la raison produit une éviction du sujet : il songeait alors notamment à la fin de l’artisanat. On pourrait aujourd’hui parler de la crise de la culture, et en particulier de la poésie. Les antiproductivistes sont fortement engagés dans la défense de la poésie, car l’inexplicable relève nécessairement du poétique. Or, c’est justement cette part humaine la plus profonde qui est aujourd’hui refoulée par le capitalisme. La crise du poétique est donc révélatrice de la guerre souterraine que mène la civilisation du symbole et du chiffre, c’est pourquoi nous devrions accorder de l’importance dans nos messages militants au beau, au poétique, au sensible. Le système d’oppression a pénétré très profondément dans nos imaginaires. Conséquence : ils sont en deuil, qu’il s’agisse de notre imaginaire alimentaire (celui de la malbouffe), ou sexuel (celui des films porno). L’imaginaire est toujours lié à une perception du monde, or la perception spontanée dominante est aujourd’hui à la consommation du monde. Le politique n’est plus capable de permettre au poétique de se formaliser sous une forme symbolique : songeons à la disparition des visionnaires et des tribuns,
puisque le seul discours autorisé est celui des économistes, des technocrates. Est-il insignifiant que le conseil scientifique d’ATTAC soit impulsé par des économistes, alors que les combattants de Massoud se disaient des poèmes ? A-t-on assez pensé à l’importance de la poésie et des poètes dans la Résistance ? Qui se souvient que c’est le grand poète roumain, Mircéa Dinescu qui a lancé, sur les ondes radiophoniques, l’appel à l’insurrection contre les Ceausescu ? Écoutons ce que nous dit le poètemilitant guadeloupéen Patrick Chamoiseau : le principe d’une poétique, c’est de parier sur les formes invisibles qui se trouvent dans le réel. Cette dimension poétique du vivant, c’est celle des grands mythes, y compris révolutionnaires. Une vie simple, c’est déjà une vie qui rappelle l’urgence et la beauté de vivre. Voilà pourquoi Le Sarkophage sera présent lors de la Biennale de Lyon, le 27 novembre, à 20 heures, à l’occasion de la conférence sur le thème « Le local sans les murs » dans l'espace même où est présentée l'oeuvre du sculpteur Sarkis. Voilà pourquoi Le Sarkophage co-organise le samedi 30 janvier 2010 avec la municipalité de Vaulx-en-Velin un grand colloque international sur le thème « Ralentir la ville », pour faire société de façon plus belle.
Responsable rédaction : Paul Ariès

23Fév/11Off

La Décroissance – Le journal de la joie de vivre – N°76

N°76 – février 2011: José reviens !

Page 2 : Courriers
Pages 2-3-4 : José du côté obscur de la force, par Paul Ariès
Page 3 : Éditorial : Augmentation, par Bruno Clémentin
Page 4 : Chronique d’Alain Accardo : Attente
Page 5 : La décroissance promue par une grande école, par Vincent Cheynet
Page 6 : L’écotartufe : Jean-Paul Besset - La saloperie : La radio
Page 7 : Simplicité volontaire : Pascale et Olivier, Laboratoire, par Catherine Thumann - Action du mois : Refuser le consensus
Pages 8-9 : Le ski, ça pue, ça pollue et ça rend con, par Catherine Thumann
Page 10 : Croissance du déluge en Australie, par Florence Leray - Leçon de cohésion à la belge, par Catherine Thumann
Page 11 : La chronique du conseil municipal : Décroissance, en v(o)eux-tu ? En voilà !, par Thierry Brulavoine - Professeur Foldingue: Mère porteuse - Cancún : attention danger !, par Paul Ariès
Page 12 : Chronique de François Jarrige : Aux origines de l’État industrialiste - Bédé : Bovix le décroissant
Page 13 : Le petit économiste : Taxer les riches ?, par Denis Baba - Chronique de Jacques Testart : Le retour de Jacques Benveniste
Page 14 : Capital fait sa « révolution », par Cédric Biagini
Page 15 : Abroger YAB, le Qatar et la Fifa !, par Stéphane Lhomme
Page 16 : Chronique antinucléaire de Stéphane Lhomme : Deux otages français sacrifiés pour sauver Areva et Sarkozy

22Fév/11Off

S!lence – Ça marche !

388 - À paraître en Mars
La marche, c’est le pied !

Toutes les petites et les grandes facilités de la vie quotidienne – véhicules, réseaux, marchandises, robinets, interrupteurs… – me "libèrent" du temps et de l’espace. Mais, dans le même temps, inconsciemment, elles me poussent vers la vitesse et m’entraînent de plus en plus loin de moi. Les deux pieds sur terre, en marchant, je peux alors retrouver un peu du sens de la vie, du sens de ma vie.

Car marcher a toujours un (des ?) sens – même si l’un de ces sens ne serait que d’aller d’un point à un autre. Et je marche aussi, in fine, pour mieux (me) comprendre, pour ne pas perdre pied.

Marcher, c’est encore et surtout retrouver les rythmes naturels – animal, social… – de mon corps, c’est (re-) trouver ma "nature" profonde.

Et marcher, c’est gratuit et à la portée de tou-te-s.

Ce dossier de Silence explore différents aspects de cet acte, vieux comme l’humain et l’humanité : la marche dans la nature comme "détente-santé", la marche comme action militante ou politique, la marche comme recherche personnelle et relationnelle, la marche en ville… – lesquels aspects s’entremêlent le plus souvent.

Car l’intérêt de la marche n’est finalement pas tant le but que le chemin(ement) lui-même.

Bonne déambulation dans ce dossier !

Jean-Pierre Lepri

22Fév/11Off

Prométhée réenchaîné [Bernard Charbonneau]

Depuis que ce livre fut écrit vers 1960-1970, les temps ont une fois de plus changé. Le mur qui séparait notre monde en deux hémisphères Est-Ouest s’est écroulé. Et la révolte semble maintenant avoir perdu l’espoir de la. révolution qui ferait triompher toute la liberté, pour tous, sur Terre. Prométhée perdrait-il ses illusions ? Ne serait-il pas quelque part entre mer Noire et Caspienne de Caucase, où Zeus l’aurait hier enchaîné ? Prométhée se retrouve non pas libre mais seul sur Terre, où, pour tuer le temps, "il trafique et bricole atomes et gènes". Et faute de mieux, hanté par son vieux mythe, il se fabrique un Caucase de carton-pâte sur lequel il se hisse, lance ses pétards et gesticule pour s’épater lui-même. Zeus n’est plus à Rome ni à Moscou. Il s’est absenté, bien au-delà de notre banlieue galactique, derrière la courbure de l’univers, au-delà du temps et du big-bang originel... Rien d’autre qu’une scène au décor peint où Prométhée vainement s’agite. Rien d’autre qu’un ciel vide où, à des milliards d’années-lumière, brillent des atomes chimiques... Rien... que du fer, du silicium... Nul sens, les innombrables et invisibles tentacules d’une nécessité ou d’un hasard innommables, dont la conscience se révèle captive de toutes parts. Rien de vrai, donc de faux ; seulement des chaînes. Le bloc d’un néant où la liberté est pétrifiée. Seulement le fait, dénombré, quantifié : la science... Même plus de vautour... Zeus s’est absenté, reste sa foudre.

22Fév/11Off

Objectif décroissance

La crise écologique est avant tout le révélateur de l’impasse politique, culturelle, philosophique et spirituelle dans laquelle s’enfonce notre civilisation. La guerre que livrent nos sociétés « modernes » à la Terre est le reflet de la guerre que livre l’humain des pays riches à sa conscience. Conditionné par l’idéologie de consommation, prisonnier d’une foi aveugle en la science, notre monde cherche une réponse qui ne contrarierait pas son désir exponentiel d’objets et de services, tout en ayant bonne conscience. Le concept éthique de « développement durable » a répondu à point à cette attente. Ce terme doit désormais rejoindre sa place, c’est-à-dire le rayon des tartes à la crème. Chaque fois que nous apportons une réponse inadaptée à un problème, nous l’amplifions globalement, même si nous avons l’illusion de le soulager sur l’instant. Si les solutions techniques sont importantes, notre devoir est de les conditionner à nos choix démocratiques. La décroissance soutenable et conviviale ne permet pas de tricher. Elle nous impose de regarder la réalité en face, et d’exister dans toutes nos dimensions pour avoir la capacité d’affronter le réel et de traiter les problèmes. Face aux discours mortifères de marchandisation du monde, de bestialisation de nos existences et de soumission aux idéologies dominantes, notre planète nous renvoie continuellement à une réflexion sur notre condition humaine.
Paul Ariès • Michel Bernard • Mauro Bonaïuti • Marie-Andrée Brémond • Denis Cheynet • Vincent Cheynet • Bruno Clémentin • Georges Didier • Fabrice Flipo • Bernard Ginisty • Jacques Grinevald • Willem Hoogendijk • Serge Latouche • Philippe Lempp • Michel Lulek • Serge Mongeau • Helena Norberg-Hodge • Madeleine Nutchey • Michel Ots • Sylviane Poulenard • Pierre Rabhi • Sabine Rabourdin • François de Ravignan • François Schneider • François Terris •

21Fév/11Off

De la surconsommation vers la décroissance

Commençons par une présentation générale en quelques chiffres sur la première des consommations indispensable à la vie : la consommation alimentaire.

  • Sur 100 personnes qui ont faim, 80 sont des ruraux et 20 vivent en ville.
    La Terre compte 6,5 milliards d’habitants. Elle peut en nourrir 12 milliards.
  • Chaque jour, 17 000 enfants de moins de 5 ans meurent de maladies liées à la malnutrition.
  • En 40 ans, le cours du riz a chuté de 40 %.
  • Plus de 2,5 millions de français ont recours à l’aide alimentaire.
  • le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde en 2010, est de 925 millions d'individus selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Si nous pouvons nourrir 12 milliards de gens, que nous sommes 6,5 milliards et que 925 millions souffrent de la faim, qui mange l'excédant? La surconsommation. Si 17000 enfants de moins de 5 ans meurent de maladies liées à la malnutrition chaque jour, la surconsommation est la nouvelle arme du plus grand crime contre l'humanité tuant 6 millions d'enfant chaque année. Hormis le grand malheur provoqué par notre surconsommation de denrée alimentaire, qu'est la mort dut à la faim de personne dormant sous nos ponts, ou à 3 000km, le plus absurde avec la surconsommation c'est qu'elle condamne notre santé et la santé de notre planète. D’après Louis-Gilles Francoeur journaliste spécialisé en environnement au quotidien Le Devoir : « Soixante pour cent des écosystèmes dont nous dépendons sont en déclin ou en état de stress extrême : nous vivons dans un système de développement économique pas très endurable ».

La santé de la planète et directement impactée par le système de croissance économique et la consommation de masse qu'il met en place et encourage. La consommation et à fortiori la surconsommation est responsable du changement climatique, du dépérissement de la biodiversité, de la faim dans le monde, des tensions inter-communautaires, et de tant d'autres maux, et au bout du bout de tout : du déclin de nous et de tous ce à quoi nous sommes attachés.

Louis-Gilles Francoeur renchéri  par : « On évalue que 75 % des stocks de poissons dans le monde sont exploités au maximum, tandis que la capacité de pêche dépasse de 250 % le potentiel des mers ». Même le plus riche et le plus grand écosystème, berceau de la vie, que l'on croyais inébranlable il y à 20 ans, subit le choc de notre surconsommation. « Les terres cultivées exigent déjà près de 80 % des prélèvements d’eau effectués par les humains sur la planète et, d’ici 2050, cette proportion sera de 90 %. » ce qui accélèrera les pénuries en eau potable.

Dix ans pour agir,dès maintenant gérer la décroissance.

Louis-Gilles Francoeur avance que l’humanité a dix ans pour agir. « Après, on atteindra le seuil d’irréversibilité, où les phénomènes de réchauffement vont s’entretenir et s’engendrer par eux-mêmes, au-delà de tout contrôle possible par les humains. »

Le réchauffement climatique est déjà responsable de l’extinction de certaines espèces animales et végétales, et le rythme pourrait s’accentuer. « Toute extinction prive les humains d’un capital génétique essentiel pour la pharmacologie, la médecine, les biotechnologies et notre alimentation », fait remarquer M. Francoeur.

Selon lui, il faudrait s’attaquer dès maintenant à gérer la décroissance. « C’est un sujet tabou chez les économistes, mais nous devons le faire globalement et rapidement; sinon, nous subirons un appauvrissement collectif qui nous mènera aux points de rupture », avertit-il. L'inconscience collective sait qu'il y aura un point de non retour, et nous jouons encore avec la date, demain, dans 10 ans, 50 ans, pour ce mettre en marche. Personne ne pourra dire la date du point de non retour, mais nous jouons la montre en nous lovant dans l'abondance précaire. Imaginons que la date était hier, que ferons nous? Irons nous droit dans le mur en profitant au maximum, ou essaierons nous de tout faire pour en réchapper? La problématique pour mettre en route le mouvement vers la décroissance, c'est la prise de conscience, l'information, les solutions alternatives.

La simplicité volontaire : la solution?

C’est ce que croit aussi Louis Chauvin, professeur de la gestion d’éthique à l’Université McGill et adepte de la simplicité volontaire.

« Être durable, c’est vivre sur les intérêts et préserver son capital : dans le cas présent, notre capital, c’est la Terre et nous l’avons déjà pas mal amputé », a-t-il lancé.

Selon lui, le système économique dominant ne tient pas compte du passif qui résulte de la surconsommation. « Notre actif premier, la planète, se détériore et, ironiquement, le ralentissement actuel de la consommation représente une bonne nouvelle! »

Membre du conseil d’administration du Réseau québécois pour la simplicité volontaire, Louis Chauvin convient que l’idée de consommer moins n’est pas – encore – très populaire.

C’est parce qu’on associerait - à tort - consommation et bonheur. Selon lui, le bonheur est un état d’esprit qui vient de l’intérieur et requiert une introspection, tandis que le plaisir vient de l’extérieur et fonctionne selon les mêmes principes que la dépendance aux drogues.

« Ça en prend toujours plus et on n’est jamais rassasié, conclut-il. La simplicité volontaire vient mettre un frein au tapis hédonique sur lequel on fait du surplace. »

Source : rapport à l'ONU de Jean Ziegler, Martin LaSalle – PasseportSanté.net